Le type "simulateur de marche" pour un jeu est souvent quelque peu réducteur quand on y réfléchit. Un vrai simulateur se contenterait, en tant que simulateur, de vous faire déambuler dans des endroits virtuels et ça s'arrêterait à cette seule action. Pour la plupart des jeux, où la marche est le système de déplacement principal, l'expression "jeu d'exploration" s'impose d'avantage. A cette exploration peuvent s'ajouter d'autres éléments de gameplay tels la résolution d'énigme, la découverte d'une histoire, parfois très riche, voire contenir des phases d'infiltration et/ou d'attaque. "Skyrim" en est un exemple, ainsi que "Rime", "What remains of Edith Finch" ou "Gone Home".


Le jeu "Everybody's gone to the rapture", édité par le studio anglais The Chinese Room (ceux qui avait réalisé "Dear Esther", au départ un mod tiré du moteur d'Half-Life de la société Valve) en est un parfait exemple.


L'histoire nous place, en vision première personne, dans la peau d'un explorateur (ou exploratrice) qui va découvrir, au cours de sa longue promenade, ce qui est arrivé aux habitants d'une région rurale d'Angleterre. Tout le monde a disparu. Ne subsistent que des radios, des téléphones et l'ombre lumineuse des habitants qui, petit à petit, dévoileront toute l'histoire.


Ce qui frappe au premier abord est la qualité graphique du jeu. Jamais je n'ai ressenti à ce point l'impression de me promener dans un décor à tel point photo réaliste qu'il semble réel. Les moindres détails, tant des habitations, des nombreux objets ou de la nature environnante sont d'un réalisme stupéfiant. Les jeux de lumières et les ombres sont impressionnants et, cela va de soi, on reste parfois bouche bée devant la beauté d'un décor. Des jeux comme "The Vanishing of Ethan Carter", "Dear Esther" (déjà cité) ou "The old City, Leviathan" nous ont habitués à ces rendus extraordinaires. Mais celui-là les dépasse de quelques coudées.


L'histoire, le point essentiel du jeu, est d'une très grande richesse. Il y a d'innombrables lieux à visiter qui, une fois sur place, révéleront des morceaux du récit et d'événements. On peut suivre l'histoire principale ou les dizaines de destins secondaires qui, dans certains cas, se déroulent bien avant les événements mais qui étoffent la personnalité et le vécu des quelques personnages que l'on apprendra à connaître.


L’omniprésence d'un orbe lumineux semble, au départ, une menace mais il s'avère très vite que c'est tout le contraire. Cette étrange entité vous guidera vers les points importants et semble être la dernière présence mouvante au sein de ces grands espaces immobiles, balayés par les vents et tourmentés par les éléments naturels.


Cette extraordinaire expérience, de l'ordre d'une vraie oeuvre artistique, en plus d'un tour de force technique, est encore enrichie par la musique magnifique de Jessica Curry (une des membres fondatrices du studio). Le jeu fut nominé pour les British Academy Games Awards en 2015. Mais, c'est en 2013, avec "Dear Esther", que Daniel Pinchbeck (et son épouse Jessica Curry) remportèrent le prix du meilleur jeu anglais.


Au départ, sorti en exclusivité Sony sur PS4, le jeu fut porté sur PC en 2016.


Une fois de plus, pour tous les amateur(e)s de jeu d'exploration et d'histoire magnifique, "Everybody's gone to the rapture" a été créé pour vous. Et vous n'aurez de cesse, tout comme moi, de découvrir toutes les histoires et tous les moments poignants, dramatiques et drôles des personnages de cet infortuné mais superbe endroit.


Même, comme vous le découvrirez, l'histoire semble décrire un épouvantable apocalypse, la finale laisse entrevoir quelque chose de bien plus vaste, poétique, qui confine à la transcendance.

PhilippeGoderis
9
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le 23 janv. 2018

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