Final Fantasy XVI
6.6
Final Fantasy XVI

Jeu de Square Enix (2023PlayStation 5)

Enfin le voilà, le nouveau Final Fantasy. Un jeu que j'attendais comme un messie dans l'univers de la saga. Après avoir gâché toutes ses licences et pondu un remake douteux (unpopular opinion, but still), Tetsuya Nomura laisse sa place à l'excellent Naoki Yoshida, personnage respecté et même encensé pour avoir sauvé le MMO Final Fantasy XIV.

Tout laissait croire que Yoshida était sur le point de créer une petite révolution dans le vaste univers de la licence. Du moins, il en avait les possibilités, et le talent. Et pourtant, on peut le dire de suite, Final Fantasy XVI n'est pas un jeu parfait, loin de là même. Le jeu regorge de bonne idées et impressionne parfois dans sa réalisation mais le tout est contrebalancé par des défauts plombant.

Un bon Final Fantasy pour débuter

Il faut le souligner, cet épisode est accessible pour tous les joueurs. Comme la plupart des épisodes, celui-ci offre un univers et un scénario inédit. On retrouve comme toujours des points d'encrage et des clins d'œil aux précédents épisodes mais aucunement besoin d'avoir joué aux précédents épisodes. Et cela se traduit également dans son gameplay inédit entièrement en temps réel, plus dynamique que jamais.

Le système de combat, qui a été créé pour l'occasion par Ryota Suzuki connu pour son travail sur Devil May Cry 5, est un savant mélange de tactique et de défouloir qui peut être appréhender par tout type de joueurs. En effet, ce dernier est facile de prise en main et ne demande pas spécialement d'effort de compréhension mais il faudra du temps et de la pratique pour en comprendre toutes les subtilités. Le jeu se voulant avant tout abordable, vous pourrez aller au bout de l'aventure sans trop forcer. Mais avec un peu de maîtrise, vous pourrez enchaîner des combos destructeurs avec style. Et il faut le dire, c'est assez jouissif.

Ceci étant dit, le jeu propose également un mode histoire qui facilite les combats et une panoplie d'objets à équiper pour encore plus simplifier les affrontements. Ainsi, si vous souhaitez profiter un maximum de l'histoire ou si vous avez peu de temps pour terminer le jeu, tout est mis en œuvre pour que vous puissiez jouer tranquillement.

Un bon scénario mal cadencé

Final Fantasy XVI nous plonge une fois de plus dans un univers atypique. Un monde médiéval où un mal ronge les terres et prive la population de la magie des cristaux. Dans ce monde, des émissaires, souvent des aristocrates, ont le pouvoir d'invoquer de puissantes ressources issus de Primordiaux, des créatures surpuissantes qui régissent la magie élémentaire issue des cristaux.

Nous suivons les aventures de Clive, le gardien de l'émissaire de Phoenix, qui n'est autre que sont petit frère, le futur Prince régent de Rosalia, l'un des plus puissants pays du continent.

Cet opus dispose d'une narration bien plus mature que ses aînés. On y parle de complots, de géopolitique mais aussi de pouvoir avec une approche parfois brutale et sans concessions. Il s'agit avant tout d'un monde féodal où tous les coups sont permis et la scénarisation nous le fait bien comprendre. Toutefois, impossible de ne pas constater que les scénaristes ne vont bien souvent pas au bout de leurs idées, attachés au carcan du jeux de rôle "à la japonaise", on reconnait beaucoup de stéréotypes sur l'amitié, le courage qui surpasse la force brut et l'héroïsme parfois à la limite du ridicule. Sans être gênant, on ressent tout de même les limitations d'une narration éculée.

Mais le plus gros points faible de Final Fantasy XVI, c'est sa cadence narrative qui est, il faut le dire, catastrophique. Et c'est là la plus grosse déception que nous sert Naoki Yoshida. Il semble avoir oublié qu'il officiait ici sur un jeu solo. En découle des phases frénétiques de mises en scènes impressionnantes où le scénario fait des bons en avant suivies de parties interminables où il ne se passe rien dans le jeu, où on passe notre temps à aller parler à des PNJ qui n'apportent rien au jeu. On s'ennuie beaucoup dans FFXVI, vraiment beaucoup. A cela s'ajoute des quêtes secondaires distribuées au compte goutte qui n'apportent presque rien si ce n'est de justifier un monde semi-ouvert. Le jeu souffre donc d'une narration en dent de scie où on a parfois l'envie de passer les dialogues tellement ces derniers sont insipides.

A cela s'ajoute une volonté étrange des développeurs de construire un monde où tous les personnages importants portent des prénoms très américanisés et où tous les PNJ de secondes zones portent des prénoms français. Le tout rend quelque chose de déroutant et en totale opposition avec l'univers médiéval dépeint. On comprend une probable envie de charmer le marché américain de cette façon, mais cela créé un vrai clivage entre l'univers et ses personnages.

Visuellement réussis même si inégal

Depuis maintenant quelques années, avec Final Fantasy XV et le Remake du septième opus, Square-Enix nous habitue à des graphismes dignes de triple A. Si la firme a toujours su briller par ses cinématiques de grandes qualités, ce n'est que depuis récemment que le standing visuel du jeu en temps réel est devenu un vrai atout. Final Fantasy XVI fait honneur dans ce sens puisque ce dernier est assez époustouflant visuellement, particulièrement dans les combats et dans les phases importantes du scénario. Les effets visuels des techniques de combats sont magnifiques et donnent une dimension encore plus épiques aux affrontements.

Pourtant, on se rend vite compte que dans les parties peu scénarisés et dans le monde ouvert, les décors sont vides et les PNJ mal animés. Quelques panoramas sont toutefois superbes mais cela ne comble que partiellement le manque de variété dans les décors.

Le chara-design quand à lui manque un peu de fantaisie. Clive, notre héro, est charismatique mais ne crève pas l'écran. On reste dans un univers moyenâgeux classique. Seul les Primordiaux et l'antagoniste principale font exception. Tout est fait pour que ces derniers soient l'attraction principale du jeu.

Final Fantasy ou presque...

Depuis sa sortie, la plus grande critique qu'on peut entendre à propos de Final Fantasy XVI, c'est qu'il ne serait pas "un vrai Final Fantasy". Trop éloigné des précédents opus par son système de combat et par son univers classique par rapport aux standards de la série.

Une fois de plus, il y a du pour et du contre. FFXVI met en avant les primordiaux, qu'on appelle également les invocations ou encore les Espers. Il s'agit ici de la base de Final Fantasy, impossible d'y échapper elles sont toujours présentes. Lorsque Yoshida décide d'en faire les stars de son jeu, il ne peut pas faire plus honneur à la licence. On retrouve également des monstres et des éléments typiques de la saga comme les chocobos, les moogle ou encore les Morbols, ce qui accentue l'effet.

Le système de combat, quand à lui, est une évolution logique de ce qui se fait de mieux actuellement. On jongle avec les armes, la magie et le pouvoir des Primordiaux. Square-Enix semble définitivement vouloir quitter le tour par tour au profit du dynamisme et du défouloir. Cela peut plaire ou pas, il n'en reste pas moins que c'est parfaitement exécuté.

Toutefois, la variété des magies utilisées est très limitée du fait du système de combat. La personnalisation et la stratégie en combat est plus une affaire de combo. Plus de matérias, de jobs ou de permis, les sorts sont limités et améliorables via un arbre de talents. Tout ceci est en parfaite adéquation avec le nouveau système de jeu mais manque paradoxalement d'originalité.

On perd également au passage de vrais challenge optionnels dans le jeu. Aucun ennemi, que ce soit dans les quêtes annexes ou dans les chasses, ne poseront de réels problèmes. De plus, les vaincre n'apporte rien si ce n'est une arme à peine plus puissantes que ce qu'on obtient dans la linéarité du jeu. Il n y a rien de vraiment caché.

On regrette un personnage bonus, un Gold Saucer-like ou même un Primordial caché (Même si cela pourrait arriver dans un futur DLC, c'est implicitement évoqué). Le jeu est avare en surprise et se contente d'un scénario principale, de quêtes annexes soporifiques et de chasses amusantes mais sans challenge. Il faut également aborder un aspect incompréhensible du jeu, il y a un mode "difficile" qui se débloque une fois le jeu terminer. Le Mode Fantaisie Finale permet d'augmenter son level et d'obtenir de nouveaux équipements mais les ennemis sont plus puissants et possèdent de nouvelles capacités. Pourquoi faut-il terminer le jeu pour obtenir des challenge supplémentaires ? Il n y a aucune plu valu à recommencer le jeu du début, surtout avec les longueurs évoquées précédemment. On a envie d'avoir tout dès la première run du jeu. C'était justement une bonne occasion d'apporter une difficulté optionnelle de plus via des défis supplémentaires.

D'un point de vu plus globale, on peine également à s'attacher aux protagonistes. Clive est un héro assez lisse et certains antagonistes ne brillent pas dans leur écriture.. Mention spéciale pour l'émissaire de Titan qui passe pour un gigantesque abrutit tout au long du jeu alors qu'on essaye de nous le vendre comme un ennemi puissant et charismatique. Au final, le seul personnage avec du style et avec un vrai background disparait rapidement dans le jeu.

Final Fantasy XVI est un jeu qui est donc inégal, Naoki Yoshida succède à Nomura avec brio. Dans son ensemble, Final Fantasy XVI se tient bien mieux que son aîné direct qui était peut être un peu plus beau mais catastrophique sur presque tout le reste. Ici, on a la sensation que le jeu est timide et sans grande prise de risques. Certes le système de combat reste une avancée importante mais l'univers quand à lui est classique et le scénario sans rebondissements.

Il faut espérer que Yoshida gardera la tête des prochains Final Fantasy et qu'il se lâchera un peu plus pour créer un univers plus riche, plus vivant et mieux rythmé.

Final Fantasy XVI vaut la peine qu'on se penche sur lui, spécialement si vous êtes néophytes de la série. Pour les plus assidus, vous resterez probablement un peu sur votre faim. Sans être mauvais, cet opus manque un peu de saveur.

En résumé:

Les plus:

+ Le système de combat

+ Les primordiaux spectaculaires

+ Les effets visuels percutant

+ Un univers plus mature

+ Les chasses

+ Les musiques de Soken

Les moins:

- La structure scénaristique déplorable

- Les quêtes annexes sans intérêts

- L'identité FF en demi-teinte

- Le manque de charisme des protagonistes

- Un monde ouvert mal exploité

- Le Mode Fantaisie Finale

- On en peut plus des QTE !

Phiron
7
Écrit par

Créée

le 22 juil. 2023

Critique lue 40 fois

Phiron

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