La saga Dark Souls offre la possibilité d’assouvir pleinement les penchants masochistes des joueurs. Souffrir et aimer ça, telle est la voie de Dark Souls. Après un premier jeu qui associait brillamment immersion et challenge, il est question de savoir si Dark Souls II respecte encore cet état d’esprit.
Des environnements plus vastes et punitifs
Après avoir vaincu des Seigneurs et des monstres puissants dans le premier Dark Souls, nous voilà revenu dans un nouveau terrain de mort et de désolation. Bandits, goules, squelettes, monstres, démons, et rois sont au rendez-vous sur ce monde désolé où la malédiction du mort-vivant frappe encore de plein fouet notre personnage.
Si les environnements bénéficient toujours d’une direction artistique exemplaire, sachez que le cheminement de cette aventure s’engage à être assez différent de celle de Dark Souls premier du nom. En effet, le premier Dark Souls offrait d’abord une main charitable au début de son histoire afin de correctement guider le joueur dans ce nouveau monde très dangereux. Progressivement, vous n’étiez plus aidé, les chemins à emprunter devenaient beaucoup moins linéaires, et vous vous retrouviez après quelques péripéties totalement livré à vous-même. Dans Dark Souls II, le jeu agit cette fois-ci dès le départ sans offrir aucun soutien d’aucune sorte. Cette subtile différence permet de rendre le monde bien plus labyrinthique que le premier jeu puisque dès le départ quatre chemin différent s’offre à vous afin que chaque joueur ait finalement sa propre aventure et son propre cheminement. On retrouve ainsi de manière plus concrète le principe métaphorique du puzzle à assembler soi-même avec des pièces manquantes, en sachant que le voisin d’à côté peut tout-à-fait obtenir un résultat très différent de votre parcours sans que celui-ci soit incohérent.
De plus, le monde de Dark Souls II est plus punitif que jamais. Chaque fois que vous pensiez vous abandonner à la mort, le jeu vous réveillera auprès de votre dernier feu de camps en tant que carcasse avec en prime un pourcentage de points de vie en moins. C’est en effet la grande nouveauté de cet épisode, car la mort vous prive non seulement de vos âmes récoltées et de votre apparence humaine, mais aussi d’une partie non négligeable de votre barre de vie. Chaque mort vous fera donc perdre un peu de votre vie au point que celle-ci pourra facilement baisser de moitié. Une punition très handicapante dans un monde comme celui de Dark Souls II quand on sait que certains ennemis vous lamineront en deux coups si ce n’est un seul.
C’est le voyage qui compte pas la destination
La plupart des joueurs sont d’accord pour dire que la série des Souls se caractérise par une difficulté évidente qui est rapidement devenue un argument marketing. Il s’agit d’un élément de gameplay qui pousse le joueur à se surpasser, à apprendre de ses erreurs, et à se relever plus fort pour remporter la victoire face à des adversaires qui réclament de la maîtrise et de la persévérance.
Si cette sensation de se surpasser et de terrasser l’adversité est encore bien présente dans Dark Souls II elle est toutefois située à un endroit où elle ne devrait pas être. En effet, il faut savoir que les hordes d’ennemis en face de soi sont capables de proposer un véritable challenge. Dans une zone, les adversaires sont nombreux, diversifiés, sournois, et se caractérisent par être de sérieux obstacles pour atteindre le boss de la zone. Mais ils incarnent malheureusement le seul véritable challenge du jeu au détriment de boss bien moins ardus. Il s’agit d’une critique que l’on rencontre souvent chez les joueurs de Dark Souls II, car à l’inverse des autres Souls c’est souvent le chemin pour se rendre jusqu’à un boss qui est difficile et non le boss lui-même. Certes, on rencontre une foule de boss mais la plupart n’opposent pas une farouche résistance et sont même beaucoup moins mémorables. La difficulté vient donc des mobs et de comportements plus aléatoires et agressifs qui nous empêche de progresser aisément dans la zone. Concrètement, l’affrontement contre un boss ne sera pas une épreuve la plupart du temps, seule la route pour le trouver et y multiplier les tentatives sera réellement tortueuse.
Dans une même idée, la plupart des boss que nous rencontrons manquent clairement de prestance. Beaucoup n’ont pas d’histoire à raconter, n’ont pas une mise en scène digne de ce nom pour nous surprendre, et ne sont que des adversaires de passage qui n’ont le titre de « boss » uniquement parce qu’un brouillard les sépare de nous. On aurait pu espérer davantage, car sur une trentaine de boss pour l’aventure principale, seule une poignée sont vraiment intéressants en termes d’histoires et de challenges.
Le feu s’estompe
Toujours dans l’idée d’incarner un personnage faible et anonyme mais toutefois destiné à un grand avenir, Dark Souls II est peut-être dans son ensemble un peu moins maîtrisé que les autres Souls.
D’un côté, la direction artistique est toujours exemplaire et offre une panoplie de plans originaux. Les zones raviront sans aucun doute les joueurs des Souls ou même les novices par le charme des décors du jeu et toute l’ambiance atypique qu’ils peuvent transmettre. D’un autre côté, durant toute l’aventure une frustration s’empare de nous dans le sens où chaque zone à traverser est un réel défi, mais que cette difficulté n’est pas concrétisée lors des combats contre les boss. En effet, la plupart de ces adversaires sont trop simples à vaincre et bien moins impressionnants que chez les autres Souls, tandis que bien peu bénéficient d’une histoire intéressante à raconter.