Cette fin d'année 2013 sera définitivement celle de Forest Whitaker. Après s'être détendu dans Le dernier rempart, il mettra quelques claques à la populace dans l'édulcoré pour les oscars Le majordome, et nous offre un polar des plus intenses avec Zulu. Que demander de plus ?
Pas grand chose, en réalité, le film de Jérôme Salle ne fait pas que tenir ses promesses, il les surpasse, nous offrant un grand et excellent moment de cinéma. Le réalisateur des deux Largo Winch nous offre un polar sur l'apartheid froid, violent, terriblement réaliste et attractif, que l'on pourra immédiatement ranger aux côtés des immenses French Connection, Mississippi burning...
Suite à une série de morts étranges, des inspecteurs aux méthodes différentes vont découvrir un traffic d'une drogue nouvelle, semblable au premier abord au tik (encore peu connue par chez nous, et on ne s'en plaindra pas), qui pousse à la folie meurtrière et à l'auto-destruction. Inutile de dire que le public se doit d'être averti, et que beaucoup de scènes, d'images, sont peu supportables. Nous allons donc remonter progressivement la chaîne à travers les deux personnages, aux caractères travaillés et qui oscillent leur opinion entre justice et vengeance personnelle.
Et c'est surtout là la force du film, ses personnages. Tous travaillés, on en apprend sur eux, on s'y attache, et nous efforçons de les comprendre à travers un contexte détaillé, surtout au vus des horizons desquels ils viennent. Le choix d'Orlando Bloom, qui pouvait sembler bancal, est au final un cadeau tombé du ciel tant l'acteur prend le coeur à rôle et donne, à ce jour et surement pour très longtemps, sa meilleure prestation.
Zulu se fait le procès d'un barbarisme évident dans une contrée du monde encore en proie à des choses que l'on préfère évincer. Il le fait intelligemment, en n'oubliant pas sa condition de "fiction", et c'est tant mieux. Probablement le meilleur film jusqu'à l'année prochaine, replions nos plûmes pour les fêtes.