Dans un futur plus ou moins lointain, la terre a vu l'émergence d'une mégapole tentaculaire nommée Nivalis. Dans cet enfer cyberpunk, rempli de cynisme et de néons, Rania, une jeune femme originaire de la "Péninsule Orientale" (comprendre: du moyen orient) débarque pour travailler afin de régler ses dettes à un omnipotent organisme bancaire. Son job : Coursière pour "Cloudpunk", une société de livraison flirtant avec la légalité. Cloudpunk (le jeu), vous propose de suivre Rania dans sa première nuit de travail, accompagnée de son IA de compagnie baptisée Camus, un chien artificiel dont l'esprit est désormais celui de votre voiture volante.
Tout au long de son aventure (comptez 10 heures à peu près), Rania devra livrer des objets et des personnes et sera amenée à en découvrir plus sur Nivalis, son fonctionnement et ses habitants. Et soyez assuré que ceci est absolument obligatoire.
De la première à la dernière seconde de jeu, Cloudpunk vous prend fermement par la main et vous demande de suivre votre marqueur de mission d'un point A à un point B. Malgré un décor magnifique en voxel, une Nivalis véritablement vivante et animée, Cloudpunk vous interdit de vous perdre. Certes, votre métier de coursier vient justifier ce choix de design, mais ce-dernier n'en reste pas moins une contrainte.
Pire, il souligne en réalité le manque d'interactivité de votre environnement. Pendant vos courses, vous entendrez fréquemment de la publicité ou des messages de sécurité, sans que ceux-là ne traduise une quelconque réalité de gameplay. Des courses clandestines ? Impossible d'y participer ? Des implants ? Impossible d'en acheter pour modifier votre personnage. Des véhicules de police ? Le jeu ne gère pas les infractions de conduite. Nivalis, si remplie de buildings, de rues, d'ascenseurs et de marchands, n'est en réalité qu'une gigantesque coquille vide...éoludique.
A la place, Cloudpunk vous impose d'écouter l'histoire qu'il a à vous raconter, sans vraiment se donner les moyens de la raconter complètement. Au fil des missions de livraisons, Cloudpunk distille des éléments narratifs sensés attiser la curiosité du joueur. Pourquoi les systèmes de la ville défaillent-ils en cascade ? Quelle est l'histoire derrière la voix de "Contrôle", la centrale qui vous donne les missions ? Quelle est la véritable de fonction de Cloudpunk (la société) à Nivalis ? Si certaines de ces questions trouvent une réponse, la plupart ne sont là que pour vous dire (à vous joueur) "Vous avez-vous comme notre jeu est bien écrit ? Vous avez-vu comme on crée une super ambiance avec nos cyber-mystères?"
Cloudpunk se retrouve la plupart du temps avec le cul entre deux chaises, suggérant une véritable profondeur scénaristique dont le joueur ne profite jamais, malgré des arcs de personnages très réussis par moments.
Ceci étant dit, Cloudpunk n'est pas un mauvais jeu. Le soft est beau, fluide, léché, souvent touchant, que ce soit à travers la relation entre Rania et "Contrôle" où à travers la noirceur mélancolique que laissent transparaitre les PNJ que vous croiserez. La BO Synthwave est d'excellente qualité de même que le doublage, et (élément le plus important du game play) la conduite de votre voiture volante, toujours fluide sans jamais être gerbante, même en vue cockpit.
J'ai parfois regretté que les rares choix proposés au joueur soient si peu porteurs de conséquences pour l'univers, mais j'ai quand même aimé les faire, car si la personnalité et les idéaux de Rania est prédéfinie par l'écriture, ils permettent de s'approprier un peu plus un personnage que l'on imagine moins cynique que la vaste majorité des habitants de Nivalis.
Au final, Cloudpunk est avant tout un jeu d'ambiance, dont la principale ambition est de vous emmener en balade pour vous raconter une histoire d'espoir et d'amitié entre les opprimés d'un monde infernal. A ce titre, il est plutôt réussi, et j'y retournerai volontiers si du contenu additionnel venait à être publié.