De Larian, une lettre d'amour au RPG.
Le positif :
- ENFIN un vrai RPG old-School, pour les vieux aigris qui attendent ça depuis une décennie. Espérons qu'il s'agisse du retour en grâce du genre.
- Dans le positif, donc, tout ce qui fait la grandeur de ce style : liberté totale, non-linéarité, des objets dans tous les sens, des quêtes non-guidées sous chaque brin d'herbe, des interactions à foison, une durée de vie phénoménale - j'en passe et des meilleures.
- Un système de combat fantastique qui n'a rien à envier (je dirais même qui, parfois, surpasse), les vieux cadors. L'interaction entre les différents éléments et le tir-ami apportent beaucoup à la stratégie de positionnement.
- Un monde à la Larian ; pour ceux qui ne connaissent pas : de l'anti-épique, de l'humour cynique doucereux et beaucoup de légèreté, de fraicheur. ATTENTION : ce point devient donc négatif si vous recherchez le scénario épique traditionnel dark-fantasy, sombre et tiraillé. L'écriture de Larian ne sait s'apprécier que si vous en avez soupé de ces scénarii, car elle est à la limite du parodique.
En somme, j'ai pris un plaisir immense à lire TOUS les livres que l'on trouve dans l'univers, là où un livre dans Skyrim, par exemple, me faisait bayer aux corneilles. Vous y trouverez de tout : des recettes de grand-mère, le livre de l'assassin pour les nuls, l'histoire d'un ensorceleur raté, etc.
- J'ai lu partout que l'inventaire était de gestion dramatique. J'avoue ne rien comprendre à cela. C'est pour moi un immense point positif des RPG old-school : gérer un bordel d'objet en rangeant tout soi-même, en créant son propre petit ordre précis (tel perso portera tels objets, untel les ouvrages, untel gérera le craft, etc.). On passait bien des plombes à tout répartir dans Baldur's gate, et personne n'a jamais parlé de l'inventaire négativement, que je sache.
- Le craft, qui force à lire, trouver et collectionner les recettes.
- Les excellentes musiques.
- La difficulté très bien dosée : vous prenez soin de votre groupe, vous refléchissez : vous y arriverez ; vous foncez dans le tas, bonjour les dégâts.
- Le point le plus important du jeu, et de loin, celui qui fait toute la saveur de Divinity : le jeu est totalement non-linéaire, certes, on peut résoudre toutes les quêtes de 36 façons, certes, mais cela atteint dans original Sin un tel degré qu'il est possible de faire tout ce qui vous passe par la tête tant que cela est logique. Le jeu véhicule ce sens de la logique partout, tout le temps.
Exemple : Un garde vous empêche de vous faufiler, car il surveille assidument une porte sans jamais faire de ronde ? Et si je prenais un membre de mon groupe pour aller lui parler et lui faire tourner le dos pendant que j'utilise mon rodeur pour passer incognito? Merde ! ça marche ! Le moteur du jeu, sur toutes ses coutures, regorge de finesses de ce genre, qui paraissent légères comme ça, mais répliquent parfaitement la logique "normale". Entendez par là que plutôt que d'abuser un moteur de jeu, vous abusez de votre logique humaine, ce qui est suffisamment rare pour être souligné !
- Les quêtes qui impliquent les animaux, souvent très drôles.
Le négatif :
- Le scénario. Car même si l'écriture est un immense point positif au jeu, cela n'empêche pas la trame parodique générale d'être un peu faible. La liberté d'action est telle que le fil rouge s'en retrouve un peu délité et, finalement, ne génère que peu d'investissement.
- Le grand défaut des interactions entres personnages que l'on retrouve dans de nombreux jeux à choix multiples : la ligne du haut c'est je suis d'accord, la ligne du bas, je suis pas d'accord. C'est certes un peu exagéré, car le jeu possède des tas d'alignements différents, mais les rapports entre les membres du groupe tombent sous un systématisme assez absolu. On sent en fait très naturellement que les membres ajoutés au groupe - greffés par un objectif kickstarter -, n'étaient pas prévus à l'origine, et furent intégrés rapidement. On est à des lieues de Baldur's gate 2 à ce sujet, tellement loin qu'on aurait espéré qu'ils n'existent même pas, et restent juste des mercenaires muets. Ne vous attendez donc pas à la profondeur d'un BG : c'est un jeu Larian financé à 4m. Pas de romance, pas de compagnons perdus à découvrir, pas de dialogues ciselés entre membres, etc.
- La traduction française sous-traitée au lance-roquette. Jouez donc en langue originale si vous ne voulez pas saigner des yeux.
- C'est tout.
Conclusion. En bref. Achetez-le. Point barre.