Jouer à un jeu d'aventure en coop... mais en solo : ça vous tente ? Brothers est fait pour vous.

Dans cette avalanche de jeux "poétiques en veux-tu/en voilà", qui misent à fond sur la philosophie du "Naaaan mais l'important, c'est pas le gameplay, c'est le voyage." , Brothers trouve sa propre patte malgré tout sur une idée de gameplay qui ne paie pas de mise. Sur la forme, on retrouve néanmoins l'essentiel des points indispensables pour tenter d'apporter de l'émotion au joueur : la perte d'un être cher (ici la mère), un ou des aventuriers à première vue fragiles (ici les deux frères) qui vont devoir remuer ciel et terre pour protéger une personne qui leur tient à cœur (ici le père). Je ne sais pas si je deviens un vieux c** avec l'expérience, mais ce type de formule censé apporter une boule de fraîcheur dans ce monde de jeux "Call of"-style à gogo devient presque commun dans le monde des des "petits" jeux, pour ne pas dire lassant. Si tu veux te démarquer du reste du lot, tu as intérêt à avoir une idée solide, ou un coup de génie. Coup de bol, Brothers arrive à se démarquer dans ce domaine.

Ok, mais alors quel est cette idée magique de gameplay ? Elle est toute bête : avoir une progression basée sur la coopération simultanée, mais avec un seul joueur. Ainsi, chaque frère que l'on contrôle se voit attribuer les touches d'une moitié de la manette. Le grand se contrôle avec le stick gauche, le petit avec le stick droit. Idem pour les gâchettes, utilisées pour faire des interactions.
Concrètement, cela se traduit par une progression où les deux frères doivent être en symbiose, aussi bien au niveau des déplacements qu'au niveau des actions. Les gâchettes permettent d'effectuer ces dernières automatiquement. Par exemple, en étant proche d'un levier, maintenir la gâchette fera bouger le personnage vers ce levier et le tourner. Devant une plateforme trop haute, le grand frère ira se positionner de lui-même pour préparer la courte échelle alors que le petit frère en profitera pour accéder à la plateforme. Ainsi, lorsqu'on veut les faire progresser, chaque partie du cerveau doit apprendre à être un minimum désynchronisé pour contrôler chaque personnage, mais pas trop pour agir de manière coordonnée.
Et c'est cette idée de gameplay qui joue sur la narration, l'aspect "émotion" (le mot favoris de l'année 2013). Cette coopération tout comme cette dépendance entre les deux frères se traduisent par l'effort que notre unique cerveau met à contrôler deux personnages en même temps. Ces deux dimensions qui sont misent en avant et à contribution tout au long de l'aventure, à essayer de progresser de manière synchrone dans les énigmes, à ne pas trop s'éloigner durant les déplacements... Cette identification au(x) personnage(s) se retrouve renforcée, à essayer d'arriver à ses fins, à ressentir la frustration de ne pas pouvoir progresser en l'absence du second protagoniste. Et croyez-moi, ce lien qui unie dorénavant vos deux mains ne cessera de se renforcer jusqu'à la toute fin.

Rajoutez à cela des décors pas dégueux, des bancs dispersées tout au long de l'aventure qui vous disent "Assis-toi et contemple moi ce superbe paysage" et une musique qui a son charge et vous avez votre dose de "jeu poétique à vous faire rêver". De même pour l'univers général, bien qu'il ne s'annonce pas aussi onirique que ça. Ne vous étonnez pas à ce que la magie de la fantaisie côtoie des scènes de morts parfois macabres. On n'est pas dans un monde de bisounours.
Un monde qui aurait mérité à être plus fouillé et narré. Durant tout le jeu, aucun texte ou dialogue compréhensible, cela via la présence d'une langue propre à Brothers. Toute la narration et l'histoire se content de manière implicite, et doivent être interprétées par le joueur. Les décors et le comportement des personnages parlent d'eux-même. Certains lieux vont feront aussi interrogés sur le passé, sur ce qui a bien pu se passer. Frustration pour ma part : aucun moyen d'en avoir la réponse. Seule votre propre imagination pourra satisfaire votre soif de savoir. Cependant, après réflexion, est-ce vraiment important ? La quête de nos deux frères ne doit-il pas rester l'élément central de l'histoire ? Avoir une part de mystère dans cet univers ne contribue-t-il pas à son charme ? À vous de voir.

Ah oui, et ça ne dure que 2h30. Donc à vous de voir si vous êtes prêt à dépenser 14h pour si peu. Maintenant, c'est typiquement le genre de jeux qui peuvent être un coup de cœur au point d'en oublier le prix.
TyTanne
7
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs jeux vidéo de 2013 et Les meilleurs jeux indépendants de 2013

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le 4 déc. 2013

Modifiée

le 29 déc. 2013

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TyTanne

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