Partir à l'aventure, se jeter avidement dans les grands espaces et dans l'imprévu. Sortir sa lanterne, surpris que l'on est par la hardiesse du soleil couchant, et illuminer sa cible en exposant le coeur flamboyant de son ennemi dans une bataille épique longue d'une nuit. Explorer les mines et autres grottes sordides de Gransys, y trouver quelques trésors et surtout quelques complications. S'en extraire enfin, avant de goûter au doux plaisir du retour triomphant, puis vaincre, s'offrir l'apocalypse, plonger dans l'abysse et souffrir silencieusement.
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Comme la brutale résurgence d'un souvenir depuis longtemps éteint, ma peur du noir me laissa planté là, durant de longues secondes, attentif que j'étais au moindre son émanant des profondeurs inconnus de cet insondable dédale. La violente disparition de mes serviteurs m'avait laissé, peut être pour la première fois depuis ma rencontre avec le dragon, en proie à la solitude la plus pure. Cette seule idée me terrifia et nourrit la panique que je sentais croître à mesure que ma transpiration suintait des brèches de mon armure cloutée. C'est alors que je mis machinalement ma main dans une poche. Je glissais nerveusement mon unique pierre de transfert entre mes doigts usés de quinquagénaire épuisé par la vie et l'aventure. Mon salut résidait à coup sûr dans cet artefact et pourtant, mon esprit n'était pas tranquille à l'idée de céder à la peur sous couvert d'un simple voile de raison. L'eau s'écoulait paisiblement dans le large canal souterrain, et mon dilemme en son sein sembla durer une éternité. Reprenant mes esprits, je me décidai à mener plus avant mes fouilles en gardant toujours ma précieuse pierre à porté de main. Il me fallait désormais avancer avec une prudence de circonstance afin de ne plus céder à la panique. Ma lanterne n'éclaire mon point de mire qu'à quelques menus mètres et la moindre éclaboussure risquerait de me plonger de nouveau dans des ténèbres qui ne semblent pas inquiéter les créatures errantes. Mais mes pensées sont interrompues par une plainte surgie du néant, attestant du poids tragique d'un drame antique.
Attentif et déterminé, j'avance seul dans l'inconnu.