Développeur : Streum On Studio
Editeur : Indépendant
Type : FPS/RPG
Sortie : 2011
Ce n'est pas forcément facile de parler de ce jeu: le premier contact est assez brutal. On se retrouve complètement largué dès la création de personnage, du coup on répartit ses stats sans trop savoir si on n'est pas en train de faire une bêtise, et le jeu nous balance sans préambule dans un endroit étrange.
Devant nous, un portail luit, et un cadavre gît à ses pieds. Le lieu est bercé d'un onirisme malsain, inquiétant. En traversant le portail, notre personnage s'éveille, et si on avait l'impression d'être largué à la création, les ennuis ne font que commencer. Se plonger dans ce jeu relève certes de la gageure. En guise de tutorial, un message nous dit d'aller regarder dans des tutos vidéos, et leur longue liste est un chouya décourageante que la complexité apparente des menus n'arrange pas.
Après une courte fuite dans des couloirs, on se retrouve catapulté dans une zone plus ouverte, et l'endroit frappe déjà par sa taille. Dans les environnements urbains, on sent une volonté d'écraser l'individu sous l'ampleur et le gigantisme de ce qu'est devenu l'humanité. Une fois au QG, on en apprend plus sur notre identité et les factions en présence, mais l'écriture aurait VRAIMENT pu faire l'objet de plus de soin, et le temps que le joueur intègre le background du jeu, il règnera une impression de confusion qui empêche de s'y plonger complètement.
Le QG servira de base la plus grande partie du temps. C'est là qu'on achète des capacités cybernétiques, des pouvoirs psy et l'accès aux armes dans les armureries qu'on trouve un peu partout. Certains de ces éléments nécessitent une recherche pour pouvoir être achetés: les ennemis humains peuvent aléatoirement lâcher une mallette grise, qui contient un objet de recherche. Une fois acquis, on lui alloue un budget (la durée de la recherche étant fonction de la somme versée) et cela débloque des augmentations de stats, l'accès à de nouveaux pouvoirs, armes, voire à de nouvelles recherches. Le tout est complété par des implants cybernétiques que l'on améliore au fur et à mesure, et, une fois qu'on a intégré le système, on a de quoi se construire un personnage selon ses goûts.
Ajouter à cela un système de jeu qui permet d'aborder une même situation sous de très nombreux angles selon les combinaisons d'équipements/pouvoirs/... que l'on fait, et l'on obtient un système de jeu très riche, propice à l'expérimentation.
Le scénario se découpe en missions qui se suivent dans un ordre précis, mais, lors de celle se déroulant sur Mars, une série de choix vont se présenter au joueur qui feront varier les zones explorées et les implications de l'histoire. Sa conclusion plonge d'ailleurs dans la plus grande confusion. Au moins trois boucles du scénario sont nécessaires pour commencer à comprendre ce qui se passe, voire à se poser les bonnes questions.
Cela dit, les deuxième et troisièmes runs se plient assez vite quand on sait où aller et quoi faire. Lors de ces runs, le joueur curieux sera plus enclin à fouiller partout, pour découvrir ce qu'il a manqué, etc. A noter que le jeu permet de retourner dans des zones déjà explorées pour y accomplir des missions aléatoires, pour upgrader son personnage.
Lesdits niveaux s'inspirent joyeusement des univers cyberpunk et science-fiction de la culture populaire: Ghost in the Shell, Deus Ex, Aliens, Warhammer 40k, Blade Runner, ... On retrouvera même quelques allusions à Star Wars, Duke Nukem et au Seigneur des Anneaux, et le tout se brasse efficacement pour y gagner sa propre identité.
Toutefois, ce jeu est loin d'être parfait: le level design est assez inégal, les niveaux sont kilométriques, ce qui est une vraie plaie tant qu'on ne peut pas se déplacer rapidement, et l'univers comme le système de jeu sont vraiment hermétiques. Toutefois, si on s'accroche un peu à ce jeu atypique, il en ressort une expérience addictive et prenante, servie par un gameplay nerveux et une musique très à-propos.