S’il peut m’arriver d’avoir la dent dure et une grille de notation souvent un peu plus sévère que la moyenne, j’ai la prétention de croire que j’arrive généralement à trouver du positif dans mes expériences, mêmes les décevantes. Ici l’exercice s’est avéré bien difficile tant le succès de ce jeu m’interroge et m’échappe en parti. Vous l’aurez compris, je n’ai vraiment pas aimé Black Myth Wukong.
On peut effectivement mettre ce succès insolent (20 millions de copies à l’heure où j’écris ces lignes !) sur le compte que BMW (l’acronyme le plus allemand pour un jeu chinois !) cible tout particulièrement le marché chinois en créant une suite à un des grands écrits littéraire de ce pays : La pérégrination vers l’Ouest . Pour cause, 70% des ventes semblent avoir été faites sur le sol Chinois. 14 Millions sur les 20. Ma grande capacité en mathématique me permet donc d’affirmer que c’est tout de même 6 millions de copies que le reste du monde s’est accaparé dans ces ventes. Mais pourquoi ???????? (8 points d’interrogation c’est très sérieux comme interrogation !)
On va évacuer tout de suite le contre-argument qui pourrait m’être rétorqué à un moment ou un autre : Non je n’ai pas fini le jeu. C’est rarissime car je m’impose quasi toujours de les finir. J’ai fait 3 chapitres sur 5 et c’était une putain de souffrance. Pas à cause de la difficulté, ça non j’en ai vu d’autres (je bombe le torse en le disant) mais à cause de l’ennui mortel que j’avais à chaque session. « Oui mais non le dernier chapitre est en monde ouvert tu l’as pas vu ». Je m’en fou et ça n’aurai RIEN changé.
Mais au fait Black Myth Wukong c’est quoi ? C’est un boss rush qui ne s’assume pas et qui s’est senti obligé de mettre quelques phases d’exploration pour faire du liant entre deux affrontements. Sauf que ces phases d’exploration elles sont nullissimes. Quelques mobs qui servent de chair à canon et qu’on tue en faisant toujours le même combo, on ouvre un coffre (oh tient la même animation que God of War) et on recommence jusqu’au prochain boss. Il n’y a aucune énigme environnementale, aucune interaction avec le décor, il n’y a pas de grimpette, pas de moteur à fouiller particulièrement…. Rien. Notre personnage a un petit saut mais vu que de toute façon tout est bloqué par des murs invisibles on ne s’en servira jamais.
Quand je lis que Black Myth Wukong est une sorte de God of War (reboot) j’ai envie de hurler. Ce n’est pas un fossé qu’il y a entre les deux, c’est carrément 7 océans entrecoupés de murailles de 179 pieds de haut avec une sentinelle postée tous les 2 mètres. Combo, exploration, narration, personnages, world building, mise en scène, direction artistique…. Il n’y a pas un seul point où GOW ne met pas 10-0 à ce BMW. Désolé je déteste les guéguerres de chapelles mais je déteste encore plus les comparaisons hasardeuses. Quand on pense que GOW Ragnarok s’est fait « un peu » bousculé à grand coup de « 1.5, pas assez démesuré etc… » Comment pardonner tout ces écueils à Black Myth Wukong ? Alors oui ici c’est leur premier gros jeu etc… Dans ce cas ne le comparons pas à des ténors à fortiori quand ces derniers n’ont ramassé qu’ingratitude en dépit d’un travail colossal.
Même le cœur du jeu, à savoir ses affrontements, m’ont déçu dans les grandes largeurs. Il y a un manque de feedback déstabilisant dans les coups que l’on porte à l’adversaire. Même chose à l’inverse, il n’est pas très facile de comprendre quand faire une esquive tant se faire toucher est parfois indicible visuellement/auditivement. Dommage car certains boss ont un bon design et se rapprochent parfois de vrais bons affrontements, mais ces quelques moments de grâce sont noyés dans une très grande majorité d’éléments ennuyeux ou bâclés. Moi j’aime la précision dans un jeu dont la difficulté en demande. Vous voulez que je me dépasse ? Donnez-moi un truc carré sans approximation.
La première impression n’était déjà pas engageante et aurait du m’alerter. Une intro à la Asura Wrath qui mise sur la démesure puis qui enchaine sur notre premier chapitre dans une forêt faite de couloirs. On incarne un singe qui maitrise des arts martiaux et qui potentiellement (suspense) serait la réincarnation de Sun Wukong mais dans une forêt on est bloqué par des arbres ? Un singe bloqué par des arbres ?! Répétez cette phrase trois fois vous allez voir… Les arbres ce n’est même pas le pire ennemi de ce game design d’un autre siècle. Le pire c’est les murs invisibles les plus disgracieux que j’ai vu depuis 10 ans au bas mot. Il y en a devant des sentiers qui t’invite pourtant à y aller. Ils sont devant des portes entrouvertes qui te hurlent qu’il y a quelque chose derrière, des chemins bloqués PARTOUT ET TOUT LE TEMPS te ramenant dans ce foutu couloir. Attend je regarde peut être j’ai mis la démo de P.T on sait pas ? ça expliquerait l’infini couloir…
D’ailleurs pour moi, BMW tend plutôt à se rapprocher d’un Nioh que tout autre chose. Il en reprend certains aspects tels que la collecte d’esprits d’ennemis mais la encore en beaucoup moins bien. Dans Nioh 2 par exemple, on pouvait les looter de façon aléatoire, puis fusionner les doublons pour les renfoncer, ils avaient une influence sur les stats etc… Bref un truc avec un minimum de profondeur. La c’est juste une attaque que l’on ajoute à notre arsenal, quelque chose de plus minimaliste (pourquoi pas ?) mais qui n’apporte pas grand-chose… Pareil pour le système de « Roc » qui nous permet de durcir pendant deux secondes pour effectuer une parade punitive ensuite. Mais quel dommage que le fait de réussir cette parade n’entraine pas un move particulier et visuellement gratifiant. Non ici ça stoppe juste le combo de l’ennemi et on repart pour un tour…
Artistiquement au niveau des décors c’est aussi assez affligeant. C’est le niveau zéro de l’Unreal Engine 5. Donc on va mettre de la végétation, du sable, de la neige… Mais sans vision artistique dans la construction des décors. Non toutes ces textures n’existent que pour habiller nos fameux couloirs. Alors on va te mettre une petite maison par ci, une statue par la quand même mais à aucun moment on regarde en se disant « Wahou, ce plan il est magnifique en terme de composition». Je sais pas avec un tel comte emprunt de magie il n’y avait pas moyen d’avoir un peu d’audace et de créativité ? Visiblement non.
Maintenant que j’ai pu m’y essayer (les 50€ les moins bien investit de mon année) Black Myth Wukong m’a tout l’air d’un hold up. Vendu sur la hype, montré sous tous les aspects gadgets de l’Unreal Engine 5 pour que les Jean-Kevin techos y aillent de leur plus beau « Wahouuuu c’est bo », mais pourtant terriblement creux à l’intérieur, archaïque dans sa construction, ennuyeux manette en main. Peut être qu’un jour je ferai ces deux derniers chapitres mais vu la longueur de mon backlog je pense que je me contenterai de ces 60% du jeu qui m’ont semblé être une perte de temps et d’argent. Du made in china dans le sens le plus péjoratif du terme, de l'outlet sorti d'usine, sans âme ni saveur, qui essaie vaguement de coller des trucs qui ont marchés ensemble. Ironiquement j’aurai enchainé mon meilleur jeu de l’année et le pire de tous, coup sur coup. Vous savez quoi ? Jouez à Nine Sols, c’est vraiment bien Nine Sols.