Once upon a time Empire Bay

Qu'est donc Mafia II ? Un jeu (d'action) ? Un film légèrement interactif ? Il est parfois malaisé de faire la différence tant 2K Czech nous abreuve de cinématiques à la mise en scène plutôt bien soignée. Pour tenter de définir Mafia II nous allons donc analyser ses parties et faire la synthèse de l'ensemble en considérant ce qui lie lesdites parties pour en faire un tout, à savoir un jeu vidéo. Nous analyserons donc le scénario, la bande son, la mise en scène (ainsi que la présentation) et le gameplay de Mafia II avant de nous pencher sur l'agencement de l'ensemble en un système.

Mafia II nous met aux manettes de Vito Scaletta, américain d'origine italienne envoyé au front participer à l'opération Husky, ayant pour objectif la conquête de la Sicile. Début simple, sans grand chichi, introduisant les commandes aisément maîtrisées du jeu, notamment en ce qui concerne l'évolution dans l'environnement et les phases de shoot. Blessé et en permission, Vito revient à Empire Bay, sorte de New York fictif, où il retrouve son copain Joe, frappe de quartier, compagnon des petits coups de main d'enfance, bandit à la petite semaine qui a su éviter l'envoi au front et faire des affaires avec les affranchis de la ville. Le début d'intégration de Vito dans la pègre locale se fait assez rapidement, au bout d'une cinématique à peine, l'on se retrouve avec un certificat d'inapte au combat, truc tout simple qui nous place immédiatement sur les rails d'un scénario classique de mafieux, empruntant pas mal au cinéma, y compris les clichés sur la communauté italienne aux USA. Tout y passe, la Mamma, la soeur et ses problèmes, les dettes de papa, les dockers, les chinois et surtout le rise and fall classique et les trahisons convenues et prévisibles. Bref, nous nous y retrouvons et c'est un vrai bonheur. Le léger problème est que les choses partent assez vite en live dans la seconde partie de l'histoire, dans les années 50. Si l'histoire du traffic de drogue est bien amenée, elle perd rapidement de son souffle alors que l'histoire part dans tous les sens et laisse un arrière goût de sous exploitation de l'ensemble. Que cela soit les connexions réelles entre mafieux, les indicateurs de la police fédérale ou encore les problèmes de la sœurette et l'histoire de la mort bizarre du père de Vito qui est expédiée en quelques rafales de Tommy Gun. Bref la mise en place de l'intrigue au début, lente et bien amenée, s'emballe de trop et oublie d'exploiter tout ce qu'elle crée, ce qui en plus aurait pu se faire magistralement sans trop de souci et donner un vrai grand jeu et j'aurais pu nommer cette critique "Once upon a time a video game".

Mais ce qui marque vraiment Mafia II, c'est sa bande son. Car là c'est le must, l'expérience à elle seule, celle qui justifie le respect des limitations de vitesse sur la route, celle qui donne envie d'embarquer dans un cabriolet des 50's ou la sympathique Jefferson 42 acquise dès le début du jeu. Tout y passe. Jazz, ska, blues, rock, la musique des années 40 et 50 est là et on le sent bien. Faudra que j'aille voir chez mon disquaire si une BO peut être trouvée car elle vaut bien un best of.

Nous en arrivons donc à la mise en scène, petit chef d'oeuvre qui vient renforce l'ensemble, car elle s'allie au scénario pour donner du bon job. L'aspect italien des personnages est assez travaillé et on a vraiment l'impression d'avoir à faire à ces types si bien campés par De Niro, Al Pacino, James Caan, Marlon Brando et toute la bande de grands qui suivit les aventures d'Antonio Camonte en 1932. La mise en scène donc, car le gameplay, simple et classique (un défaut comme une qualité, on s'embarrasse pas dans un truc novateur ce qui permet de se concentrer sur autre chose), laisse la place à une organisation cinématographique de l'histoire, apparemment unique rempart face aux MMO qui envahissent l'espace, reprend le canevas des films de mafieux classiques. Un cinéphile ne se perdra pas dans Mafia II et mine de rien, pourra assez vite prévoir ce qui va suivre une fois quelques prémisses posées. En plus de la musique, l'on retrouve les bagnoles de l'époque, la mode de ces années, un bon doublage et c'est également un bonheur.

Le vrai défaut de Mafia II, au fond, est la sous exploitation de son univers. Tout est scripté, excluant ainsi la grande liberté façon GTA et en dehors des phases de shoot, il ne reste rien à faire à part aller d'une mission à une autre, voler des bagnoles avec pour seule chose à acheter des nippes (de belles nippes il faut dire) et des armes. Certes c'est intéressant mais on aurait aimé quelques petits boulots en plus (quitte à être scriptés eux aussi) et ce n'étaient pas les points qui manquaient. Que cela soit le faussaire, la brute gérant les docks ou encore la casse du Nord de la ville sans parler du prêteur sur gage et les histoires de la sœur du héros et de la taule, où la seule chose à faire au fond c'est de la boxe alors qu'il y à de quoi faire plus dans une prison aux matons pourris. Il y avait donc de quoi faire dans les missions secondaires et cela n'est pas exploité. On ne peut s'empêcher de le regretter car c'est ce qui aurait pu faire de Mafia II un jeu noté 9, voir 10 si l'on n'était pas parti aussi vite dans le scénario.