* Critique originale disponible sur Duotaku no Sora *
La fantaisie est bien plus qu'un rêve vain. C'est un rêve... qui peut changer le monde.
Dans le royaume d'Euchronie, le peuple est en émoi suite à l'assassinat du roi.
Un jeune homme accompagné d'une fée prénommée Gallica est en route pour la capitale pour une mission bien spéciale : tuer Louis, un officier charismatique de l'armée. Alors qu'ils continuent leur chemin et que des nouveaux compagnons de route viennent s'ajouter à leur petit groupe, une magie du roi s'éveille soudainement, invitant toute personne à venir s'asseoir sur le trône vacant.
C'est donc une longue course au trône qui s'engage !
Metaphor: ReFantazio est le nouveau projet des créateurs des derniers de la saga Persona. Pour ceux qui ne connaissent pas, Persona est une série spin-off de la saga Shin Megami Tensei des studios Atlus. La série a la particularité de nous plonger dans la vie d'un lycéen pendant une année scolaire avec un système calendaire où il est possible d’accomplir des sorties avec divers camarades. Les jeux possèdent également une composante RPG avec des mécaniques au tour par tour.
Suite au succès de Persona 5 – et ses nombreuses déclinaisons –, et dans l'attente d'un éventuel Persona 6, Atlus décide finalement de nous présenter une toute nouvelle franchise avec à sa tête HOSHINO Katsura, une des têtes pensantes de Persona 5. Autant dire que le jeu a connu une très belle campagne de communication avec des trailers flattant la rétine avec une Direction Artistique à tomber et un univers médiéval inspiré de l'heroic fantasy.
Un royaume en perte de fantaisie
Metaphor commence donc dans le Royaume d'Euchronie où vivent 8 races différentes, à commencer par les Clémars, une des tribus nobles et parmi les plus répandue au travers du pays, tout comme les Lusants se distinguant par leurs oreilles longues et pointues. N'oublions pas les Eugiefs qui sont similaires à des chauves-souris, et les Nidias aux larges pupilles. Viennent ensuite les tribus communes tels les Ishkias se caractérisant par leurs ailes d'oiseaux, les Rhoags se distinguant par leur longue espérance de vie, et les Mustaris vivant à l'écart du monde et qui dissimulent leur visage. Et enfin il reste les minorités, à commencer par les Paripus, des hommes bêtes injustement maltraités et enfin les Eldas, une tribu au bord de l'extinction. Ainsi chaque tribu se différencie les unes des autres, ce qui créé de nombreuses inégalités. Là où les Clémars auront de nombreux droits, ce sera tout le contraire pour les Paripus
Notre histoire commence lorsque le roi Hythlodaeus V se fait assassiner. Une disparition qui va mettre le Conseil et le peuple en émoi puisqu'aucun héritier n'est présent pour assurer la relève, car bien des années auparavant, le prince s'est vu infliger une malédiction qui draine sa force vitale et est depuis maintenu caché en lieu sûr. C'est dans ce contexte qu'un Elda (au prénom personnalisable) accompagnée d'une fée du nom de Gallica se met en route pour Grand Trad, la capitale royale. Suite à quelques péripéties, il fait la rencontre de Sthrol, un ancien noble déchu, et Grius, un intermédiaire, avec qui ils se donnent pour objectif de vaincre l'officier Louis afin de sauver le prince du royaume. Mais alors qu'ils se rapprochent de leur but, une ancienne magie royale se manifeste. Celle-ci invite quiconque le souhaite à s'engager dans une course au trône où le vainqueur sera celui reconnu par le peuple. La course au trône étant le seul moyen de terrasser Louis, Le jeune Elda et ses nouveaux compagnons décident de relever le défi.
Long résumé pour décrire ce nouveau projet d'Atlus mais nécessaire pour bien saisir le contexte. Comme vous l'aurez compris, Metaphor va nous plonger dans une longue quête pour s'emparer du trône, une grande aventure qui nous fera voir du pays puisque l'on va participer à tout un road trip à travers le royaume d'Euchronie. Un voyage qui nous fera rencontrer une myriade de personnages, que ce soit des compagnons de voyage, des alliés de circonstance, ou encore des aspirants au trône. Et ce sont leurs histoires qui seront les plus passionnantes à suivre puisque le scénario global sera finalement très simple, notre unique but étant de vaincre Louis, soldat vénéré par le peuple qui cherche à instaurer une ère où seuls les plus forts survivront. Quant à notre personnage, s'il s'engage d'abord dans cette course afin de mener à bien sa mission, il cherchera dans le même temps à accomplir le rêve commun qu'il partage avec le prince maudit, celui d'instaurer un monde où la notion de tribu n'existe pas et où nul n'est discriminé par ses origines. Mais nombreux seront ceux qui se dresseront sur sa route, à commencer par Louis, un Clémar qui a obtenu la reconnaissance toute entière du peuple et qui le défend contre la menace des Humains, des monstres attaquant et détruisant tout sur leur passage. Louis sera donc le principal antagoniste, mais l'on peut également citer Forden, le dirigeant de la Théocratie de la Couronne et chef du mouvement sanctistes, une religion prônant la foi d'un dieu unique.
Ainsi si l'histoire de Metaphor est plutôt bonne en soi, je dois avouer avoir été bien plus touché par les nombreux personnages annexes qui la constitue. Car chacun de ces personnages aura un message à faire passer. On pense notamment à Hesmay qui se joindra à notre aventure dans le but de trouver un endroit où son fils puisse reposer en paix.
Et si les histoires annexes sont excellentes, la dynamique de groupe l'est tout autant, bien qu'un peu précipité. En effet, de nouveaux compagnons se joindront à nous durant notre voyage. Des personnages qui brilleront le temps de leur arc narratif avant d'être rapidement relégué au fond. Et c'est dommage car après ça, il n'y aura que durant notre temps libre que l'on pourra apprendre à pleinement les connaître. Ainsi si leurs histoires annexes sont réussies, il est cependant regrettable qu'en dehors de quelques séquences phares, la dynamique du groupe passe au second plan.
Comme vous pouvez l'imaginer, nous aurons donc beaucoup de compagnons, à commencer par Gallica qui sera notre guide tout au long de l'aventure. Si Gallica ne peut pas se battre, elle saura tout de même nous faire part de ses conseils avisés durant l'aventure et restera toujours aux côtés du héros. De plus, elle ne manquera pas de caractère, sachant parfois envoyer quelques répliques bien senties ! Un sidekick super agréable en fin de compte. N'oublions pas Strohl, ancien noble déchu suite à la perte de sa famille et de son royaume après l'attaque d'un Humain qui se révélera être un vrai bro qui ne manquera pas de courage dans les situations les plus désespérées ! On peut également citer Hulkenberg, une ancienne Chevalière qui a abandonné son titre et est désormais en quête du prince qu'elle n'a pas su protéger des années auparavant. Hulkenberg est assez droite et pourtant elle demeure une femme au potentiel comique indéniable grâce à son appétit conséquent. Mais elle sera aussi bien plus que ça puisqu'elle fera preuve d'une grande stature et demeurera un des piliers du groupe !
En dehors de ces trois héros, il y aura d’autres personnages tout aussi intéressants comme Junah, une cantatrice dévouée à Louis, Alonso un arnaqueur qui possède une des histoires annexes des plus réussies, ou encore Bardon, un homme au grand cœur mais qui par excès de désir de protéger son peuple va instaurer un régime autocratique. Et n'oublions pas More, un homme résidant dans un lieu mystérieux appelé Akademia qui vous offrira son aide.
Ainsi les personnages fonctionneront parfaitement, et comme très souvent avec Atlus, il y aura toujours cette sensation douce-amère à la fin du jeu d'avoir l’impression de quitter une bande d'amis.
La volonté de prendre son destin en main
Concernant le gameplay, Metaphor conserve la formule du Tour par Tour à la Atlus tout en l'innovant. En effet, pour se battre, notre Elda va utiliser les Archétypes, une puissance sommeillant chez certains individus qui s'éveille lorsque ceux-ci décident de reprendre leur destin en main.
Ainsi les Archétypes sont similaires à des Jobs dans les RPG, il en existera une quarantaine avec chacun leurs forces et leurs faiblesses. On pourra par exemple trouver l'Explorateur, spécialisé dans les sorts de vents, le Chevalier, spécialisé dans la défense, ou bien encore le Guerrier qui excelle dans les attaques physiques, et bien d'autres. Ces Archétypes auront donc chacun leurs attaques et talents passifs. Tout comme dans Persona, on retrouvera le système des faiblesses et des tours supplémentaires. De plus, les Archétypes, tout comme nos personnages, auront leur propre système d'expérience qui permettra une fois au level maximum (Niveau 20) de les faire évoluer afin d'obtenir une version supérieure plus puissante. Cependant, pour débloquer certains Archétypes, il faudra parfois avoir plusieurs archétypes au rang maximum ! Je m’explique, si je veux que Sthrol obtienne l'Archétype du Samouraï, il lui faudra la classe Maître Épéiste au niveau 20 mais aussi la classe Général au niveau 10. Ceci apportera une grande polyvalence au système puisqu'il faudra jongler entre les différents Archétypes disponibles pour débloquer ceux que l'on souhaite. Néanmoins cela entraînera aussi à mon sens l'un des plus gros défauts du jeu, la nécessité de farm.
En effet, là où dans Persona 5, Joker avait la possibilité de rallier différentes Persona à son service et de se constituer une équipe polyvalente, Dans Metaphor, notre personnage, à l'instar de ses compagnons, sera limité à un seul Archétype. En effet, vous ne pourrez pas changer durant un combat. Cela entraînera donc la possibilité de tester différents Archétype de manière totalement libre mais aussi une frustration constante de devoir tous les maintenir au niveau afin de pouvoir débloquer les Archétypes supérieurs. Cela entraînera donc souvent des sessions de farm assez intenses. Les sessions pourront être aussi longues que rapides cependant puisque le jeu disposera de combat libre. En effet, les ennemis du jeu disposeront de trois couleurs : bleu pour les ennemis plus faibles que vous, jaune pour les ennemis à votre niveau, et rouge pour ceux trop dangereux mais qui vous donneront beaucoup d'expérience. Ainsi les ennemis bleus pourront être tués en un seul coup sans devoir passer par l'écran de combat, l'occasion de vous adonner à des sessions de farm qui rappelons-le reviennent régulièrement. Un moyen rapide d'avancer, néanmoins le problème intervient au niveau de l'équilibrage. En effet, le jeu reste – en mode normal – assez compliqué par moment. Il y aura des zones relativement faciles et d'autres où le jeu aura des pics de difficulté assez violents, et je ne parlerai pas de la fin du jeu où il ne sera pas rare de voir des boss ou ennemis capables de renvoyer vos attaques et de se buff pratiquement à chaque tour…
Ainsi si sur le papier le système des Archétypes est une bonne possibilité de s'adonner à de multiples combinaisons de jobs, je l'ai trouvé à la longue particulièrement frustrant en raison de son système d'expérience propre à chaque personnage. Il aurait été plus judicieux que le système d'expérience soit unique pour tous les personnages car si je veux deux samouraïs dans mon équipe, il faudra pour cela que je monte obligatoirement deux archétypes Maître Épéistes au niveau 20 et deux Archétypes Général au rang 10, rendant le tout assez décourageant au final. Et cela est sans parler du temps passé dans les menus pour changer les divers Archétypes. Tout ce système sera géré par Morre qui vous apportera son aide en vous indiquant les points forts et points faibles de chaque job, ou en vous donnant des quêtes permettant d'attribuer les compétences d'un Archétype à un autre Archétype de votre choix. Un système donc assez polyvalent et bien fichu mais qui malgré tout montre rapidement ses limites.
Les compagnons annexes et le reste
Metaphor propose à nouveau un système calendaire avec de nombreuses limites de temps afin d'accomplir vos différents objectifs. Si le système avait fait ses preuves dans les jeux Persona, il fonctionnera beaucoup moins bien pour Metaphor. En effet, dans Persona 5 le système fonctionne car le jeu a pour but de vous faire vivre une année scolaire typique. Or il n'y a pas de contexte scolaire dans Metaphor, vous incarnez simplement un protagoniste engagé dans une course au trône. De ce fait, le contexte pour imposer un calendrier est déjà plus branlant, et ne parlons pas des motifs pour vous retenir dans un lieu imposé jusqu'à une date limite qui sont souvent très contestables. Prenons l'exemple de la route effondrée qui vous bloque la sortie. Là où dans Persona 5, vous aviez moult activités à faire en attendant, au point où la limite du calendrier en devenait presque effrayante, dans Metaphor ce sera loin d'être la même. Vous aurez des donjons secondaires et des cibles à abattre mais ce sera à peu près tout. Vous pourrez néanmoins participer à des débats contre divers aspirants pour améliorer vos vertus royales (un système d’aptitude déjà présent dans les Persona encore une fois), ainsi que la possibilité de renforcer vos liens avec vos compagnons.
Des histoires annexes qui vous permettront de mieux connaître vos compagnons de route et qui vous permettront de débloquer… de nouveaux Archétypes ! De ce fait, le système sera beaucoup plus permissible que Persona puisque le nombre d'activités sera réduit afin de vous permettre de vous concentrer sur l'augmentation du rang d'affinités de vos compagnons. De plus, les choix de dialogues n'auront aucun impact négatif, vous serez simplement prévenu si votre affinité augmente, de quoi vous permettre de passer un bon moment durant ces sessions. Et si passer du temps avec vos compagnons ne vous intéresse pas, il y aura toujours un personnage pour vous lancer une quête vous conduisant à des donjons remplis de nombreux trésors. Malheureusement leur level design demeure très redondant bien que la récompense vaille généralement le coup !
Malgré tout, le système calendaire sera bien pensé au début avec l'Arpenteur, votre moyen de locomotion où vous aurez à disposition toute une petite base mobile (cuisine, bibliothèque, lit...). Grâce à lui, vous pourrez effectuer de nombreux trajets, renforçant le côté road trip avec de nombreuses soirées sur le Pont à discuter avec vos personnages devant des feux de camps, entrecoupant l'aventure de quelques pauses vous laissant apercevoir divers paysages tout simplement grandioses.
En résumé, là où le système calendaire dans Persona était une des meilleures composantes du titre en raison de la multitude d'activités proposées, il se retrouve néanmoins limité dans Metaphor en raison des activités réduites et des limites de temps beaucoup plus étendues, faisant s'installer un sentiment de lassitude à la fin de chaque donjon, sans compter qu'il faudra parfois attendre une vingtaine de jours avant de pouvoir continuer l'aventure principale.
Un jeu incontestablement beau
En ce qui concerne la patte graphique, Metaphor ne sera sans doute pas le plus beau jeu de l'année mais il possède sans nul doute une des direction artistique les plus remarquable ! Rien que le menu est une œuvre d'art avec la représentation de notre personnage, mais cela est sans compter sur les nombreux paysages majestueux qu'offre le jeu. Les designs des villes sont également remarquables, à commencer par la capitale offrant un contraste saisissant avec ses bâtiments tout de blanc vêtus pour les parties publiques et les couleurs beaucoup plus ternes pour les quartiers pauvres. On peut citer Havreluise aussi, bien plus colorée, au contraire d'Altabury la Haute, ville du sanctisme et dont les couleurs sont bien plus sombres, montrant que l'on arrive au point culminant de notre voyage.
Il en sera de même pour les chara designs des personnages avec une mention spéciale à Hulkenberg, Gallica ou encore Morre. Et n'oublions pas les ennemis, notamment les Humains, dont le design est inspiré des peintures de Jérôme BOSH. Des designs collant totalement à l'atmosphère fantaisiste du jeu et lui conférant une DA qui éclipse bon nombre d'œuvres. Il est difficile également de ne pas citer les cinématiques en animation 2D que l'on retrouvera à plusieurs moments du jeu et qui seront tout aussi sublimes, tout comme les divers effets de transition et une maîtrise de sa mise en scène. En résulte un jeu à la vision artistique juste superbe !
Les musiques là-aussi seront amplement réussies. Le thème de combat vous mettra une claque avec ses chants tibétains, tout comme le thème d'Akademia qui commence de manière douce pour enchaîner sur des chœurs nous faisant prendre conscience de l'importance de notre personnage. Difficile également de ne pas citer des thèmes plus mélodieux comme la deuxième mélodie de l'Arpenteur ou celui de l'île Virga plus tribal. Enfin je n'oublierai pas le thème d'ouverture qui met en avant la grandeur du monde que l'on s'apprête à découvrir à travers les illustrations d'un livre. Dans le même ton, la toute première musique du jeu dévoilera tout le panache des nombreux morceaux qu'il nous reste à découvrir. En résumé, les mélodies de Metaphor demeurent impressionnantes ! Si Persona 5 penchait plus du style acid jazz, Metaphor lui aura un autre style bien à lui avec une composition réussie avec de nombreux morceaux marquants.
Pour finir, il est important de rappeler que le jeu sera très bavard. Il ne sera pas rare d'enchaîner les longues sessions de texte et les séquences à rallonge dans les donjons – parfois trop pour leur propre bien ! -. Enfin si le jeu reste assez clair dans ses thématiques, il convient de souligner l'importance de la fantaisie comme thème principal. Dans un monde fantastique où la plupart des races subissent des discriminations et où le peuple à perdu tout espoir, Metaphor: ReFantazio tient à rappeler l’importance de croire en cette étincelle de fantastique qui réside en chacun de nous. Une approche assez naïve il est vrai, mais c'est cette même étincelle qui peut nous pousser à croire en une utopie tirée d'un livre et qui parviendra à nous parler à nous, joueurs.
Une fantaisie mémorable
Ainsi Metaphor: ReFantazio est un jeu qui m'aura tenu en haleine. Néanmoins il est vrai que le scénario possède tout de même plusieurs longueurs et que la gestion du calendrier se révèle bien moins intéressante que dans la franchise phare d'Atlus.
Malgré tout, c'est un jeu amplement satisfaisant, parvenant à nous plonger dans une course au trône qui nous fera voyager à travers de grandes contrées grandioses peuplées de personnages variés. C'est un jeu qui nous invite à un voyage initiatique où des personnes décideront de prendre leur destin en main, venant nous rappeler l'importance de la fantaisie dans un monde en proie au doute et à la peur.
En conclusion, Metaphor: ReFantazio est un voyage unique. Un voyage certes imparfait mais dont chaque rencontre, chaque détour, et chaque combat nous rappellera l'importance des liens tissés tout au long de cette longue aventure. Avec ce premier titre, Atlus signe un RPG qui se place dans le haut du panier parmi les sorties de la fin d'année !