Baten Kaitos : La bouche bée et les larmes aux yeux
Retrospectivement, Baten Kaitos est un jeu qui a ses défauts : lenteur globale, le level-up d'avant la fin qui fait retomber quasiment tout l'intérêt pour l'histoire, le système de combat qui, au départ jouissif, devient long et fastidieux...
MAIS BORDEL QU'EST-CE QUE C'ÉTAIT BEAU.
Déjà, l'esthétique. Bon, alors, j'aime pas les phrases absolues et les hyperlatifs injustifiés, mais là, quand même : graphiquement, Baten Kaitos est le plus beau jeu de sa génération. Ca pète de partout, les couleurs sont harmonieuses, les décors envoutants nous aspirent dans l'écran (c'est ce jeu qui m'a, en quelque sorte, appris les vertus de la contemplation et à prendre son temps pour apprécier l'ambiance d'une oeuvre, c'est dire), même quand on sent tomber un peu dans le kitch, l'ambiance sauve tout. Parce que c'est même pas que technique : tout dans la narration est magnifique. Je me souviens de mes dix premières heures comme d'un déluge d'émotion et d'enjeux épiques (la pénétration dans le chateau du gouverneur de la première île en passant par un puis gardé par des petits vauriens, puis la poursuite en vaisseau et l'arrivée à l'île des nuages, au port des pécheurs qui baigne dans des nuages violets atrocement sublimes, aaaaargh), une telle maîtrise dans la narration, l'histoire prenante, à la fois mystérieuse et captivante...
Il y a tous les poncifs et les stéréotypes du RPG, mais ils sont montrés avec une telle grâce, une telle originalité aussi (oui c'est paradoxal mais j'emmerde la logique, car ce jeu dépasse l'entendement, ok?) que ça foutait les larmes aux yeux au gosse que j'étais.
Parenthèse : alors, oui, pour ceux que ça intéresse, je peux avoir les larmes aux yeux dans la pure contemplation d'un jeu vidéo. Alors, oui, certes, un peu au détriment de ma vie sociale.
Fermez la parenthèse.
Sauf pour ceux qui ne l'ont pas ouverte.
Et puis cette musique... rolala.
Ecouter l'atmosphere sinistre, envoutante, un peu sauvage, mais en même temps apaisante, de la première forêt dans le jeu, vous savez, celle juste à gauche sur la carte du premier village, le hameau des paysans là... si si si...
Alors, après, ça fait, à vue d'oeil, six ou sept ans. La magie n'opererait peut-être pas aussi bien maintenant. Mais quand même. Ce jeu est extraordinaire, et SPOILER ce revers scénaristique monumental qui implique deux des personnages centraux du jeu vers le milieu de l'aventure me fascine encore par son audace, que je qualifierais sans hésitation de brillante SPOILER ENDING.
Si quelqu'un, quelque part, est en possession de Baten Kaitos Origins, la suite jamais sortie en France mais qui serait, apparemment, improbablement GÉNIALE, et qui serait prêt à me le prêter, je pourrais lui offrir des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas, je couvrirai la terre jusqu'après ma mort pour couvrir son corps d'or et de lumière, je ferais un domaine où l'amour sera roi, où l'amour sera loi... et où il serait reine. Ou roi, selon le sexe. Mais reine, si possible. Gnéhé.