Ma première run de Final Fantasy XII - The Zodiac Age vient de se terminer à l'instant, plus de 12 ans après avoir terminé FFXII vanilla sur PS2... Et les mots me manquent toujours, tant ce jeu est unique en son genre. Oui, que dire de FFXII finalement? Si ce n'est que ce jeu était en avance sur son temps en 2006 et qu'il l'est toujours en 2023.
Pour beaucoup, ce FFXII est probablement le premier faux pas de Square, mais pour ma part, c'est le dernier gros bon en avant de la société nippone. Dès les premiers instants, on sent que Matsuno voit les choses en grand avec Ivalice : un univers cohérent et riche, avec un lore à peine effleuré qui ne demande qu'à être exploité et dont on ne découvre finalement qu'une infirme partie lors de la quête principale. On sent qu'il y a des possibilités quasi-infinies avec cet univers et Square Enix pourrait très facilement nous pondre plusieurs suites ou préquelles sur différentes périodes de l'histoire d'Ivalice, comme celle du Roi-Dynaste, des Occurias ou encore la conquête de Landis par Archadia pour ne citer que quelques exemples. Dans la plupart des JRPG, le lore se limite vraiment à 2-3 éléments scénaristiques... comme dans FFVII par exemple, où l'on parle de Jehova pour contextualiser l'aventure de Cloud et compagnie, mais où rien ne semble se passer entre ces deux moments séparés de 2000(!) ans.
L'histoire quant à elle se veut aussi plus sérieuse sur fond d'enjeux géo-politiques, complot et trahison : ça change pas mal des autres RPG de l'époque et même aujourd'hui ce n'est pas courant. J'ai aimé en 2011 et j'aime toujours en 2023. C'est du Game of Thrones en moins bien, mais c'est assez divertissant pour ceux qui veulent une histoire avec des enjeux politiques. Et puis la petite touche fantaisiste sur la fin de l'histoire avec les Occurias est assez bien intégré à l'ensemble.
Pour en venir aux personnages de notre équipe : oui, ils ont tous leur place dans l'aventure et ce pour plusieurs raisons. Pour Basch, Ashe et Balthier, cela va de soi. Pour Fran, tout est expliqué au travers de sa soeur cadette. Quant à Vaan, c'est son frère qui en est la motivation principale. Même Pénélo a plusieurs raisons de rejoindre le groupe au final.
Le plus surprenant, c'est qu'on a droit à un casting très mature pour un JRPG, avec des personnages déjà entièrement développés dès le début de l'aventure du côté des protagonistes et des antagonistes. Vaan, pirate du ciel ? Non, c'est juste un moyen de penser à autre chose que la guerre et il en est conscient. Balthier et la relation avec son père ? On comprend très bien que ça l'emmerde lorsqu'il en parle dans les cutscenes ; pas besoin de prendre le joueur pour un con et en faire des tonnes avec un flashback larmoyante comme 99% des autres JRPG l'auraient fait.
Et que dire sur le système de Gambit, qui est encore aujourd'hui une révolution en ce qui me concerne : l'équipe de développement à bien compris que le tour par tour classique, c'est un gameplay bien "brain dead" où il suffit de marteler la touche "Attaque" pour venir à bout de 99% des combats du jeu, avec un petit sort de soin de temps à autre pour garder son équipe en forme. Le système de Gambit permet d'automatiser le tout et nous donne la possibilité de programmer le comportement de nos personnages grâce à un grand choix de commandes. On intervient uniquement quand on se fait malmener par les ennemis : soit parce qu'on a mal programmé les gambits, soit parce qu'il faut légèrement les adaptés en fonction de la situation. Ils avaient déjà tout compris chez Square-Enix en 2006 !
Petite parenthèse sur les graphismes et la bande son : c'est maitrisé de bout en bout. On sent qu'il y a eu un gros travail sur la direction artistique (comme d'hab chez Square à cette époque) et même l'OST à de bons arguments à faire valoir. Les sons lors des cutscenes sont ceux que l'on retrouve habituellement dans les FF, ceux dans les grandes zones de jeux sont des musiques d'ambiance que l'on retrouve dans des MMO de l'époque comme Guild Wars par exemple, mais ce sont de bonnes compositions malgré tout.
Et pour couronner le tout, cette version Zodiac Age vient gommer les quelques défauts de la version vanilla. Le fait de choisir 2 jobs pour ces personnages est une bonne idée qui oblige à bien penser l'évolution de ses persos, là ou la version PS2 nous permettait de tout faire avec tout le monde. Mais c'est surtout la sauvegarde automatique entre deux zones et l'avancée rapide en combat qui rendent FXII encore meilleur aujourd'hui, surtout que le dernier tiers du jeu est assez pénible avec des zones et des donjons vraiment trop longs si on les fait en vitesse normale.
Que dire de FFXII finalement? Et bien, c'est le dernier jeu de la licence Final Fantasy qui a une vision cohérente de bout en bout par rapport à son univers, son scénario et ses personnages ; un gameplay atypique, mais toujours aussi moderne en 2023 ; une direction artistique et des graphismes qui n'ont pas tant vieillis que ça en 17 ans et une OST bien travaillé. Un jeu en avance sur son temps en 2006 ; un jeu toujours en avance sur son temps en 2023. Le vieux Square me manque...