Ayant été très moyennement convaincu par le premier Alan Wake – que j’ai découvert il y a trois ans dans sa version Remastered - un jeu d’action/épouvante un peu répétitif et un chouilla trop grandiloquant et premier degré, j’ai quand même décidé de donner une chance à sa suite, encensée par la critique lors de sa sortie il y a un an.
Après avoir fini le jeu, je ne peux qu’acquiescer sur un point sur lequel le jeu a fait l’unanimité : oui, Alan Wake II est bel et bien un pur chef d’œuvre artistique. Je n’ai jamais joué à un jeu d’horreur aussi bien réalisé. Les environnements sont soignés et inspirés, les couleurs toujours bien choisies. La mise en scène est folle, et comporte quelques surprises marquantes. Le mélange entre animation 3D et prise de vue réelle est bluffant de maitrise, un travail titanesque. La bande-son, elle, est parfaite : l’ambiance sonore est exceptionnelle, les bruitages sont très travaillés, les musiques sont cool (dommage seulement que la synchronisation de la VF soit un peu bâclée, d’autant plus que les doubleurs ont bien fait leur job). Une véritable leçon de ce à quoi doit ressembler un vrai jeu vidéo d’horreur ! C’est vraiment cette ambiance très travaillée qui représente tout l’intérêt du jeu. Parce qu’à côté de ça, Alan Wake II est quand même très inconsistant, c’est le moins qu’on puisse dire.
Je ne sais même pas par quoi commencer tellement la liste de défaut est longue. Déjà, le rythme de l’aventure est quand même en dent de scie, et le jeu est parfois un peu trop étiré pour rien. Le level-design est très inégal : certains passages, notamment l’exploration de la maison de retraite et du centre de soin, m’ont beaucoup plu, mais j’ai eu bien plus de mal avec certains niveaux du côté d’Alan, et en particulier les passages avec les alternances de lumière ou les changements de scène, où la progression se fait le plus souvent au pifomètre. Le cheminement dans les zones forestière est également très compliqué, surtout la nuit. Les combats sont heureusement moins envahissants et lassants que dans le premier volet, mais les ennemis sont souvent trop difficiles à distinguer ou à éviter, et ce ne sont certainement pas les phases d’action qui m’ont le plus accroché ici. Les phases d’enquêtes avec Saga, qui consistent principalement à collecter des indices, accrocher des photos sur un mur d’enquête et lancer des cinématiques de « profilage », sont hélas d’un intérêt trop limité – même les enquêtes de Détective Pikachu ont plus mis mes neurones à contribution – mais bon, au moins, elles sont quand même bien mises en scène. L’aventure comporte aussi quelques énigmes bienvenues, dont beaucoup d’optionnelles, avec des codes de cadenas à retrouver ou des messages à déchiffrer, mais elles sont hélas trop peu nombreuses et moins bonnes que celles d’un bon Resident Evil ou Silent Hill.
Enfin, le plus gros reproche que je ferais à ce Alan Wake II, c’est son scénario totalement abscons. Il y a bien quelques éléments intéressants auquel j’ai pu me raccrocher – en particulier l’histoire sur la secte, ou sur le (faux) passé de Saga – mais globalement ce n’est que du WTF incompréhensible de bout en bout. Je n’ai absolument rien compris à tout ce qui est arrivé à Alan, ni de ce que voulait le grand méchant de l’histoire, ni d’où il venait, ni de ce que c’est que ce délire d’"Antre Noire", de ce qui était dans la "réalité" ou pas, du rôle de Casey, de la situation finale, etc... C’est dommage car pour un jeu qui mise autant sur son ambiance et sa mise en scène, une histoire plus limpide aurait été plus appropriée.
Je sors donc de Alan Wake II avec une impression mitigée, à la fois ravi d’avoir découvert un jeu avec un tel niveau de réalisation et une ambiance horrifique des plus marquante, mais également le sentiment de m’être un peu fait balader pendant plus de seize heures dans un grand foutoir scénaristique en n’ayant pas fait grand-chose de très intéressant d’un point de vue ludique.