Tu peux zapper Contexte et Larian Studios si tu veux directement la critique du jeu.
CONTEXTE ?
-----------------------------------------------------------
Baldur's Gate II est très probablement mon jeu vidéo préféré et la découverte du premier a été une vraie claque pour moi. Même s'il y avait déjà certains jeux du genre qui pouvaient plus que rivaliser avec, je pense notamment à Fallout II et surtout Planescape Torment qui joue sur le même terrain (bon en même temps ce sont les mêmes créateurs) le premier a également été une claque. Ce sentiment de liberté, de choix qui va façonner ce qui va arriver, de sentir que nos pnj ont une histoire avant d'être avec nous, la multiplicité des races et des classes. Bref transposez les critiques positives faites sur ce BG III, décalquez le sur BG I et II et vous avez l'avis général, sauf une chose mais on y viendra !
Après avoir découvert ces claques du CRpg je ne me suis pas arrêté là et j'ai joué à Icewind Dale,Neverwinter Nights, Kotor etc. puis est arrivé l'époque de la saturation : le gamin passionné par tous ces jeux représentants la geekerie ultime a commencé à se lasser du style. Et même si je trouvais Dragon Age très intéressant je l'ai à peine fini, j'ai trouvé Witcher I trop lourdingue (et puis je n'avais pas encore eu l'amour pour cet univers) et seul Mass Effect a vraiment réveillé mon intérêt et reste à ce jour un de mes jeux préférés.
Puis un jour est arrivé "Pillars Of Eternity" : Grand fan de Kotor II j'étais plus que hypé par ce projet et cela ne m'a pas déçu. J'ai redécouvert toutes les sensations que je cherchais depuis Baldur's Gate II et puis c'était peu ou prou la même équipe que Planescape Torment ou Icewind Dale donc nous avons déjà eu un Baldur's Gate III 10 ans avant.
LARIAN STUDIOS
-----------------------------------------------------------------------------------------
Je n'étais pas totalement étranger à Larian Studios. J'avais déjà joué à Divine Divinity et si, même si j'en ai que peu de souvenirs, le jeu m'avait l'air toutefois bien sympathique. Ensuite les Divinity Original Sins je les ai trouvés ... ben je ne sais pas trop ... On sent une passion dans le travail, des graphismes corrects, des mécaniques et une liberté intéressantes mais il manquait un petit truc et le jeu devenait relativement répétitif. Quand j'ai donc appris que ce ne sera pas BioWare ou Obsidian mais bien Larian Studios qui ferait une suite à Baldur's Gate III j'ai eu relativement peur. Retrospectivement quand je vois le travail fait à Dragon Age : Veilgard je suis bien content que BioWare n'aie pas posé ne serais-ce qu'une seule ligne de code sur BG III
LA CRITIQUE :
--------------------------------------------------------------------------------------------
L'Early Access arrive et je suis directement conquis : les graphismes (pour du CRPG) sont très bons, le retour de la licence mais en D&D 5 (plus simple et accessible) est là, les choix ont vraiment l'air d'être impactant pour l'histoire, on annonce plus de 17000 fins, les personnages sont intéressants et je me suis surpris pour la première fois de ma vie à jouer à un Crpg sur manette et de pouvoir m'y retrouver :o . Ensuite vient le jeu qui ne fait que confirmer mon ressenti, j'avais décidé de ne faire que peu de sauvegardes et de la jouer le plus RP possible, si je rate une quête je la rate et si un choix me semble dommageable pour la suite je le fais et j'ai été conquis par le jeu. Puis j'ai commencé à réflechir :
- Les graphismes ... Oui c'est relativement beau et ça a dû être un travail colossal de doubler pour plus de réalisme toutes ces interactions mais en quoi était-ce plus compliqué que pour un Witcher III, Red Dead ou Cyberpunk ? La production design est au final relativement banale, on a du donjon, du camp de méchant, du camp de druides, de la forêt, des sphincters dégeu (loin d'un design à la Giger) et Baldur's Gate en soi est relativement banale.
- La liberté : Si nous jouons le jeu à 100% sans sauvegarde, la première partie semble donner un choix incalculable mais au final on arrive toujours plus ou moins à la même chose. Le jeu est plus restrictif que généreux, si nous ratons une quête, certains jets importants ou quelques conversations nous avons tout simplement des quêtes qui ne sont pas débloquées, là où un Mass Effect changeait légèrement le scénario afin d'avoir une meilleure rejouabilité. Kotor II proposait beaucoup plus d'interactions intéressantes et de jeux d'influence (je pense notamment au personnage de Kreia), ici dés qu'on a assez joué nous savons exactement ce qu'il faut faire pour avoir tel personnage dans notre poche et à part débloquer leur quête perso (et encore tous les persos n'en ont pas une), il y a au final que peu d'interactions ou de changements ... Et puis la race, la classe et le background ... bof bof. à part ouvrir quelques lignes de dialogue qui la plupart du temps aboutissent au même résultat, il n'y a pas énormément de changements surtout au niveau background. D'ailleurs à ce niveau là le background n'a AUCUNE influence sur le jeu. Je sais que c'est le principe mais on est littéralement une page blanche avant de commencer l'histoire, personne ne te reconnait à un moment du jeu, tu n'as aucune attache avant celles que tu lances dans le jeu et évidemment tu pars d'un personnage lambda à un être capable de rivaliser avec des dieux. Je sais que c'est le RPG qui veut cela mais cherchez au moins une petite explication. Dans BG I on apprend que notre "géniteur" n'est pas celui qu'on croit, dans Kotor I on a un plot twist qui reste dans les meilleurs du jeu vidéo, dans Kotor II on est un ancien général Jedi vétéran de guerre. Là dans BG III on est juste ... ben euh quelqu'un. Qu'on soit un paladin blanc héros du peuple cliché ou un barde nain non binaire à la peau bleue ça ne change vraiment pas grand chose (même reproche que je faisais à Cyberpunk avec le choix entre Nomade, Gamin des rues ou Corpo).
Le meilleur exemple est : on peut accepter ou refuser un pouvoir relativement tôt dans le jeu, lors de ma première run j'ai catégoriquement refusé en pensant qu'il pourrait y avoir des conséquences. Et ben que dalle. Bref la liberté est souvent factice.
- Les mécaniques de combat : Dire qu'on s'ennuie ou que c'est chiant c'est comme préférer Call Of à Crusader King parce qu'il y a plus d'action, la critique n'est pas pertinente. Toutefois le "Mon dieu c'est du jamais vu on peut interagir avec le décor, et puis regarde le nombre de classes, les possibilités de combat sont infinies grâce aux classes, races, passif etc". C'est vrai mais pas beaucoup plus qu'il y a 25ans avec BG II. Et puis le fait de pouvoir rebuild notre personnage ET les PNJ plus ou moins quand on veut enlève le côté stratégie car on peut à tout moment préparer le combat pour avoir le meilleur build qu'on veut et les défauts inhérents à ce genre de jeux sont toujours là. Notamment le Pathfind qui est complètement aux fraises et on arrive vite à cliquer sur quelque chose dont on a pas envie simplement parce qu'on a fait ripper notre souris/controlleur.
- Le lore et l'immersion : L'acte I a plutôt une allure de quête secondaire (la défense de Targos dans Icewind Dale II est assez semblable sans le dilemme moral), l'acte II je me contrefoutais totalement de l'histoire du méchant pas beau (qui me fait penser à une version moins bien écrite qu'Olgierd Von Everec dans Heart Of Stone) et l'acte III ... mouais il faut vaincre des boss. On a jamais l'occasion de constater à quel point on est dans un monde immense et à moins de LIRE quelques bouquins dans le jeu on apprend rien sur les endroits dans lequels nous sommes. En quoi La porte de Baldur est si importante, les endroits au début s'appellent littéralement "bosquet des druides", "camp des gobelins", "camp des tieffelins". Et la continuité par rapport aux deux autres Baldur's Gate. D'accord on recroise certains personnages des deux premiers, mais déjà on en croise peu et de plus l'évolution est vraiment très moyenne et je me suis surpris à en avoir quasiment rien à faire alors qu'on reprend notamment un personnage iconique des deux premiers BG. En parlant des deux premiers BG, sur mes 4 runs (preuve que j'ai quand même aimé le jeu mais on y viendra) je n'ai vu qu'UNE SEULE référence à Baldur's Gate II, même le peu de personnages de ce même jeu n'y font même pas référence. Je comprends l'envie et le besoin de démocratiser l'histoire pour 85% des joueurs qui n'auront jamais joué au premiers mais quand même. Dans Witcher III on reprend une histoire après deux jeux vidéos et 7 livres et on ne sent pas perdu pour autant...
- La musique : Oui Down by the river est cool, Twisted Force III est intéressante et il y a UN combat de boss pour lequel la musique est vraiment exceptionnelle mais pour le reste sans être mauvais on est assez loin d'un Jeremy Soule pour Kotor et surtout Skyrim ou des compositeurs de W3 et Cyberpunk.
Alors si on en croit tout ce que je viens d'écrire, ce Baldur's Gate doit être une purge. Finalement non car je comprend les intentions de Larian Studios. Déjà ils ont démocratisé un style de jeu qui n'était plus joué depuis longtemps à part par un niche souvent PCiste et/ou geek à la limite du no-life. Le jeu malgré ses faiblesses de lore reste riche et on a pas l'impression qu'ils ont négligé une partie de map, les personnages secondaires ne sont pas les plus intéressants vu dans ce style de RPG mais l'acting (pour le coup exceptionnel) ainsi que leur quêtes donnent quand même un attachement à eux (contrairement à un Pillars Of Eternity dans lequel je me rappelle même pas des noms des pnj à part un qui a le même que mon beau-frère ...). Les combats sont certes longs mais on prend un plaisir jouissif et on ne voit pas le temps passer même quand le combat dure une heure entière. Le peu de bugs présents, du moins aucun d'handicapant et cela fait plaisir. Et puis même si cela ne fait pas partie du jeu l'histoire de Larian Studio fait plaisir à voir quand on voit le destin de BioWare, les productions à la chaîne d'EA Games, les problèmes de crunch de CDProjekt Red etc. Et puis pour la première fois je peux parler d'un de mes styles préférés du JV à beaucoup de personnes sans passer pour le "petit gros geek avec un cheveu sur la langue"
En bref si quelqu'un se perd à lire cette critique et ne veut pas tout lire : si tu n'es pas habitué au CRPG fonce ! Tu vas découvrir un univers passionnant qui n'attend que tu le découvres. Si par contre tu es habitué à ce type de jeu revois tes ambitions légèrement à la baisse et vois ce jeu pour ce qu'il est, c'est à dire un très bon jeu de rôle basé sur la licence D&D et le lore des Royaumes Oubliés mais qui ne révolutionne pas le genre. à part pour les joueurs manettes.