999, pour faire plus court, c'est un vrai grand moment de jeu vidéo. C'est un roman, mais :
- Interactif, donc on est à fond dedans
- Avec des énigmes, donc c'est ludique
- Avec des fins multiples, chose plus difficile à rendre dans un livre.
En somme, le média vidéoludique montre à quel point il peut apporter en termes d'immersion par rapport aux médias plus "classiques" !
*********** A PARTIR D'ICI, C'EST SPOILER SUR SPOILER ***********
*********** FUYEZ SI VOUS N'AVEZ PAS TERMINE LE JEU ***********
999 est passionnant de bout en bout. La première partie est intéressante mais BIM : elle finit abruptement par un coup de couteau dans le dos. Et là on se dit que ça ne rigole pas. Alors on recommence, et on se fait trucider à la hache par une fille qui est devenue folle. Alors on recommence et cette fois-ci tout le monde crève (pire fin ever). Mais au cours de chaque partie, le caractère des personnages est un peu plus dévoilé, et on est préparé mentalement à la fin numéro 4, celle où quelques réponses sont enfin apportées, où on comprend enfin le rôle de Ace et ce qu'il en est de Snake. Cela dit, on ne peut pas encore appeler ça une bonne fin. La cinquième et dernière se chargera de nous souffler littéralement ! Là : tout s'explique (ou presque, j'y reviendrai). Le côté un peu fantastique est élégamment amené, et cette impression que toutes les pièces se mettent en place est vraiment grisante. On sent que les scénaristes ont cherché à ce que tout colle au mieux ! On aurait aimé qu'ils soient embauchés par interim pour rafistoler le scénario de Lost.
Honnêtement, au final, tout se tient. J'y crois. Les comportements de Numéro 9 et de Ace sont expliqués, on comprend qui est le Capitaine, les relations entre tous les personnages sont claires, on a intégré les principes de télépathie et de "télétemporation" et du coup les motivations de Zéro sont claires. Empêcher un paradoxe temporel, c'est quand même pas rien ! On en apprend aussi plus sur le "bateau" dans lequel on évolue et sur les "détonateurs" que l'on porte en poignet. J'avoue avoir été surpris ! A de nombreuses reprises. En fait il y a un seul truc qui me semble "clocher", c'est le problème des "super acteurs". C'est assez commun dans les oeuvres à twist, mais là c'est encore plus manifeste que d'habitude puisque :
- June a joué la comédie tout du long
- Santa a joué la comédie tout du long
- Ace a joué la comédie pendant très longtemps
- Snake a pas mal joué la comédie, même si on peut supposer qu'il n'était pas au courant du complot général (il avait une menace de Zéro dans sa poche et il n'aurait pas accepté de faire croire à Clover qu'il était mort).
- Seven a soit joué la comédie tout du long, soit a souffert d'une véritable amnésie non expliquée et très opportune.
Bref, pour que l'histoire tienne en place, il faut impérativement qu'il y ait pas mal d'acteurs parmi les joueurs du nonary game, et ils ont intérêt à être crédible ! Et pour que plus de 50% du cast soit crédible, ça requiert paradoxalement que le scénario global, lui, y perde un peu, en crédibilité. Et à la limite, on se dit : pourquoi ne pas mettre QUE des acteurs ? Pourquoi ne pas expliquer à Clover ce qu'il se passe pour éviter qu'elle ne devienne folle, et pourquoi ne pas mettre au jus Lotus ? Tant qu'à faire... Du coup, rétrospectivement, on va avoir tendance à remettre toutes les phrases des "acteurs" en question ("pourquoi il m'a aidé ici", ou "pourquoi il m'a parlé de Ace"...), mais admettons. Après tout c'est un postulat de base, et on pourra aussi arguer que Zéro avait "vu" que ça se passerait bien. Donc elle ne prenait pas de risque à jeter des amis et leur famille (Clover) aux côtés d'un assassin psychopathe. N'empêche il y a des réalités alternatives où ça finit salement.
Mis à part ça, l'histoire est vraiment accrocheuse et ambitieuse. Les énigmes sont sympathiques et les phases "romancées" et les dialogues sont passionnants et bien écrits, pourvu qu'on aime lire. Enfin, la musique est un peu space mais met bien dans l'ambiance !
Bref c'est un jeu que je vais à coup sûr recommander autour de moi, car il montre bien que le jeu vidéo peut prendre bien des formes et véhiculer à sa manière des émotions et des histoires très fortes. En dépit des "plot holes", on ressort convaincus par l'histoire, et très attachés aux personnages ; et ça c'est déjà une performance en soi !
Je suis juste un peu triste parce que j'ai lu quelque part que "toute sa vie, Junpei allait courir après Akane sans jamais la rattraper", alors que leur potentiel mignon était quand même assez grand (malgré son côté froid et manipulateur, Kanny avait vraiment de l'affection pour Junpey, c'est évident). Je me lancerai donc avec plaisir dans la "suite", Virtue's Last Reward, et j'espère y trouver un approfondissement de leur "relation" (ou au moins des explications satisfaisantes sur l'absence de celle-ci) !
A vos DS !