Le Vn autant le dire tout de suite je n’y connais rien. Ce mélange hybride entre bouquin et Jv m’a toujours attiré néanmoins, étant toujours plus à cheval sur le script que sur autre chose dans un jeu vidéo.
Alors bon plutôt que de commencer par d’obscures productions japonaises des limbes de l’internet, autant commencer par ce jeu au nom pour le moins étrange qui traîne depuis plus d’un an sur l’étagère poussiéreuse de mon magasin de jv du coin.
Une fois 999 allumé et passé le sobre écran d’accueil il faut immédiatement s’habituer dans un premier temps à la narration, sur l’écran du haut les textes et sur l’écran du bas les pensées du personnage principal, simple et efficace on commence donc perdu dans une cabine d’un bateau dont tout indique qu’il est en train de couler.
Le jeu nous présente vite fait les 8 autres protagonistes, crédibles car sorti d’une production japonaise. Comment expliquer autrement cette rouquine à la chevelure farfelue, cette aveugle habillé à la mode du XVIII ème siècle ou encore cette danseuse à moitié nue, ce qui accentue à contrario les clichés que sont les autres personnages. La « racaille » japonaise, la meilleure amie d’enfance du héro, le gros bourrin au grand cœur, le fonctionnaire mesquin, le badass grisonnant et notre héro qui est tellement neutre et oubliable que s’en est un peu triste.
Si malgré tout j’aime bien leur design, je trouve la plupart du temps leurs interactions assez pauvres, hormis un ils ne semblent pas plus troublé que ça par l’éventualité de mourir noyé, alors certes leur background justifie parfois bien que mal cela mais j’ai du mal à croire que même avec toute la maîtrise de soi du monde on soit capable de rester aussi neutre devant l’éventualité de passer l’arme à gauche d’une manière aussi déplaisante que la noyade.
Nos warriors du dimanche se mettent donc vite à réfléchir à leurs options pour se tirer de cette épave et le lecteur quand à lui cherchera si possible à comprendre pourquoi tout ce bordel existe.
Niveau ambiance disons le tout de suite, ça ne fais jamais peur. Vous avez vu Cube ? C’est à peu près aussi effrayant. Dans 999 on a toujours le temps de résoudre les énigmes le temps ralentissant ou accélérant en fonction des besoins de l’histoire, rien n’est foncièrement glauque (un cadavre de ci de là les séries policières de France 2 font mieux) et tout le monde adore discuter comme un dimanche matin autour d’une tasse de café. (Bon écoutez les mecs, on va peut être mourir dans neuf heures parce qu’un crétin nous a enlevé alors putain les blagues et les discussions métaphysiques sur la télépathie ça parait un brin déplacé.)
Néanmoins les bruitages et la musique font bien le job et arrivent à mettre en place un minimum de stress, notamment ce bruitage suraigü des grandes découvertes qui a tendance à bien réveiller le lecteur qui avouons le somnole par moment.
Mais tous ces dialogues abscons ont au moins un point positif, on se demande constamment ce qu’on fout dans cette galère (c’était voulu) parce qu’aucune des histoires qu’on nous raconte ne fait sens : la télépathie ? Des cristaux qui se découvrent tout seul un nouvel équilibre chimique ? De la glace qui ne fond pas à 0 degré ?
Que vous ayez des notions de science ou pas, vous vous demanderez quand même un bon bout de temps ou tout cela veut en venir, surtout parce qu’aucune fin sauf les deux plus intéressantes ne vous apprennent rien sur l’histoire. (Ces fins non canon sont d’ailleurs assez mal justifiées pour la plupart elles apparaissent presque un peu forcée dans le genre : On a besoin d’une mauvaise fin, tuons tout le monde ! )
Et je vous assure que c’est terriblement frustrant de se retrouver au bout de la troisième run devant une énième fin qui ne vous lâche même pas la moindre information, zéro (le kidnappeur) n’a franchement rien de sadique comparé aux développeurs.
D’autant plus que le jeu ne proposant pas de système pour sauter directement les passages déjà vu, chaque run devient rapidement un exercice de plus en plus agaçant, heureusement que les énigmes sont très faciles à refaire (et à faire ).
Pour l’histoire en elle-même et bien sans rien en dire elle est plutôt bien fichue quand elle se lance, même si elle souffre de l’écriture du titre qui est correcte sans être exceptionnelle et de la platitude de la plupart des personnages. Elle vous laisse néanmoins suffisamment sur votre faim pour vouloir jouer au jeu suivant décidément une manie des développeurs.
Bon voilà pour la partie « critique » maintenant je compte bien spoiler un peu pour me plaindre un peu ou parler de choses qui m’ont plu, alors vous avez compris vous ? Oui vous les faibles les gens qui n’ont pas fait le jeu, fuyez.
(Et jouez y, ca vaut suffisamment le détour dans la forme, et l’histoire se laisse lire sans déplaisir particulier si vous suivez un walkthrough )
[SPOILERS]
Bon parlons peu, parlons bien. Si le jeu est resté une expérience plaisante, je le trouve loin d’être le nirvana scénaristique auquel j’aurai pu m’attendre.
J’ai notamment été très déçu du traitement du personnage d’Ace dans la Safe et la True Ending, sachant qu’il a toujours été le seul personnage à éveiller mon intérêt avec Snake ( Et clover dans la axe ending mais cette fin là est particulièrement drôle).
En effet pourquoi faire de lui un personnage capable à la fois de leadership bienveillant et d’une froide logique meurtrière si c’est pour le décrédibiliser comme un vulgaire méchant à la fin des deux ? Je trouve qu’ils ont raté un moyen de faire faire une sortie honorable au personnage, d’autant plus que même manipulé il ne semble jamais tellement troublé par les évènements.
Je trouve vraiment dommage qu’ils n’aient pas cherché à aller plus loin dans la personnalité des personnages, zut on a une mère de famille troublée, un doublé de frère et sœur, un amnésique et un individu souffrant d’une pathologie psychiatrique rare. Y’avait quand même moyen de faire mieux que ça quand même ! Je ne demande pas que chaque personnage soit un psychopathe en puissance mais qu’ils soient au moins un tout petit peu moins neutre tout au long de l’histoire, certes c’est un exercice difficile quand on a pour parti pris de voir tout le jeu par le paradigme d’un seul personnage mais ça aurait quand même beaucoup apporté à l’ambiance et à l’univers du jeu.
Néanmoins, Chapeau bas pour l’idée de la Prosopagnosie ( Woah j’arrive à l’écrire d’un seul coup maintenant ), je n’en avais jamais entendu parler et cela donne un aspect très intéressant à Ace . Aspect d’autant plus mal utilisé par son traitement dans chacune des fins. Et puis bon sérieusement il est Pdg d’un groupe pharmaceutique gigantesque, qu’on le revoit ou pas dans la suite je doute qu’il reste prisonnier bien longtemps.
Amusante aussi l’idée que le jeu ne soit en réalité en rien mortel (hormis l’incinérateur bien sur) s’il était joué dans les règles de l’art, du coup l’idée du piège fonctionne très bien sur cette base.
Pour finir donc je suis un peu mitigé sur le jeu, sur la forme j’ai peu à dire, mais sur le fond je le trouve bien moins bétonné que ce que j’aurai pu croire en premier lieu. Je tenterai quand même le second qui semble il surpasse son ainé.