Un très grand moment.

[ATTENTION : Cette critique s'adresse à ceux qui jouent à Dead Space dans le noir total, seul, au casque et en difficulté élevée. Si vous jouez les rideaux grands ouverts, sans son, en mode novice, c'est normal que vous n'ayez pas peur hein.]

Dead Space premier du nom était un excellent jeu. Court mais terriblement intense. Quelques heures d'angoisse pure et dure. Absolument tout était fait pour pousser le joueur au bord de la crise de nerfs : manque de munitions, manque de santé, manque de stase, manque de médipacks, manque d'oxygène, manque de crédits, manque de place dans l'inventaire...et c'était précisément quand on se retrouvait dépourvu de tout que le gros, gros méchant débarquait. Alors il fallait courir, se cacher pour essayer de passer sans affrontement direct. Mais on se faisait attraper. Et Isaac nous gratifiait d'un concert de hurlements alors qu'il se faisait arracher/lacérer/déchirer la tête/les jambes/les bras. On flippait, on recommençait, et à chaque fois on reflippait. Magique.

Et Dead Space 2 reprend tout cela. Mais en mieux.

Premièrement, les nouveaux environnements. Quand le premier s'enlisait doucement dans les travers du "couloir-monstre-porte-couloir-monstre-porte-etc", le second nous entraîne dans des lieux tout à fait nouveaux, à la finition impeccable. On passe d'une galerie marchande aux éclairages pastels à l'architecture torturée d'une église plongée dans l'obscurité. C'est un véritable plaisir. Ajoutez à cela un éclairage soigné, et c'est l'extase.

Ensuite, le bestiaire. Nouveaux monstres, nouveaux problèmes. On retrouve les gros blindés et les tout petits qui arrivent par paquets de vingt, les machins jaunes qui explosent, bref, toute l'équipe du premier, auxquels s'ajoutent quelques copains qui n'ont pas fini de vous en faire baver. Je ne vous gâche rien, vous les découvrirez vous-même.

Maintenant, le nouvel équipement. Nouvelles armures magnifiques, nouvelles armes. Ceux qui pensent que certaines armes ne présentent pas grand intérêt se trompent. Prenons l'exemple du lance-pieux ; s'il est vrai qu'il paraît d'abord faiblard et lent, quelques passages sur le workbench en font une véritable arme de guerre. Les nouvelles armes permettent d'élargir les choix stratégiques qui s'offrent à vous ; ferez-vous dans la finesse ou dans le rentre-dedans ? Vous ne pourrez pas avoir les deux : les NODs ne sont pas illimités. Ne feriez-vous pas mieux de les garder pour ouvrir les réserves, d'ailleurs ?

L'environnement sonore est IRREPROCHABLE.Le silence quand il le faut, le rythme quand il le faut. On sent que tout a été travaillé avec beaucoup d'attention. Certains très bon jeux d'angoisse perdait beaucoup de crédibilité à cause d'un mécanisme mal maîtrisé, et quasi habituel dans ce registre : le perso se balade, il ne se passe rien à l'écran, mais une brusque montée retentit. Le problème : un script flippant vient de se délencher, mais pas de chance, on ne regardait pas dans la bonne direction. Ca n'arrive JAMAIS dans Dead Space 2, qui maîtrise les mécanismes bande-son/scripts avec brio.

Le gameplay a lui aussi été amélioré. Dead Space pêchait par l'insupportable lenteur de certains mouvements. Je ne sais pas si quelque chose a été fait sur console, mais sur PC, problème résolu : la maniabilité au niveau des déplacements et de la visée a été considérablement retravaillée.
Les passages en apesanteur sont bien plus agréables dans Dead Space 2. Finies les frustrations du style "Mais pourquoi il ne veut pas sauter par là-bas ?!" !

Dead Space 2 fait peur, bien plus peur que son aîné, tout en laissant une plus grande part à l'action. Plus de contenu, une finition impeccable. C'est paufiné jusqu'au bout, même les amateurs du style ne trouveront rien à redire. Visceral Games nous offre une expérience exceptionnelle en améliorant une formule gagnante. Oui, on vide toujours son cutter plasma dans le vide en oubliant que c'est le dernier chargeur. Oui, on court toujours pour échapper aux monstres parce qu'on a plus de munitions, du coup. Oui, il y a toujours des passages épiques. Une réussite véritable, de bout en bout. Seul point faible : la durée de vie. Si vous êtes un habitué, 8 heures à tout casser en Difficile. 3 heures de plus et c'était un 10.

Et surtout, j'insiste : METTEZ VOUS DANS DE BONNES CONDITIONS POUR JOUER ! Jouez en difficile, seul, dans le noir, ou ne jouez pas.