Dans l’univers vidéo-ludique, il existe ce que l’on appelle des fanatiques. Adeptes d’un genre de jeu, ou d’une série, ou d’un développeur, le plus souvent les trois à la fois. Prêts à jouir aux moindres douleurs anales procurées par le prochain étron en date. Une nouvelle catégorie d’élus se forma avec l’arrivée de la next-gen et des jeux casualisés : les "hardcore gamers" en quête d’une nouvelle terre promise. Demon’s souls débarqua pour satisfaire leurs besoins en frustrations, ils purent retrouver le plaisir de l’insertion profonde grâce à une difficulté corsée et des game over outrageants. Je pourrai vous énumérer toutes les tares de Demon’s souls, mais comme son successeur à le bon goût de les récupérer toutes, c’est déjà du travail en moins. Merci From Software.
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Alors, Dark souls. N’est-ce pas là un titre bien pourri pour commencer, le moins inspiré de tous les temps, la première preuve de la fainéantise des développeurs et de leur volonté de fidéliser la nouvelle clientèle ?
Vous êtes… on ne sait pas en fait, vous êtes anonyme. J’ai ouï dire que Dark souls est un jeu super immersif, avec un héros muet et sans personnalité. En gros vous êtes un mort-vivant dans un monde de ténèbres, vous devez retrouver votre humanité pour vous en sortir. Les fanboys avanceront une intrigue « minimaliste », avec des dialogues pauvres « mais ça sert à rien les dialogues », et pas besoin de grosses cinématiques non plus. Et même pas besoin d’une fin digne de ce nom, surpassant l’épilogue de Bioshock et du dernier Alone in the Dark, le final se torche en une demi-minute « épique », que j’entends au fond de la classe. Les sites généralistes retournent là leur veste sans la moindre pudeur, fustigeant le cependant « fun et dynamique » Final Fantasy 13. Comme ils avaient renié Call of Duty à la sortie de Rage.
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Vous vous dites que Dark souls, c’est un peu les premiers Castlevania, mais en 3D ? C’est pas tout à fait faux, dans une certaine mesure, si on le compare à Simon’s Quest. C’est tout aussi dur à manier, bourré de repops et de pièges débiles.
Mais le jeu, alors, le jeu ! Vous êtes dans un Action-RPG, vous créez votre propre héros de la tête aux pieds, vous choisissez ensuite sa classe : voleur, chevalier, nécromancien, mendiant. Vous trouverez et achèterez des armes, des armures, des gantelets, des magies, des fioles de soin. Vous devez collecter les âmes de vos ennemis trépassés pour augmenter de niveau et acheter des trucs aux marchands. Du pur classique jusque là, elle est où la transcendance du jeu alors ?
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Le seul point original du jeu, et la seule nouveauté par rapport à son aîné est son système de feu de camp. Dans Demon’s souls, le nexus vous permettait de sélectionner le niveau. Ici vous êtes dans un « open world » (nous y reviendrons) et le nexus ne sert plus à rien donc, ce sont les foyers qui font office de checkpoints, de lieu de repos, pour faire évoluer son personnage et faire repoper les ennemis alentours.
Attention, on touche là le coeur du gameplay, toute la finesse du jeu consiste à s’arrêter ou ne pas s’arrêter à ces fameux campements suites à des combats exténuants et difficiles. Si vous prenez le risque d’aller plus loin, vous éviterez une vague de repops, mais il faudra assurer jusqu’au prochain checkpoint, et une défaite vous obligera à refaire tout le trajet. Si vous jouez les gagne-petit, vous assurerez vos arrières mais en contrepartie vous doublerez le nombre de vos affrontements. J’avoue qu’il y a de l’idée et la sueur est au rendez-vous, mais vous avez oublié de compter sur des développeurs faignants, un jeu mal optimisé et une histoire anecdotique.
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En effet, le jeu n’est déjà pas très beau. Mais la technique n’est pas un problème. Le souci, c’est que même avec un moteur vieillot on se tape des chutes de framerate hallucinantes jusqu’à 10 ou 15 FPS, les combats étant accès sur les réflexes à la frame près, on perd à cause de ces ralentissements. Dans le pire des cas, la console peut même planter, Mister Freeze was here. Les bugs eux n’ont rien à envier aux problèmes de collisions de Tomb raider 2. Ennemis traversant sols et murs, cadavres aux spasmes inquiétants, gros soucis de hitbox pour certains boss où il faut toucher un point sensible précis à la Zelda.
La palme est obtenue par la disparition suspecte de mini-boss : nous avions laissé dans sa tour un mega chevalier zord pour revenir le latter plus tard, histoire de récupérer ses items. Et bah, il n'était plus là. Ce genre de conneries arrive tout de même trois fois dans tout le jeu. C’est sans doute lié à la complexité de l’univers de Dark souls, monde hors du temps, il s’y passe des choses étranges.
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La caméra vous fait chier dans tous les endroits clos, c’est-à-dire les trois quarts du jeu. Car si le soft est un open world, ne vous attendez pas à un vaste espace à la Shadow of the Colossus. Ah non, faut pas rêver, même les forêts et les espaces naturellement ouverts sont des putains de couloirs dignes d’Uncharted ou de The Witcher 2. Votre héros se promène avec un manche à balai dans la raie, et ça ne lui fait pas autant plaisir qu’à vous, fanatiques, attendez-vous à des combats où chaque mouvement est haché et sans dynamisme. Ces combats sont par ailleurs aussi classiques que le reste du jeu, et quand vous maîtrisez la botte secrète du coup d’épée dans le dos, vous n’avez plus de soucis pour au moins la moitié des adversaires.
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Que dire encore ? Ah oui, le multi ! En gros vous pouvez laisser des messages, aider un joueur à progresser dans le jeu ou venir pourrir sa partie. Si ça a le mérite d’exister, je ne vois pas où Dark souls renouvelle le multijoueur dans les jeux vidéos. La seule partie vraiment intéressante est de faire la campagne à plusieurs, et dans ce cas ça s’appelle du co-op, chose présente dans au moins la moitié des jeux à la troisième personne.
Le fameux background est déplorable. Un univers Dark Fantasy sans saveur à la Darksiders (enlevez le cell-shading), des boss qui rappellent amèrement l’origine japonaise des développeurs par leurs excès de détails grotesques. Si le côté château-fort et l’ensemble des lieux en général pouvait inspirer une certaine sobriété, le tout est plombé par une histoire et un chara-design de Jérémie fan de Motorhead qui se serait mis à la bande-dessinée.
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Ah, il y a bien une autre nouveauté, vous pouvez à présent prêter serment à différentes factions dans le jeu. Au temps pour moi. Le feu de camp et la possibilité de servir tel groupe plutôt qu’un autre, c’est tout pour aujourd’hui les enfants, et au tarif de 70 euros s’il vous plaît. Dans Black souls, ou Terror souls, ou Iron souls, vous pourrez, de plus, grimper aux murs comme Ezio. Les différents testeurs disent qu’au moins « on marche en terrain connu ». La bande est toutefois correcte, les bruitages et les petits musiques liées à l’action sont de très bon cru.
Résumé: Fruit de développeurs fainéants sans inspiration ni volonté de renouveau, Dark souls est une soupe de tous les classicismes périmés du jeu d’action, plombé de freezes et de bugs dignes des heures de gloire de la PSone. L’ambiance est sans personnalité, l’histoire rachitique, le gameplay ennuyeux. La fameuse difficulté n’est qu’une histoire de levelling et de pièges grossiers. Seuls les boss en appelle à la technique, mais ils sont cheatés comme tout boss zeldaesque. Bref, Dark souls ne déroge pas à la règle des pétards mouillés de toute nouvelle licence censée rafraichir l’univers vidéo-ludique.