Commençons par les petits plaisantins qui qualifient Disco Elysium de sous-littérature. Avez vous déjà lu un livre ? La bonne écriture est reconnaissable partout : Dans les romans, les essais philosophiques, les poèmes, les bande-dessinées, les mangas, et, les jeux vidéos.
Et si il y a bien une certitude à avoir : Disco Elysium est foutrement bien écrit.
Disco Elysium est un CRPG / Jeu d'enquête sorti en 2019 qui nous raconte l'histoire de Harry du Bois, flic alcoolique et fan de disco, qui se retrouve nu et amnésique dans sa chambre d'hôtel. Un postulat assez classique mais qui se retrouve bousculé par la mécanique principale de Game Design : Les compétences du personnage (Analyse, Culture, Force, Réflèxe, etc...) sont vivantes et vont vous aider à vous sortir des différentes situations du jeu et de résoudre l'étrange meurtre de l'homme pendu dans la cour de l'hôtel.
Le jeu est merveilleusement bien écrit. Complexe, raffiné. Et les interventions des différentes compétences ajoutent un cachet très particulier qui va sensiblement modifier votre expérience, transformant cette enquête en fantasme de joueur, que vous soyez gaga d'analyses artistiques, de détails minutieux liés à l'enquête, ou tout simplement de jouer le sac à merde à coup de clopes, de remarques beauf et de vannes (bien) noires.
On retrouve un monde en prise aux luttes ouvrières, aux frictions entre Etat, forces armées et peuple, un inconscient donc bien réel, traité ici de la manière la plus juste : personne n'est tout blanc, il n'y a pas de bons et de mauvais, de gentils et de méchants. Pour un jeu qui se réclame de gauche, cette prise de parole politique équilibrée est un choix parfait, car il permet au joueur ce que beaucoup de jeux tentent sans succès : la liberté.
Le point fort de Disco Elysium, c'est la crasse merveilleuse et le ressenti du joueur vis à vis des évènements. Voir Harry Du Bois, personnage déjà triste et pathétique, continuer sur cette route tout en portant nos idéaux politiques, idées sociétales et autre rends tout cela encore plus amer.
Et les relations avec les autres personnages n'aident pas. Je vous jure que ma conscience s'est réveillée quand j'ai raté une drague un peu lourde auprès d'une pêcheuse et que Harry et moi étions seuls, devant la mer, comme deux cons. On finis par oublier la frontière de l'écran, et arriver à une vive conclusion : Je suis une merde.
Disco Elysium récite à merveille les chroniques d'un peuple tout simplement humain, dans tout ce que l'humanité dégage de laid, de beau, de sale et de vivant. Un coup de poing dans le ventre, qui est textuellement parfait, sublime et complexe dans son Game Design, remarquable dans ses idées. Bravo.