Plus qu'un jeu vidéo au sens conventionnel du terme, flOw est une véritable expérience vidéo-ludique tant il s'éloigne de presque tous les codes liés au scoring, au gameplay, au gamedesign, à la manière de raconter une histoire ou d'impliquer le joueur que l'on trouve habituellement dans un jeu vidéo.
Le joueur est d'ailleurs immédiatement plongé dans le vif du sujet, sans passer par la moindre introduction, ni aucun détail sur les subtilités du gameplay. Ainsi, c'est à chaque joueur de comprendre, d'assimiler les différentes règles du soft, et c'est à lui de décider s'il va les respecter ou non. Car pour dire les choses clairement, si la majeure partie des joueurs appercevront les crédits de fin en deux à trois heures de jeu, rien ne les empêche d'y parvenir en moins de vingt minutes. Ainsi, il en revient à chaque joueur d'aborder flOw à sa façon, ce qui procure un sentiment de liberté énorme (malgré la taille relativement faible des zones visitables).
La force de ce jeu est d'ailleurs de mélanger une apparente simplicité (dans le visuel et les contrôles, par exemple) avec un soucis du détail et une volonté d'aller véritablement au bout de l'idée, sans faire aucune concession. Du coup, aucune clef n'est livrée au joueur pour comprendre l'éventuel sens de ce jeu. Mieux, c'est à lui de voir s'il veut que tout cela ait un sens.
Dans mon cas, j'y ai vu (comme la plupart de ceux qui ont accroché, sans doute), un jeu d'une beauté hypnotisante, faite d'organismes articulés flottant dans un monde liquide à la recherche des différents éléments qui viendront enrichir son existence. Un univers qui est une ôde à la vie, à son apparition sur la planète Terre, à sa prolifération, à son évolution. On s'y sens bien, grâce à des effets lumineux qui irradient le premier plan, mais illuminent aussi l'arrière plan dans des flous magnifiques, agissant comme l'ivresse des profondeurs, nous faisant perdre la notion du temps et de l'espace. La bande son minimaliste et apaisée participe elle aussi de cette expérience richissime, tellement simple et aboutie qu'elle est un appel à la rejouabilité, aux sessions de jeu courtes mais répétées.
Bref, un jeu désarmant tant il offre de cohérence, de simplicité, de beauté, de liberté, avec aussi peu de moyens apparants.