Après le fantastique KH II, j'ai très vite lancé la prequelle de la série. À l'inverse du deuxième épisode canonique, ce n'était pas la première fois que je faisais ce jeu. D'abord quel plaisir de retrouver ce trio attachant. La trame du jeu est certes archi classique, mais elle reste efficace et curieusement rafraîchissante dans le microcosme de Kingdom Hearts. Les mécanismes tragiques de cet épisode fonctionnent et sont relativement simples comparés aux circonvolutions du reste de la saga. L'épilogue clôt joliment un récit qui pourrait d'ailleurs se suffire à lui-même.
Cette image d'un Ventus endormi dans le manoir oblivion dans l'attente d'un ami pour le réveiller de sa torpeur résume parfaitement
les émotions que provoque le récit : une mélancolie lancinante et longue.
Aucun des personnages ne meure, non, le sort qui leur est réservé est bien pire puisqu'ils sont tous enfermés dans un état de solitude éternelle, isolés les uns des autres, attendant une réunion providentielle.
C'est là le sujet principal de BBS : les liens, qu'ils se fassent ou se défassent. Cette thématique s'exprime jusque dans la mise en jeu de BBS avec la mécanique de lien-D. Faisant office d'invocation, le lien-D s'imbrique dans un système de jeu nouveau pour la saga : les jeux de commandes. À l'inverse des épisodes canoniques dans lesquels Sora avait accès à toutes ses compétences via le panneau de commandes, ici, il faudra choisir les compétences que l'on voudra utiliser, des attaques, des objets et des sorts. Ces commandes pourront être améliorées et fusionnées pour en obtenir d'autres tout en débloquant des capacités qui augmenteront les possibilités ou les statistiques du personnage contrôlé. En utilisant certaines commandes on pourra déclencher une furie appelée style de commandes. C'est là qu'interviennent les liens D qui représentent les différents panels de commandes et coups de grâce des amis que l'on se fait sur le chemin. L'idée est bonne mais l'exécution un peu moins : on accumule beaucoup de liens D au cours des 3 aventures mais leur puissance dépend toujours des stats de notre personnage. Aqua par exemple a une force physique assez faible, l'utilisation d'un lien D avec des commandes d'attaques physiques uniquement risque donc de la mettre en danger. C'est dommage parce que ça ne nous pousse pas du tout à utiliser la variété de liens d qui donnent la part belle aux commandes du jeu avec des animations de coup de grâce uniques. En parlant d'animations, le jeu est somptueux sur la psp et d'une grande générosité aussi bien en termes de graphismes que de contenu. Il faut aussi mentionner la bande originale de Yoko Shimomura qui participe à la beauté et à la richesse du titre. Finalement, BBS souffre surtout de deux choses, à savoir son trop plein d'ambition et la comparaison avec son grand-frère. Le dispositif narratif du jeu avec ces 3 personnages à incarner est intéressant mais il est un peu obtu. Les capacites et les commandes que l'on débloque pour un personnage ne sont pas mutualisées, par exemple. Par ailleurs, quand on finit la partie d'un personnage on n'a pas forcément eu le temps de pouvoir effleurer la richesse et la complexité des systèmes de jeu. Les combats sont un peu plus flottants et moins immédiats que ceux du second épisode. Mais il serait injuste de sortir le jeu de son contexte de cette manière. La première fois que j'ai fait le jeu c'était devenu un indispensable pour moi, au même titre que KH 2 quand je l'ai fini l'année dernière. En le refaisant, j'ai certes grandi et je vois les quelques faiblesses du jeu mais je me rends d'autant plus compte de sa générosité et du tour de force qu'il représente.