Imaginez un jeu communautaire où tout se passe exactement comme on l'avait prévu. On joue une partie et puis deux et puis trois et on commence à se lasser de cette monotonie. Construire l'atelier, la tour ou la porte, aller dans le désert et attendre le lendemain pour recommencer.
Heureusement sur Horde, il y a d'autres joueurs, des joueurs un peu plus dans l'esprit du jeu. Des joueurs comme moi.
Horde était un monde sans foi ni loi et croyez-le si vous le voulez mais j'ai fait preuve d'un acharnement à toute épreuve à respecter ce précepte. Outre le pillage de banque et l'ouverture de porte à 23h59, qui sont les exercices de base d'un hordeux de ma trempe, il faut bien sûr faire mention des nombreuses conspirations, vidage du puits, vols, agressions et autres pendaisons surprises en comité. Je salue à ce titre le gang des pendeurs fous qui m'ont intégré à leur petite organisation criminelle le temps d'une partie mouvementée.
Moi humble escroc solitaire, je n'avais pas un aussi grand pouvoir de nuisance, c'est clavier en main que je signais mes plus grands faits d'arme. Le forum, c'est l'arme mortelle de Horde, LE truc qui rend accro'. Encore et encore je baratinais comme un arracheur de dents pour me mettre dans la poche quelques citoyens et retarder l'inéluctable.
Au panthéon des fourberies, citons ce malheureux villageois que j'aie convaincu d'aller me porter de l'eau dans le désert (malgré mes états de services déplorables) en échange d'une drogue qu'il ne vit jamais. Il finit sa nuit au milieu des zombies et moi dans mon plumard bien caché derrière les murailles. Il était pourtant travailleur, un bon citoyen...
Citons aussi cette ville, à quelques encablures du record de longévité, que j'aie poignardé dans le dos. Un bluff improbable me propulsa responsable de la porte, panique monumentale sur le forum quand on s'est aperçu que le préposé habituel avait dépensé tous ses PA. La suite coule de source et moi, dernier survivant barricadé derrière mes défenses chouravées à droite et à gauche, j'empochai alors les jours de héros au nez et à la barbe des fiers stakhanovistes qui avaient porté la ville jusque là.
J'étais peut-être un saboteur, mais un saboteur franc. Pas une seule fois je n'ai caché mes intentions, j'annonçais la couleur dès le premier jour mais que voulez-vous, j'étais si sympathique. Un style, une gueule, un personnage, Tanaziof emmenait les gens à l'abattoir, avec le sourire.
Tout le monde a eu un jour un boulet dans sa ville. Le boulet... c'était moi!
Sévissant sur deux comptes et plus (c'est interdit, bien entendu), j'ai ravagé un bon paquet de villes. Mais si j'ai mal agi, je l'ai fait pour vous, pour apporter toujours cette dose d'imprévu, ce piquant, ce petit truc supplémentaire qui insufflait la vie et redonnait la motivation. Combien d'abandons par lassitude sans moi et mes semblables? Même les concepteurs ne l'ont pas compris, les diverses mises à jours et surtout la V3 ont bridé considérablement le potentiel d'une personne seule et donc le mien mais ceux des premiers temps savent bien ce qu'ils me doivent.
Cent fois banni, autant de fois pendu. Remerciez-moi.