Avant de commencer j’aimerais clarifier deux points :
- J’ai tenu à être le plus objectif possible durant l’écriture de cette critique
- Cette critique peut contenir quelques spoilers (vous êtes prévenus)
J’ai une relation particulière avec la saga des Kingdom Hearts. Je me souviens de ma réaction lorsque j’ai découvert le concept très original de la série sur des magazines de jeu vidéo du genre Console + ou Joypad. Sans parler de l’arme du protagoniste principal : la keyblade.
Je me souviens de l’intro japonais magnifiquement interprété par Utada Hikaru pour le deuxième épisode. Cette intro a bercé le jeune adolescent que j’étais alors que je n’avais alors jamais touché à cette série.
Je me souviens être tombé par hasard sur la fin cachée de KH 2 final mix en surfant sur le net. Cette même fin qui quelques années plus tard, m’a motivé à me procurer l’épisode psp, Birth by sleep.
Je me souviens de mon état émotionnel lorsque j’ai lancé Kingdom Hearts 2 pour la première fois et ai entendu l’une des plus belles compositions vidéoludiques: dearly beloved.
Néanmoins, je ne me souviens pas de la raison qui m’a poussé à abandonner ma partie. C’est dans le but de me remémorer tous les bons souvenirs de ma période juvénile et cette fameuse raison d’abandon que j’ai à nouveau lancé la partie il y a maintenant 2 mois.
Histoire de vous immerger dans l'ambiance je vous invite à lire la suite avec ce fond musical: https://youtu.be/C3H1H-8cfps?t=3m57s
Passé la cinématique d’introduction, je ne comprends pas trop ce qu'il se passe, j’incarne un personnage autre que Sora -le protagoniste principal de la série- dans une ville quasi-déserte. On réalise des tâches anecdotiques (jongler avec un ballon, livrer des colis) histoire de se payer une petite virée à la plage avec ses amis.
Ce prologue à l'allure de didacticiel peut en rebuter plus d'un avec son rythme lent, et ses dialogues niais.
D'ailleurs le morceau que vous écoutez en ce moment même retranscrit très bien l'ambiance à ce stade du jeu.
Il (le prologue) m'a paru superflu au premier abord, mais avec du recul je me suis vite rendu compte qu'il était indispensable pour la "trame" du jeu.
La trame principale du jeu parlons-en, on m'avait vendu un scénario ultra riche traitant de sujet sérieux: quête de soi, dialectique rêve/réalité, question métaphysique. Si les deux premiers sujets sont abordés brièvement et assez maladroitement, je n’ai pas vu où la question métaphysique a été abordée.
Ce que j'ai vu par contre, c'est un scénario basique bourré de cliché qui tente de brouiller le joueur avec des pseudos théories inutilement complexes.
En plus d’être souvent creux, les dialogues décrédibilisent le tout avec des phrases du genre : « tu ne sais pas te battre nananère » et des tentatives de réflexion philosophique du genre : « celui qui ne connaît rien ne comprend rien ». On a du coup l’impression que les concepteurs ont essayé en vain de parler de sujets sérieux.
Passé le prologue, la quête de Sora de Donald et de Dingo va se résumer à…… chercher Riku son ami d’enfance.
Ainsi, Sora va voyager de monde en monde pour trouver Riku et faire des choses qui n’ont rien à voir avec ses recherches comme chanter avec une sirène amoureuse ou confectionner des cadeaux pour le père Noël.
On peut séparer le jeu en deux parties : la première partie où l’on découvre les mondes sans réelle évolution scénaristique et la seconde partie -plus intéressante- où on redécouvre ces mêmes mondes avec cette fois, une vraie progression scénaristique.
La structure classique de la première partie est la suivante: arriver dans un nouveau monde, faire ami avec le héros Disney du coin, battre le vilain et ouvrir une porte vers un autre monde (avec toujours la même cinématique).
Cette redondance est carrément assommante et on voit le dénouement de chaque histoire arriver à des kms. "C’est une histoire pour enfants!" me direz-vous, ça n'explique pas la paresse des scénaristes qui se sont contentés de reprendre les histoires des univers Disney en y intégrant Sora et quelques sans cœur.
Heureusement, les dernières heures de jeu sont plus prenantes.
D’un point de vue technique cependant, le jeu est réussi surtout pour l’époque. Les animations sont réussies, les effets visuels sont beaux et les graphismes sont fins bien que peu détaillés. La modélisation des personnages est réussie et les cinématiques sont de toute beauté mais, les environnements ne regorgent pas toujours de vie.
En plus, les personnages de la série Final Fantasy ne sont pas toujours bien intégrés dans l’univers. J’ai l’impression que certains personnages comme Sephiroth sont là pour remplir un quota et c’est regrettable.
Le gameplay est dynamique façon Final Fantasy 7 advent children (comprenez combo aérien et tranchage de building) bien que répétitif. J’insiste sur la répétitivité du gameplay puisque la progression se résume souvent à appuyer sur la touche x. On a alors tendance à se demander si il s'agit réellement d'un A-RPG et non d'un beat them up.
Autre problème, la difficulté n’est pas toujours bien dosée. Il m’est arrivé d’avancer dans un niveau en appuyant simplement sur x avant de tomber sur un boss capable de me tuer en un coup.
Le système d'action contextuelle est tout bonnement génial en revanche, enfin, surtout pour les combats de boss. Mention spéciale pour le tout dernier combat, très nerveux, qui est une vraie réussite.
Le plus gros point noir reste tout de même la linéarité du soft et le peu d'interactions intéressantes avec les mondes parcourues. En effet, les mondes se résument souvent à des couloirs, surtout ceux de Disney.
Je peux citer le monde de Tron avec sa musique insupportable ou celui de Mr Jack qui est sans intérêt.
Je redoutais particulièrement le monde de la petite sirène avec son karaoké mais contre toute attente je l’ai trouvé rafraîchissant. C’est celui qui m’a le moins blasé car rapidement expédié.
Surtout si on le compare au monde vide de Mulan.
Franchement, ce passage est risible puisqu’on visite un camp militaire peuplé seulement de 3 ou 4 soldats en pleine période de conflit. Il n’y a vraiment aucune atmosphère, et aucune crédibilité, dommage.
Je passe volontairement les phases de shoot à bord du vaisseau gummi qui fait penser à un sous Starfox.
(Pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle, il s’agit d’une phase de shoot them up entre chaque monde à bord d’un vaisseau Lego. L’intérêt ? Je le cherche encore.)
La bande-son est très bonne malgré quelques ratés.
En effet on frôle l'excellence (avec des morceaux tels que: Dearly beloved, Fragment of sorrow, roxas theme) de la même façon qu'on côtoie les abysses de la médiocrité avec des morceaux tels que la reprise du thème "he's a pirate" qui a perdu tout son côté épique (rappelez Hans Zimmer par pitié!).
On remarque toutefois que les musiques les plus réussies sont celles qui concernent les mondes crées pour la série et pas celles des mondes Disney.
Les doublages sont globalement réussis ce qui contribue grandement à l'attachement aux personnages. Dingo ou le génie d’Aladin par exemple, sont très bien retranscrits par les doubleurs français, bravo à eux.
Question durée de vie je l'ai bouclé en 25h sans faire les quêtes annexes donc ça reste correct pour un J-RPG.
Kingdom Hearts II est un jeu qui a certes des qualités mais pas au point de mériter une telle renommée.
Il est beau, il a une belle bande-son avec des morceaux mémorables mais est malencontreusement trop répétitif dans son gameplay.
C’est malheureusement un jeu qui se prend trop au sérieux en voulant adopter un ton mature tout en gardant un développement enfantin.
Une fois les crédits de fin passés je me souviens enfin de la raison ou plutôt des raisons qui m’ont poussés à laisser tomber ma partie la première fois.
Je me souviens surtout de mon incompréhension face à un tel gâchis (de mon point de vue) qui, malgré tout, rencontre un énorme succès.
Vous l’aurez compris, Kingdom Hearts II m’a déçu.