Le souffle épique de la SF grand public !
Commençons, comme il est d'usage dans les critiques utilisateurs de l'interweb qui font l'apologie de l'individu, par une anecdote, une histoire personnelle annotée en marge, afin de tisser un rapport tout à fait intime avec le sujet... n'est-ce pas.
Il m'a fallu de nombreuses années pour comprendre l'engouement qui se cristallisait autour de cette série. A l'époque où Halo premier du nom sortait, je me battais avec mon Pécé pour faire tourner un certain Morrowind, et je n'avais pour ainsi dire pas de temps à accorder à ce FPS console qui eut, de surcroît, la bonne idée de sortir sur une machine proprement inaccessible et que je regardais d'un air parfaitement méprisant, dans la vitrine de ma boutique locale.
Des années passent, un Halo 2 est annoncé, et là un ami, encore sincère à ce jour, ce très cher Mr. BeauGosse (afin de préserver son anonymat) exalte à l'idée de prolonger ce qui semblait être une expérience très marquante pour son esprit de jeune geek (mais Beau Gosse, l'ai-je déjà précisé ?) d'Ile de France (une espèce que je découvrais à l'époque, étant donné que je ne suis qu'un PUTAIN DE CAMPAGNARD). Certainement animé par une volonté farouche d'affiner mes faibles compétences d'anthropologue, je propose au lascar de célébrer l'évènement dans les règles de l'art, en ramenant [d]son monstre[/d] sa Xbox en ma demeure (sisi clos la garenne, 94 en force !) autour des victuailles d'usage. Saucisson, soda (nous étions ado, un peu de compassion), pizza... OK, on s'en fout.
Et là, ce ne fut pas la claque. J'étais même tout à fait sceptique. J'ai passé un bon moment certes, grâce au coop, au saucisson, aux véhicules... aux potes donc en majeure partie. Mais tout ce déballage d'uniformes, de poses militaires, de tanks et la gueule cataclysmique de l'Amiral Hood m'ont tout de même donné des frissons, et pas des bons. Bref, je me suis dit que je ne prolongerai probablement jamais l'expérience avec cette franchise qui n'était peut être, tout simplement, pas faite pour ma sensibilité de petit geek-pseudoténébreux-amoureuxdeGrenatdeFFIX-maisquisedéfoulaitsurUT2004.
Résultat, pas touche à Halo jusqu'en l'an de garce 2006 où comme tout lycéen fainéant et loser (il y a aussi les bosseurs et ceux qui racontent du bullshit pour serrer des nanas, il parait, mais moi j'étais un fainéant et le bullshit je trouve ça sale), je passais mes journées de Juillet à glander avec un copinou qui n'avait lui même rien de mieux à faire que de regarder Jeppers Creepers 2 en screener VF. Surpris par mon rejet (courtois) vis à vis de la franchise de Bungie, il me fit promettre de faire ensemble la campagne du premier épisode en coop. Inactif, et probablement sauvagement abruti par la projection de Jeppers Creepers 2, j'accepta.
Et là c'est la bonne surprise. On s'amuse. Sincèrement ! En jouant à Halo ! On termine le jeu le soir même, et on enchaîne avec le 2 le lendemain. Ok, il y a des militaires lourdingues, mais il y a aussi des bestioles marrantes, au comportement parfois surprenant et surtout, une bonne variété dans les environnements. On peut prendre le temps de se poser deux minutes pour observer un joli panorama et entre deux fusillades frénétiques, on se surprend à constater que cet univers de la démesure est capable de nourrir une démarche introspective inattendue.
C'est donc ce que je retiens d'Halo. Le fun de l'utilisation des véhicules, la démesure de ses environnements (même cloisonnés), la frénésie de ses affrontements. Qu'est-ce qu'Halo 4 est parvenu à ajouter à tous ces éléments ? Une dimension épique. On la sentait déjà dans certaines phases des anciens épisodes, c'était un poil retombé avec Reach qui a choisit de concilier univers martial / drame humain (kof kof, ne fait pas Battlestar Galactica qui veut), mais ici, c'est la relance, et à l'échelle de tout le jeu. Très bien rythmé, parfaitement sound designé (en tous cas sur la version UK avec le doublage et le mixage original), la campagne se veut à la fois immersive/spectaculaire/contemplative en nous épargnant toutes les facilités de mise en scène proprement imbuvables des productions contemporaines de salon... autrement dit des ralentis et des gros scripts bien sales qui font passer une cut-scene pour une phase de jeu (on a toutefois le droit à 1,5 QTE sur toute la campagne, CA PASSE).
Les maps m'ont étonné, compte tenu de ce que j'ai pu lire dans la presse. Ca n'est pas du tout couloir. Certes, le déroulement de la campagne est linéaire, mais les cartes proposent le plus souvent de multiples solutions de progression si bien qu'avec un minimum de faculté d'observation il est tout à fait possible d'optimiser son parcours en fonction de son arsenal et du comportement des ennemis. Aussi, les nouveaux adversaires sont réellement de nouveaux adversaires. Sans trop en dévoiler, ils ont tendance à délocaliser le combat sur de la moyenne portée là où les Covenants s'appréhendaient de mon point de vue plutôt sur deux pôles radicaux (grande distance / corps à corps). Leur arsenal contribue d'ailleurs grandement à ce déplacement de l'action en plus de fournir de savoureuses possibilités tactiques grâce à leurs grenades dédiées (qui servent davantage à faire du contrôle de terrain qu'à faire du dégât à proprement parler) mais aussi grâce à leurs sentries.
Enfin, les phases en véhicules font très souvent offices de cerises sur les (!) gâteaux, je n'en dirai pas plus.
Toute proportion gardée (FPS console / SF Grand Public / Univers dominé par les militaires), c'est donc une franche réussite qui renoue tout de même grandement avec l'ambiance d'origine. Halo n'a pas la prétention d'avoir un univers aussi riche et interactif qu'un X3 : Terran Conflict, ça ne l'empêche pas de proposer une expérience frénétique et enthousiasmante dans un univers de SF accessible, mais non moins respectueux des codes du genre.
P.S. Mode Héroïque obligatoire pour la première partie.
P.S.2. Et fini les floods ! ENFIN !
P.S.3. La VF est une parodie, achat en Angleterre REQUIS.