Profitant d'un temps libre imposé et d'un petit revendeur en milieu rural ayant reçu un jeu bien à l'avance, j'ai finalement cédé pour ce Forbidden West que je m'étais pourtant promis de ne pas faire à sa sortie. Je fais ici mon propre procès; il ne me reste donc plus qu'à me poster sur Twitter avec la photo du jeu, voire d'aller geindre comme les grandes pleureuses faiseuses de guide parce que les vilains de chez Bandai Namco ne m'envoie pas Elding Ring suffisamment à l'avance, à moi, petit privilégié à 2 balles et j'aurai enfin intégré la masse grouillante et puante de tout ce que je déteste aujourd'hui sur Internet.
Ce petit interlude car, disons le, les internets ont à nouveau pu nous prouver leur grande efficacité lors de la publication des tests de cet Horizon nouveau. 19/20, chef d'œuvre encensé chez les uns, arnaque et jeu buggé jusqu'à l'os chez les autres (mais n'oubliez quand même de vous abonner et de rejoindre ma page Ulule). Bref, HFB, arnaque ou jeu du siècle? Ni l'un ni l'autre à mon sens mais évidemment, il faut y passer plus de 3 heures pour être capable d'en discuter ou posséder un zeste d'esprit critique permettant d'envisager un tout sans gueuler pendant des heures sur des mécaniques boiteuses.
Le jeu est la suite immédiate du précédent opus, à quelques mois prés, Aloy reprend sa quête éternelle de sauvetage de monde déjà mort à la recherche d'une copie de Gaïa (sur une grosse clé USB water coolée jaune fluo) pouvant relancer tout ce bordel et nous permettre de nous massacrer entre nous sans craindre une nouvelle apocalypse. Un bref passage par Méridian, nous amènera à explorer les Cagnards pour participer à l'ambassade (SIC) et enfin atteindre l'ouest prohibé (Re-SIC). Sans trop spoiler disons que tout cela nous lancera à la poursuite non pas du diamant vert, mais bien d'une série d'IA récalcitrantes, paranoïaques et angoissées afin de préparer Gaïa, responsable en cheffe de la terraformation, à absorder une autre IA pour affronter des pourris expéditeurs de signaux destructeurs. Résumé boiteux, je vous le concède. Il n'empêche que, pour peu que vous ne développiez pas une allergie au champ contre champ et que vous vous sentiez l'envie d'explorer un peu les choix de dialogues, tout cela se suit avec plaisir et apporte une certaine ampleur au premier récit.
Plus que jamais HFB est une belle proposition de voyage. Nous vivons pleinement ce parcours et la recherche assez désespérée de notre clone de Liz (c'est du spoil ou pas?) à travers des environnements variés, de tribus bigarrées et des grosses machines décérébrées. Amateurs de 4K, analystes des effets de particules et esthètes du ray tracing, au risque de vous faire parjure et de me ramasser en commentaire une vidéo de 2h d'analyse de Digital Foundry dont je me fous, je tiens à dire qu'à mes yeux de néophyte le jeu est très beau. J'y ai joué, et je sais cela inacceptable, je souscris à vos griefs, en mode fidélité à 30 FPS sur une TV d'un certain âge mais correcte et franchement, je me suis souvent surpris à m'arrêter au sommet d'une falaise, au détour d'un désert, sur un pont en ruine ou dans les troquets des quelques cités pour apprécier l'univers du jeu. Sur ce point, je trouve que nous sommes là face à une plus grande réussite encore que le premier Horizon. Plus encore, les fonds marins, les quelques grottes, mines, creusets et autres labos désaffectés parviennent à retranscrire l'idée d'un monde passé où subsistent quelques réminiscences matérielles. J'ai aimé me perdre dans cet Horizon, sur ce point le contrat est rempli.
Autre aspect positif, les dinos robots sont de retours, plus agiles, plus agressifs et plus nombreux et, en difficile, je dois avouer qu'ils sont souvent passés sur le corps de notre jeune rousse pas toujours très habile (excuse de sac, je sais) quand il s'agit de placer une roulade digne d'un Dark Souls 2 sans adaptabilité. Par contre, affronter ces créatures qui n'ont de robotiques que leurs plaques restent un plaisir viscéral qui fonctionne à merveille. Hormis les productions From Software, j'ai d'ailleurs peu d'autres exemples en tête d'affrontements aussi variés et impliquant pour le joueur.
Avant de passer au côté vexatoire de cette critique, j'ajouterais que l'histoire de ce deuxième opus à la mérite d'apporter rapidement de nouveaux éléments qui s'enchainent sur un rythme correct et, hormis une fin servant plus de gros teaser que de vraies révélations, on ne s'ennuie pas. Un effort a aussi été fait sur la scénarisation et les objectifs des quêtes annexes (du moins les points d'exclamation vert) qui sans nous transcender nous permettent d'approfondir un peu l'univers et évite un peu le 'Ah, Sauveuse, j'ai égaré ma chopine sur le museau d'un sanglochon robotique légendaire, elle m'avait été offerte par ma mère dévorée par un gnou androïde. Peux-tu me la ramener?"
Pourtant, il y a quelque chose de pourris au royaume l'ouest prohibé. Je décrivais tout à l'heure les tribus comme étant bigarrées... La formulation n'est pas exacte. je crois que qualifier le design des personnages d'Horizon de parodie inclusive grotesque est plus juste. J'ai rarement vu si peu d'inspiration au niveau des tenues des PNJ, de leur apparence insipide tout en neutralité, parfois maigres, parfois gros, d'ethnies différentes et propres sur eux. Pour la cohérence post apo on repassera. Tout le monde est aussi lisse et insipide qu'une influenceuse mode. J'exagère un peu, mais cette parade Wish m'a sorti plus encore du jeu que dans le premier épisode. PNJ tout aussi cloné que notre héroïne d'ailleurs, tant les triplés et quadruplés (jusqu'aux tenues parfaitement identiques) placés l'un à côté de l'autre sans aucune réaction semblent avoir échappés à des développeurs trop pressés de sortir leur jeu. Petite remarque supplémentaire, sur la VF que j'ai trouvée lamentable, surjouée et parfois hors de propos. Le Bouhouuuuuu scandé par la population en colère de Socroc au départ d'un usurier véreux m'a convaincu de repasser à la VO d'urgence. L'atmosphère musicale est par contre brillante et souligne parfaitement les moments calmes ou d'actions.
Au niveau du système de jeu, 2022 oblige, nous retrouvons nos arbres de compétences multiples bourrés d'aptitudes passives ou actives à débloquer. Là aussi, c'est bien plus généreux que dans le premier, pendant les premières heures, voire la première moitié, on a le sentiment de se construire un build en piochant à droite et à gauche, mais au final cela complique la fluidité et colle mal avec la proposition d'ensemble. Un exemple, la maîtrise et les compétences liées aux arc de guerriers se trouvent dans l'arbre combattant (certes, c'est cohérent), alors que l'arc de chasseur, lui demandera des points de compétences dans son propre arbre. Du coup, pour peu que l'on souhaite essayer certaines armes à distance on se retrouve à piocher à droite, à gauche pour ne finalement rien construire, mais, juste valider des cases. Ce n'est pas pertinent ou porteur. En soi, la multiplication des arbres de compétences ne me dérange pas, au contraire, j'aime le sentiment que mon personnage n'est peut-être pas le même que celui de tous les autre joueurs, mais il y a ici une antithèse entre la proposition et son application trop cadrante. Je salue toutefois la volonté de proposer de nouvelles manières d'aborder les combats avec des compétence de bravoure pouvant faire tourner un affrontement mal embarqué à notre avantage ou des manières différentes d'utiliser des armes (Chargés 5 flèches, faire rebondir les bombes pour plus de dégâts, etc.). Le problème, c'est que là aussi ça devient vite le foutoir... La roue des armes est encombrante et mal pensée, entre les munitions à crafter pour recharger, les changements de fonction d'armes avec le pavé directionnel, on est continuellement sorti du combat et le rythme en prend un coup. Parfois le trop est l'ennemi du mieux...
La gestion du loot me laisse aussi perplexe dans Horizon. Aurait-il été compliqué dans une carte bourrée de points d'intérêts de récompenser plus pertinemment l'exploration. Les 3/4 des coffres que vous découvrirez, vous donneront accès à des matériaux permettant de fabriquer/améliorer des armes et tenues... Trop rarement, le joueur se verra récompensé par un loot utilisable immédiatement, là aussi, n'est-il pas temps d'en finir avec ces lieux à cocher en faisant confiance au joueur et en acceptant de le laisser errer parfois? Breath of the Wild a 6 ans et fait toujours mieux... A propos de faire mieux, quand je constate que l'escalade d'un Assassin's Creed Origins est mieux gérée que dans ce HFW couvrant les parois de marques jaune orange indiquant où s'agripper, cela me désole aussi. Etait-il compliqué, bordel de bordel, de foutre en plus du bouclier- paravoile pas terrible et d'un grappin mal intégré, une foutue jauge d'endurance à Aloy quitte à revoir quelque peu la manière d'envisager l'accès aux lieux??? Franchement, longer chaque con de mur en sautant tel un youtubeur sur une OPE, ça lasse vite. Les différents modes de difficulté proposés ne sont pas toujours des plus inspirés également... En gros 'plus tu mets dur, plus ça tape fort et ça a de la vie'. Reste des options d'accessibilité variées, mais parfois bien planquée permettant de paramétrer tout cela à sa guise.
Attention, cela ne vient pas ternir le tableau d'ensemble, cet Horizon est un bon jeu, pas un grand jeu, non; mais on sent le travail, l'investissement et la générosité de l'équipe derrière. Comme souvent, quelques petits mois de plus lui aurait fait du bien et aurait éviter de donner du crédit à nos pseudos défenseurs des consommateurs, héros des temps modernes sur leurs chaînes , après 4 heures de jeu. Quelques mois lui aurait aussi permis d'éviter une confrontation avec Dark Ring 4 sortant dans quelques jours. A ce sujet, si cet Horizon vous intéresse, ne vous pressez pas. Les patchs et correctifs à venir vous permettront de profiter bien mieux de l'expérience et contrairement, à l'idiot que je suis, vous pourrez prendre le temps. Ceci dit, ma quarantaine d'heures passées avec Aloy m'a déjà convaincu de refaire l'aventure dans quelques temps et surtout de foncer sur la prochaine suite d'une licence intéressante et honnête.