Lorsque des anciens de Lucas Arts, studio à l'origine de titres ayant donné ses lettres de noblesses au jeu d'aventure, décident de lancer un projet de crowdfunding pour tenter de faire revivre un genre à l'état quelque peu moribond (en dehors d'une poignée d'exceptions outre-Rhin et d'une « variante » initiée par Telltale misant davantage sur la narration et les scènes intenses au détriment de l'aspect ludique), le petit monde de l'industrie du jeu vidéo se retrouve secoué par un projet au succès retentissant, récoltant non seulement plus de huit fois la somme demandée, mais prouvant également que des studios créatifs peuvent aujourd'hui se passer d'un éditeur et créer autre chose que des produits calibrés et formatés. Un événement sans précédent qui inspirera bien d'autres studios.
Malheureusement, je n'ai pas du tout accroché à ce premier Acte... qu'il s'agisse de la direction artistique dominée par le pastel, des animations (délibérément ?) saccadées, ou encore, et surtout, du scénario et de l'univers de Broken Age. Car, plus que la patte graphique (qui reste réussie à mes yeux, c'est simplement pas ma tasse de thé), c'est surtout l'écriture qui m'a beaucoup déçu, en dehors de quelques passages sympathiques malheureusement compensés par des scènes s'inscrivant avec logique dans le quotidien répétitif du héros, mais n'étant pas moins frustrantes et énervantes pour autant. Quant à l'histoire elle-même... elle ne m'a pas du tout captivée, et j'ai accueilli la révélation de fin d'acte avec un haussement de sourcil amusé, tout au plus. Je n'y ai pas trouvé l'élément d'accroche, l'intrigue mystérieuse d'un Broken Sword ou d'un Gabriel Knight, le charme déjanté d'un Monkey Island, l'ambiance d'un The Raven, ou l'humour parodique d'un Book of Unwritten Tales. Les deux personnages que l'on contrôle à tour de rôle sont plutôt attachants... pour des raisons presque indissociables (l'un pour sa rébellion contre l'autorité, l'autre pour sa rébellion contre l'abrutissement général), et ce sont bien les seuls que j'ai retenu.
Habituellement, je n'aime pas comparer la qualité ou la durée de vie d'un jeu vidéo (4h pour le premier Acte...) avec le prix qu'il m'a coûté, mais je ne peux pas m'empêcher de comparer le résultat obtenu à son budget... qui a semble-t-il été englouti (ou injecté ailleurs...) au point que Double Fine ait dû attendre les ventes du premier Acte (ou plutôt, du jeu entier sur Steam...) pour pouvoir livrer le deuxième tronçon. J'ai donc décidé d'écrire une critique avant d'avoir totalement oublié Broken Age. Et cinq mois après une première annonce aussi nébuleuse que lointaine, on attend toujours la date de sortie.
Je ne sais pas si ça se voit, mais je me sens un peu niqué.