Cela fait déjà 20 ans que ce jeu est sorti. Et c'est pour moi, toujours la même claque. Il est vrai que techniquement, le jeu a un peu mal vieilli : entre l'aliazing clairvoyante, les pnj qui traversent des portes de voitures ou encore les flics qui ne réagissent pas à une personne écrasée par terre; il est clair que c'est risible. Néanmoins, outre les graphismes qui font très jeux PS2 du début des années 2000 (bien que je trouve que ça passe beaucoup mieux que GTA San Andreas par exemple), le jeu dialogue bien plus avec le cinéma que tous les jeux tirés de films sortis à la même période. C'est ce qui constitue la force de toute la franchise GTA (et même des jeux rockstar en général), c'est son héritage cinématographique plus qu'évident en même temps de s'en affranchir pour partir dans un direction propre au jeu vidéo et dont le cinéma ne pourra jamais côtoyer.
Et Vice city, ne fait évidemment pas exception à la règle malgré le fait que - et je trouve que ce serait l'un des défauts du jeu - il montre trop sa référence à Scarface de De Palma (1983). C'est-à-dire que le jeu, même s'il en n'est pas une repompe absolue, est trop référencé à Scarface dans son histoire. Mais c'est aussi là que l'on voit que ce film de 1983 est l'un des films (avec je pense Die Hard 3) qui a créer le concept même de GTA. L'ascension de Tony Montana est la même que tous les héros des Grand Theft Auto, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Tout comme ce que montre De Palma, Vice City est un jeu qui a un regard très sombre sur l'Amérique avec énormément d'humour et de dérision (l'humour de Rockstar, on le connaît bien).
Et tout comme Scarface ou un cinéaste comme Michael Mann (qui est l'une des références majeure des frères Houser), le jeu (comme tous les autres) a très bien compris que malgré sa critique violente et acerbe sur l'Amérique dans tout ce qu'elle a de plus détestable; l'esthétique, l'ambiance et le gameplay reste chatoyant. On a envie d'être dans une ferrari à parcourir les plages de Miami Beach en sirotant du cocktail, cela reste quelque chose de fascinant. Ce n'est pas étonnant que le jeu se passe dans les années 80 (surtout en 1986, qui est une année où l'Amérique de Reagan frappe tellement en force qu'elle en dévient caricaturale : au cinéma, on a des films comme Cobra ou Top Gun, qui sont des films de propagande) , avec cette atmosphère chatoyante, plaisante et fascinante. Malgré sa critique, il y a une fascination assumé de la part de rockstar pour les années 1980, car même si cette période est un proie facile pour émettre une critique sur le néolibéralisme et le capitalisme américain, c'est en même temps une période qui nous fascine justement par son exubérance. Rockstar a digéré tout cela en proposant au joueur une expérience plaisante, sans pour autant s'abstenir dans son regard sinistre et critique. Michael Mann, l'avait très bien compris en créant la série Miami Vice (1984), qui est comme par hasard une référence absolue à Vice City, en acceptant le monde contemporain, le consumérisme et l'aspect publicitaire qui l'inonde, tout en étant extrêmement critique en racontant des histoires très sombre.
Enfin, le concept aussi de plus on commet de crimes, plus l'indice de recherche montera; c'est finalement la fin de Scarface : on peut continuer à essayer de survivre le plus longtemps possible, finalement on sait très bien que le jeu nous aura.
Je passerai les autres références cinématographiques, car ça serait bien trop long, mais il est clair que GTA Vice City est un jeu qui n'aurait jamais du sortir en 2002. Le jeu a au moins 10 ans d'avance sur ce que sera la mode de la nostalgie des années 2010. Tout comme GTA 5 qui est un jeu très actuel (notamment sur ce qu'il raconte sur le journalisme contemporain).
Au-delà de ça, le jeu est donc plaisant à jouer et vraiment immersif sur une certaine vibe de ce qu'était aussi culturellement les années 1980 en occident, notamment grâce (ou à cause, prenez le comme vous le voudrez) au pouvoir culturel américain sur l'Europe (parce que les méchants communistes ne savaient rien faire). Et cela se voit aussi juste pour la musique, et c'est en cela que le jeu est aussi génial. Je peux apprécier juste de me balader en voiture ou en moto (oui car il y a la radio sur les motos, évidemment) en écoutant la radio. Entre Laura Branigan, tears for fears, The Pointers Sisters, Michael Jackson ou encore INXS; tout cela participe à la fois à l'ambiance du jeu mais aussi à l'expérience unique de chaque joueur grâce au pouvoir de la musique.
Enfin, ce qui fait aussi la force du jeu, comme dans tous les GTA, c'est cette liberté en tant que criminel qui nous est offerte sans que l'on soit forcé à l'être. C'est-à-dire qu'au-delà de l'histoire qui nous oblige à tuer des méchants latinos, français ou irlandais; au sein de son monde ouvert on est à aucun moment obligé d'écraser des gens ou de commettre un massacre avec une mitrailleuse (même si le car jacking, avouons-le, est quand même bien recommandé). On peut le faire, mais on n'est pas obligé de le faire. Le jeu teste notre propre morale. C'est quasiment Nietzschéen dans sa vision de la morale. Moi, j'adore écraser des gens en ayant avant volé une voiture, tout en ayant fait explosé des camions avec un Bazooka entre temps. Ma pulsion de mort s'est réveillé olala.