Maudit Alien, Ripley maudite
Un son parfait :
Le son, est incroyablement bien géré dans ce jeu, les devs ne se s'y sont pas trompés, il fait partie intégrante du gameplay. Il fourmille de détails subtils, d'une palette d'effets impressionnante, allant des mouvements de votre tête faisant plier vos vêtements, aux bruits les plus sourds et caverneux du vaisseau, se confondant perversement avec les bruits de l'Alien. La spacialisation est bien rendue, vous permettant de localiser comme il faut les éléments autour de vous. J'ai fini par abandonner quasiment le détecteur de mouvements (qui trahi votre position assez rapidement à cause de son bruit assez fort) pour me concentrer sur les sons autour de moi.
La musique n'est pas en reste, reprenant les thèmes du film de manière élégante et subtile, en y apportant une modernisation des plus appréciables. Je me suis pris à imaginer une version du jeu où l'on aurait un micro et où l'Alien pourrait entendre vos propres jurons, votre propre respiration etc... Car j'ai beaucoup juré, et il aurait été encore plus cool que l'Alien puisse me repérer à cause de ma perte de sang froid dans la vraie vie.
Une immersion de qualité :
Je ne me suis jamais senti immergé aussi bien dans un jeu depuis Stalker : Shadow of Chernobyl. Le moteur graphique assure, avec les éclairages les plus subtils que j'ai connu, (d'ailleurs eux même pleins de sons), des contrastes et des effets atmosphériques du plus bel effet, des effets de lentille élégants...
Cette immersion ne serait pas possible sans l'héritage du travail de Ron Cobb, designer du Nostromo dans Alien de R.Scott, et son obsession pour la fonctionnalité dans ce qu'il dessine. Mais quelques accrocs (des trucs originaux dessinés par The Creative Assembly) font ressembler certains passages à des moments de films de série B qui m'ont un peu déçu.
Les personnages passent globalement un peu moins bien que le reste, leur animation étant un peu molle, et leur rendu un peu trop "statue de cire".
Un script à la hauteur :
Le scénario est suffisamment crédible pour que je m'y sois accroché tout du long, avec quelques accrocs un peu gros.
C'est un sale jour pour Ripley, les événements ne lui pardonneront rien et on se sentira maudit tout le long du jeu tellement la malchance est présente. J'ai pesté contre ces coups du sort très fréquents qui vous mettent dans des situations très dangereuses alors que vous commenciez à reprendre espoir. Ceci est dur, mais ceci est bien, on obtient un jeu très exigeant et le dénouement n'en est que plus soulageant. J'avoue avoir été déçu par la fin, sans doute à cause de sa mise en scène un peu foirée, car dans le fond elle est assez cool.
Des moyens :
Le jeu n'est pas avare en moyens de se sortir de mauvaises situations, toutes les armes sont crédibles, mais l'Alien s'y fera très vite, il faudra donc les utiliser avec parcimonie. J'ai été soulagé en récupérant le lance flamme. Je me suis enfin senti invincible. Puis j'ai découvert qu'en 10 clics j'avais déjà vidé mon réservoir, mais aussi que l'Alien s'était adapté à mon nouvel outil. Jamais je n'ai eu la sensation de dominer l'Alien (enfin si, juste une fois en fait, en le flammant pour la première fois).
Grosses et petites bestioles
J'ai défié l'Alien, mais également des bugs, ou tout simplement quelques interactions un peu mal calibrées. (combien de fois ai-je pesté pour trouver où positionner la souris pour monter dans un conduit ou enclencher quelque chose?). C'est frustrant de mourir à cause d'un contrôle mal fait de notre personnage. Pourquoi est-il impossible de récupérer les armes de ses ennemis? Le jeu est ponctué de petits défauts de ce genre, qui ont fait baisser un peu le niveau de l'expérience selon moi.
Une expérience :
En tant que fan d'Alien, j'ai eu le jeu dont je rêvais depuis longtemps, et les quelques accrocs que j'ai cité plus haut ne suffisent pas à rendre ce jeu mauvais. Il est très exigeant, les éléments visités paraissent tentaculaires, la bête est mystérieuse et ce jeu rend parfaitement l'aspect Lovecraftien de l'oeuvre originale.
J'ai eu affaire là à mon plus grand kiff vidéo ludique depuis longtemps. Bravo.