DmC: Devil May Cry
6.9
DmC: Devil May Cry

Jeu de Ninja Theory et Capcom (2013PlayStation 3)

Dante est un jeune homme paumé. Rebelle, violent et indiscipliné, c’est un habitué des cellules de police. En réalité, il est bien plus que cela : Dante est un Nephilim, un hybride d'ange et de démon. Mais cela, il l'ignore... Car il a perdu la mémoire alors qu'il n'avait que 8 ans et, depuis, èrre sans but, de foyer en foyer, pourchassés par des démons. Car les monstres venus des enfers ont pris possession de notre monde, en silence, en secret. Les riches et les puissants ne sont rien de plus que les pions du vrai maître, Mundus, le roi des enfers en personne. Parallèle à notre réalité se trouvent les Limbes, une version déformée de notre monde, en interdépendance, où les subterfuges et les camouflages de Mundus sont révélés. Ceux qui découvrent la vérité y sont entraînées, le monde se déforme autour d'eux et les démons se révèlent, près à dévorer le contrevenant qui disparaîtra corps et biens.

Dante, lui, a plusieurs fois été entraîné dans les limbes, mais il s'en est toujours tiré. En tant que fils du démon Sparda, l'ancien frère d'armes de Mundus, et de l’ange Eva, guerrière des cieux, ses capacités font de lui l'ennemi juré des démons. Mais inconscient de son importance, il vit dans la débauche: massacrer des démons et coucher avec des filles, voilà tout ce qui l'intéresse. Jusqu'au jour où son chemin croise celui de Kat, une jeune sorcière Wiccane, envoyée par le propre frère jumeau de Dante, Vergil qui parviendra à rendre sa mémoire à son frère. Le trio s’unira alors pour abattre la menace de Mundus et libérer ce monde.

DMC Devil May Cry est un reboot, une remise à zéro des compteurs d’une série débutée en 2001 sur PS2, comptant 4 opus, une série animée, et un bon nombre d’apparitions de son héros dans de nombreuses séries dérivées. Si le premier opus de cette saga marqua les esprits en son temps, au point de faire entrer le mot "poseur" dans le langage courant, la série qui lui emboita le pas ne fut pas dénuée d'accrocs. Le second numéro était mauvais, tout simplement. Le troisième redressait la barre par son gameplay aussi fou que génial, mais commettait l'impair de réduire son héros, le désormais célèbre Dante, à une caricature de lui-même par excès de cabotinage. Enfin, la quatrième itération introduisait un nouveau personnage principal, Nero, dont le plus gros défaut était d'être un clone graphique de Dante, sans aucune justification, avec à peu près les mêmes capacités. Bref, le même en plus fâde, et sans aucune autre raison que le désir de rafraîchir une série. Echec: le gameplay était tout aussi génial que le troisième opus, mais sans génie, sans surprise, presque académique. Le tout au coeur d'un scénario aussi prétentieux qu'incompréhensible, mettant en scène des personnages cabotinant à tour de manivelle.

Dans ces conditions, la décision de CAPCOM de rebooter la série sonnait plutôt juste. Confier la tâche à "Ninja Theory" en fit reculer plus d'un. A l'époque, ce studio n'était pas vraiment connu comme un modèle de talent. Leur première pièce, Heavenly Sword, opposait une direction artistique solide à un gameplay en réalité très basique, en plus d'être remarquablement fouillis. Dès leur seconde réalisation, Enslaved, on sentit que le développeur avait pris de la bouteille. Bien que très classique dans son game design, la copie était propre: réalisation remarquable, gameplay efficace, scénario convaincant (excepté sa fin... déroutante...), direction artistique impeccable, duo de proue attachant, le titre était incontestablement maîtrisé. Malheureusement, un marketing trop succint allié au manque de crédibilité du studio conduisit au flop un jeu qui ne le méritait pourtant pas.

C'est pourquoi le choix de CAPCOM était pour le moins osé. Et le pari audacieux. Le résultat? Incontestablement pari gagné! En effet, "DMC Devil May Cry" constitue l'un des meilleurs Beat'em All de ces dernières années, et l'un des plus impressionnants. En effet, le talent artistique du studio a toujours été l'un de ses meilleurs atouts et force est d'admettre qu'ils se sont surpassés sur ce titre. Tout, absolument tout le visuel de ce jeu éclate la rétine en long en large et en travers. Du choix des couleurs, du souci du détail, de la dynamique des décors, tout en met plein la gueule dans le meilleur sens du terme. Un bijou, l'un des plus beaux que l’on ait pu voir sur cette génération de console.

Beaucoup de choses ont été écrites sur le « look » de Dante dans cet opus. En rebootant la série, Ninja Theory n’a pas fait les choses à moitié et autant le fluff que le character design ont été réécrits de A à Z. Aussi, la décision de balayer d’un revers de la main le design traditionnel de Dante a provoqué nombre de hurlements de fans. Et pourtant… Ce nouveau look est une vraie réussite, 100% dans l’esprit du personnage : un prétendu rebelle option beau gosse qui se la raconte. Ce que Dante a toujours été. A ceci près que ce nouveau Dante, lui, ne cabotine pas. Et s’il reste toujours aussi fier et poseur, il n’en reste pas moins sérieux et appliqué quand la situation l’exige. Ninja Theory n’a pas rebooté que la série, ils ont aussi rebooté le personnage principal qui n’est désormais plus une caricature horripilante, mais un vrai personnage crédible (malgré ses travers).

A ces éléments s’ajoutent un gameplay incontestablement réussi. Reprenant les éléments classiques de la saga, le studio a su enrichir son bébé avec quelques nouveautés bien sentis, en l’occurrence la dualité des armes démoniaques et angéliques, associée à un nouveau système de grappin, qui contribue à rendre le jeu vraiment très très riche. Et contrairement à l’antique Heavenly Sword, absolument pas fouilli. Certes, on pourra objecter un côté très « guidé », lors des phases de plateforme et des combats de boss (dont certains sont vraiment sur des rails…). Ce dernier point froissera obligatoirement les amateurs de scoring qui retourneront alors s’éclater sur Bayonetta. Mais pour les autres, c’est du bonheur.

Au final, et malgré les craintes suscité par les choix artistiques du développeur, DMC Devil May Cry est une pure réussite dans le genre du beat’em all. Sa réalisation technique excellente alliée à une direction artistique de folie en font un bijou graphique. Sa partie ludique n’étant pas en reste, parfaitement maîtrisée à défaut d’être aussi folle que son design, on peut dire que ce jeu est un must have pour tous les fans de BTA.

A titre personnel, j’ajouterai que compte-tenu de la progression régulière, titre après titre, de la qualité des jeux de Ninja Theory, j’affirme que ce studio est incontestablement une valeur à suivre de très près dans les années qui viennent. Encore un ou deux titres de cette envergure, plus affiné, et les malades mentaux de Platinum Games feront alors face à une équipe de challengers digne de ce nom.
Kayn
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Créée

le 3 janv. 2014

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Kayn

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