The choice is yours. Or not. Oh whatever.
Aaah Stanley, Stanley. Comment vais-je aborder la critique de ton jeu tellement mind-fuck ? Je me le demande encore. Ça fait partie de ces expériences qui, à mes yeux, se savourent vraiment lorsqu'on n'en sait strictement rien, à peine le postulat de base, comme ce fut le cas pour moi. Donc, pour ceux qui veulent rester vierge de tout spoil, voici la version courte :
-----Version courte-----
The Stanley Parable est une expérience (à la jouabilité minime) basée sur le choix. Et pour peu que vous soyez un minimum curieux, à tenter de voir toutes les possibilités offertes, attendez vous à apprécier une narration (et un narrateur) qui fera pâlir de jalousie n'importe quel autre jeu qui se base sur cette structure. Bon, par contre, la formule ne marche réellement que pendant 2-3h. Au delà, allez voir le reste sur le net. Si vous arrivez à le trouver à moins de 10€, sautez vous dessus.
-----------------------------
Voilà. Bon ok, c'est un peu court comme avis, et je pense que 90% des gens assez curieux sur le jeu n'ont strictement rien appris de ce qu'ils ont pu entendre/lire ici et là. Et je doute que les plus septiques soient vraiment convaincus par ma piètre performance. Donc, permettez-moi d'étayer mes propos (sans vrai spoiler, mais j'explique un minimum le mécanisme de narration).
-----Version longue-----
The Stanley Parable est une expérience, à la jouabilité minime (avancer, interagir), basée sur le choix (je ne l'ai pas déjà dit ?). Ce principe a d'autant plus d'importance qu'elle est intimement liée à la narration, représentée par un narrateur. Ce dernier peut s'apparenter avec celui de Bastion : un personnage, avec ici un accent bien british, qui commente tout ce que le personnage fait et pense, explique certaines actions en fonction du contexte. Une différence notable est qu'il ne se contente pas de dire ce que l'on fait...mais aussi ce que l'on va (ou doit) faire. Et c'est là que le choix rentre en jeu. Libre à vous de faire ce que l'on vous dit (comme dans [Nom d'un jeu que je ne dirai pas car ce serait un méga-spoil]) ou non, le narrateur réagira en conséquence... et le plan de jeu aussi.
Au premier degré, la vraie qualité du jeu tient sur les choix, et notamment les conséquences. Que se passera-t-il si vous faites ce que le narrateur vous dit ? Si vous vous attardez à un endroit ? Si vous vous comportez d'une certaine manière ? Les possibilités gérées par le jeu surprennent, et on prend un malin plaisir à se demander jusqu'où les concepteurs du jeu sont allés (dans la drogue). C'est une expérience qui pousse vraiment à découvrir l'ensemble des branches narratives, à refaire/redémarrer le jeu plusieurs fois pour tester toutes les possibilités, amenant à chaque fois son lot de surprises, de WTF, et de petits détails dont on se demande comment ils ont pu y penser pendant la réalisation du jeu.
Le second degré réside évidemment dans toute la réflexion qui peut être faite, sur le choix (ou l'illusion de choix) dans le jeu vidéo, la liberté accordée au joueur, l'intérêt des scénarios à embranchement, à la place du narrateur, le brisage du quatrième mur... Bon, je ne suis pas le mieux placé pour en parler, il y a déjà masse d'articles sur le net qui en font une analyse intéressante sur le sujet. Toujours est-il que c'est un jeu qui peut vous faire réfléchir, qui peut vous faire interroger, pour peu que vous soyez un minimum ouvert à la réflexion. Et voir jusqu'où le jeu a prévu vos fourberies.
Maintenant, il y a un truc qui m'a gêné à la longue, propre à la structure narrative en arbre choisie par le jeu. La plupart des jeux à choix multiples (Heavy Rain, The Walking Dead, pour ne citer qu'eux) n'ont d'intérêt que s'ils ne sont joué qu'une seule fois. Ainsi, chacun a sa propre aventure, avec des événements que peut être lui-seul a vécu. Vient ensuite le partage et la discussion avec les joueurs pour comparer sa propre expérience aux autres.
The Stanley Parable est l'exact opposé. Dès le premier choix, l'envie de voir les conséquences de chacune des possibilités se fait sentir : on sait tout de suite que c'est un jeu qui faut refaire plusieurs fois, pour voir l'ensemble des possibilités (et limite on vous invite à le faire). Cet aspect rébarbatif du jeu à choix multiple ne se ressent pas (tout du suite), tellement The Stanley Parable nous emmène dans des trips complètement acidulés. À quel point qu'on se demande réellement ce qui se passe, où on se demande même à quel moment un embranchement a eu lieu, ou si on n'a pas déjà atteint le bout de la branche narrative. Cette illusion marche à merveille pendant grosso modo 2 heures de jeu. Au delà, on commence à avoir un regard plus analytique sur la structure de la narration, à comprendre plus ou moins les mécanismes qui déclenche les scripts. Et comme toute narration à embranchement, au bout d'un moment, refaire une n-ième fois le tronc de l'histoire juste pour voir le dernier bout de branche qui nous manque devient assez lassant. Donc un conseil : selon votre patience, inutile d'insister au delà de 3-4h et allez voir le reste sur le net.
Bon, je vais éviter d'en dire plus. Pas uniquement parce qu'il n'y a rien de plus à dire sans spoiler, mais parce qu'il s'agit d'une expérience qu'il faut vivre par soi-même. Chacun sa manière d'aborder le titre (bien que si on veut voir toutes les fins, il faudra forcément essayer toutes les manières de jouer), chacun sa manière d'interpréter les réactions du narrateur, les réflexions qu'on peut en faire...ou tout simplement se marrer face aux conséquences des choix. Et rien que pour ce dernier point, The Stanley Parable vaut la peine d'être joué.