Alpha Protocol, c'est au Jeux Video ce qu'un film de John Carpenter (période post 90) est au cinéma.
Un truc tellement cheap et improbable qu'il en devient dément.
Techniquement c'est laid.
Les visage sont lisses (on dirait que les textures de peau ont été frottée à l'éponge à vaisselle), les character design sont absurde (je veux bien admettre que les femme sont peu farouches dans les histoires d'espionnage... mais SIE pourrait faire un effort : tu te promènes pas avec une tenue pareille à Moscou en plein hivers)
Le gameplay est foireux : vous obtenez des pouvoir surhumain comme l'invisibilité complète OU le shield qui absorbe tous les dégats pendant un temps limités de quelques secondes. Dans un jeux d'action/infiltration qui se déroule dans les années 2000 je trouve ça un peu risible.
Mais l'écriture est complètement démente.
Vos intrigues d'espionnages vont vous lancer dans un gloubi boulga d'alliance et de confrontation entre des groupes paramilitaire, terroristes, mafieux (triades, mafia russe, mafia italienne), ou des agences de renseignement, de sécurité ou de cellule clandestine (G22) ou bureau d'espionnage ou de contre-espionnage... C'EST LE BORDEL, et c'est super marrant.
Faire copain-copain avec Albrecht en vue de la dernière mission... pour lui refaire le portrait à la fin est d'une jouissance sans pareil)
Techniquement vous pouvez vous allier avec tout le monde et trahir tout le monde et vous n'aurez pas du tout l'impression de faire un parcours absurde : l'écriture de Mike Thornton est sur ce point primordiale car elle nous fait comprendre quel potentiel petit salop notre espion pourrait être. Mike est divinement interprété (Josh Gilman) avec des répliques cultes à chaque dialogue. Foutre en l'air une alliance avec un homme politique russe juste pour le plaisir de l'insulter... Alpha Protocol vous donne cette opportunité.
C'est con mais c'est jouissif et les dialogues s'adaptent très bien pour justifier vos choix décisionnels (même les plus absurdes). Bref... c'est un bac à sable d'alliance. Vous pouvez faire ami avec un groupe comme Al Quaida, entretenir d'excellentes relations avec un agents Taiwanai infiltré dans la police secrète chinoise (si si) et coucher avec une journaliste (assassin à ses heures perdues) EN MEME TEMPS. Et à la fin... le clash de tout ça est saisissant. Tout pête.
Trahison à gogo, règlements de compte, rédemptions en veux-tu en voilà... et plus vos partenariats sont absconds, plus drôle est la fin.
Il n'y a que dans Witcher 2, les VRAIS Fallout (1, 2 et New Vegas) ou Deus Ex (1) que j'ai vu cet aspect aussi bien réussi et joussifs.
Ce "simulateur d'alliance" est tellement intéressant qu'il transforme un défaut apparent du jeu en qualité, à savoir sa durée de vie.
Alpha Protocol est un jeu très court pour jeu de rôle. Vous pouvez le torcher en moins de 10 heures. Mais comme il est impossible de voir toutes subtilités de l'histoire en un seul run, il conviendrait de refaire une partie en changeant deux/trois alliances... pour jouer à un jeu complètement différent.
Et le fait que le jeu soit court est justement une excellente invitation à rejouer une partie.
J'ai fini ce jeu trois fois.
A chaque fois le jeu était différent.
Vous pouvez vous prendre pour James Bond et coucher avec tout ce qui a un vagin dans ce jeu.
Vous pouvez vous prendre pour Ethan Hunt et sauver le monde toutes les 10 minutes.
Vous pouvez vous prendre pour Jason Bourne et vous mettre à dos toutes agences mondiales en même temps.
Vous pouvez vous prendre pour Jack Bauer en prenant tout très au sérieux et en liquidant tout ce qui sort de votre champ moral.
Vous pouvez vous prendre pour Hubert Bonisseur de La Bath en trollant la terre entière.
Vous pouvez vous prendre pour Roger Thornhill, un "Monsieur Tout le Monde" en profitant d'une imposture qui va vous permettre de jouer un super espion qui n'existe pas (la Mort Aux Trousses).
Quelque soit le modèle d'agent secret que vous avez toujours rêvé d'incarner, le jeu vous le permet et les dialogues suivent vos démarches.
Alpha Protocol est un très grand petit jeu qui montre que si l'idée de départ est bonne, vous vous amuserez comme des fous... même si le jeu est visuellement codé avec les pieds.