El Shaddai : Ascension of the Metatron est un jeu qui m'a intrigué dès les premières images : une direction artistique ambitieuse, un gameplay alors nébuleux, un thème inédit (l'adaptation très libre d'un écrit apocryphe de la religion juive).

Je me suis empressé d'en faire l'acquisition dès sa sortie européenne (début septembre) , même si je viens de le finir à l'instant et que le jeu est déjà disponible à vil prix sur les sites marchands bien connus de la Perfide Albion. Le jeu semble s'être vautré au niveau ventes, ce qui ne m'étonne malheureusement pas, vu son design et son univers bien étranges.

On doit ce jeu à UTV Ignition Games (plus connu via sa filiale de distribution britannique à laquelle on doit les titres SNK sur consoles portables ou encore la version européenne de Deadly Premonition sur Xbox 360), et plus précisément au studio japonais. Le développement du jeu a été supervisé par Takeyasu Sawaki, character designer sur Devil May Cry ou bien encore Okami (ce qui pourrait expliquer certains similitudes de gameplay).

Le joueur incarne Enoch, un scribe humain au Paradis, chargé par Dieu de traquer les Anges Déchus (ou Observateurs) qui corrompent la Terre en voulant la façonner à leur image. Enoch doit les défaire avant que la race humaine ne soit définitivement corrompue. En effet, les Observateurs se sont unis contre nature avec les humains et ont donné naissance à une race hybride, les Nephilim, qui rend inévitable un Déluge. Tout au long de son périple, Enoch est aidé par Lucifer, l'ange le plus puissant, qui reste sans cesse en contact avec Dieu ... via son téléphone portable !
Evoquons tout de suite l'univers barré du jeu. En effet, le jeu mélange avec plus ou moins de bonheur les références visuelles, les anachronismes et les designs excentriques. Tous les chapitres du jeu ont leur propre identité visuelle :couleurs chaudes ou froides, lignes épurées, couleurs chatoyantes ou bichromie, formes anguleuses ou arrondies.

Les références artistiques sont également nombreuses : Nephilims tous droits sortis d'un Ghibli, environnements qui n'auraient pas dépareillé dans un tableau impressionniste, présence menaçante sortie tout droit d'un croquis de Jean Cocteau, ... Mais la palme de l'excentricité revient à Enoch, qui n'aurait pas dépareillé comme mannequin dans une pub pour Calvin Klein jeans et à Lucifer, qui ressemble comme 2 gouttes d'eau à Ian Somerhalder. Les 2 personnages entretiennent d'ailleurs une relation assez trouble, teintée d'homo-érotisme.
Les musiques offrent également beaucoup de variété : choeurs angéliques, new age, morceaux plus enlevé contre les boss.

La direction artistique ambitieuse fait office de cache-misère pour une réalisation en retrait. L'aliasing est très présent (du moins sur la version PS3) et si on enlevait les filtres et creusait plus loin que le minimalisme des environnements, on se rendrait compte que les environnement sont vides et linéaires. Les différents univers sont en effet très limités, à peine de quoi cacher quelques objets et informations à collecter. Ceci étant dit, on peut applaudir le génie des designers qui ont su transcender leur manque de moyens par une direction artistique audacieuse plutôt que de singer les grosses productions sans âme mais graphiquement irréprochables.

Quand on s'intéresse au gameplay, on se retrouve une fois de plus devant des limites. Le jeu alterne phases de plateformes et de beat'em all en 2D et 3D. Les phases de plateformes sont parfois tendues à cause d'une maniabilité pas toujours optimales. Il faudra cependant faire une dizaine d'erreurs avant de mourir.

Au sujet des phases d'action, on se retrouve dans des aires fermées où on affronte plusieurs ennemis (jamais plus de 3), un peu comme dans Okami. Mais là s'arrêtent les points communs. Là où le jeu de Clover mettait en scène des combats nerveux utilisant les nombreuses capacités du personnage principal, El Shaddai met en scène des combats assez peu subtils, sans ciblage (impensable aujourd'hui) où il faut dérober les armes des ennemis (au nombre de ... 3) pour les éliminer plus facilement. Les combos sont très limités, puisqu'il n'y a qu'une touche de coup et 2 coups spéciaux qui se battent en duel. Pour varier les coups, il faudra jouer sur le timing, afin de percer la garde des ennemis. Rajoutons un bouton de saut et de parade et on a la trame des combats pendant toute la durée du jeu. Les combats de boss sont à peine plus stratégiques et durent vraiment longtemps (notamment sur la fin).

L'interface est à double tranchant : aucune indication, ce qui est à la fois très bien pour l'immersion et moins bien quand on ne sait pas si le boss est à 2 doigts de mourir. Il y a cependant des indices visuels, tels que l'état de l'armure d'Enoch et des ennemis ou la couleurs des yeux des boss. A l'instar des Chevaliers du Zodiaque, Enoch peut se relever quand il est mis au tapis. Mais à cause de l'absence totale d'indications, on se contente de bourriner les touches correspondantes afin de se relever partiellement soigné 3 à 5 fois (sans que rien n'explique cette variation).

L'histoire se révèle assez intrigante et hermétique, avec les Observateurs qui surgissent aléatoirement pour vous provoquer en duel, sans que ces combats aient une réelle incidence sur le déroulement.

Avec malice, Lucifer affirme qu'Enoch peut remplir sa quête en 7 heures. J'ai dû mettre un peu plus de temps, vu que j'ai dû retenter quelques combats de boss et phases de plateformes. Rien d'insurmontable cependant en difficulté normale. Les difficultés Dure et Extrême ne se débloquent qu'une fois le jeu fini.

Jusqu'à quel point la direction artistique d'un jeu et l'originalité de son univers peuvent-elle pallier les faiblesses de la technique et du gameplay ? El Shaddai n'a pas de défauts rédhibitoires mais qui peuvent faire réfléchir à l'achat du jeu, surtout au prix fort. En tout cas, cet univers m'a donné envie de creuser quelques pistes de recherche sur le postulat de départ ...

samizo_kouhei
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le 31 oct. 2011

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