Chef d’œuvre absolu de Retro Studios et Nintendo, Metroid Prime est un jeu marquant de mon adolescence. A l’époque en 2002-2003, le titre avait fait grand bruit parce que les développeurs avaient réussi la prouesse de transfigurer la franchise en passant de la 2D à la 3D en respectant l’ADN originel de la licence. Tant de développeurs se sont ramassés sur cette étape cruciale à cette époque charnière, au début des années 2000, où la 3D prend peu à peu le pas sur la 2D. Ceci dit, je vais être honnête, je ne me rendais vraiment pas compte de la difficulté du passage à la 3D pour tant de studios de développement, et qu’hormis les qualités vidéoludiques intrinsèques de Metroid Prime, tout le contexte m’échappait. J’étais un ado au cœur de cette petite révolution et peu de gens de mon âge avait le recul nécessaire pour faire les analyses que l’on connait aujourd’hui. Le début des années 2000 est une période d’innovation forte pour les jeux vidéo, tout ce qui comptait pour ma génération, c’était d’avoir de nouveaux concepts de jeux en lien avec l’évolution de la technique des consoles. Nous étions fascinés par les « bits », argument marketing complètement désuet de nos jours. Au-delà du passage réussi à la troisième dimension, Metroid Prime sur Gamecube était aussi un titre très abouti graphiquement, et un FPS novateur notamment en axant l’expérience du joueur sur l’exploration, la découverte et les énigmes plutôt que sur l’action frénétique et les « frags », pour reprendre le jargon vidéoludique propre à cette époque. Depuis, j’ai toujours gardé un excellent souvenir de ce titre et l’ai toujours mis dans mon top 10 des meilleurs jeux de tous les temps, par conséquent, il était impensable de ne pas mettre la main sur la version remasterisée sortie l’année dernière. A noter que Metroid Prime sur Gamecube était mon premier Metroid, je n’ai jamais connu les épisodes précédents sur Nes ou Super Nes.
Je ne sais pas si le titre me ferait exactement le même effet aujourd’hui si je le découvrais. Probablement pas car j’ai acquis pas mal d’expériences en termes de jeux vidéo depuis ces vingt dernières années. Ceci dit Metroid Prime Remastered demeure un titre exceptionnel car il propose un gameplay intelligent et une ambiance unique même en 2024. Cette version actualisée dispose de graphismes modernes, il s’agit quasiment d’une refonte tant le travail sur cet aspect est impressionnant. Au départ, je ne m’en étais pas rendu compte car l’épisode Gamecube remonte à trop loin dans ma mémoire mais, à la vue d’un comparatif sur internet, j’ai été séduit par le travail d’orfèvre proposé par Nintendo. Ces graphismes rehaussés donnent vie à la planète Tallon IV, siège des aventures de notre chère héroïne. Passé l’introduction et le tutoriel, c’est la musique de Kenji Yamamoto et l’ambiance sonore littéralement légendaire de ce Metroid Prime qui m’ont replongé en enfance. L’OST de ce Metroid est très certainement l’une des meilleures OST tout jeux vidéo confondus que j’ai écouté de ma vie. Et Dieu sait que j’en ai passé des heures derrière un écran, manette ou clavier en main… La quasi-totalité des titres sont mythiques jouant sur des mélodies entêtantes, organiques, parfois mélancoliques et surtout promptes à l’exploration solitaire. Une synthèse parfaite s’opère entre les environnements et l’ambiance sonore et ceci m’a profondément marqué pendant ma session car la plupart des jeux d’aujourd’hui n’ont plus de bande originale aussi élaborée, aussi belle tout simplement.
Côté maniabilité, la maestria des développeurs de chez Retro Studios est à souligner. Tout est clair et limpide, l’évolution du gameplay se tisse au fil des améliorations débloquées par l’héroïne : double saut, boule morphing, grappin, déplacement sous-marin etc. Le level design, très bien pensé pour un premier passage en 3D, varié en fonction des biomes et fidèle au matériau d’origine, donne toute sa force et son intérêt à ce Metroid Prime. Idem côté combats, on apprivoise petit à petit le panel d’armes de Samus : des roquettes en passant par les différents canons (lumière, feu, glace, électricité) et les tirs secondaires propres à chacun. Les armes sont autant de possibilité d’éliminer les ennemis que des clés pour déverrouiller des interrupteurs ou des éléments de décors (stalactites par exemple). Il ne faut pas oublier que Metroid Prime est d’abord un jeu d’exploration avant d’être un FPS classique orienté sur les combats. Cet état de fait n’empêche pas le titre de Nintendo de proposer son lot d’ennemis variés tels que les pirates de l’espace, des créatures ou éléments naturels inoffensives ou hostiles propres à chaque biome, des mutants ou bien encore des boss majeurs tous aussi originaux les uns que les autres. Bien évidemment, l’ossature propre au genre du Metroidvania, créé par Nintendo eux-mêmes, par la franchise elle-même, est respecté à la lettre. En effet, même en 3D, vous allez parcourir les différents environnements et buter sur des lieux, des plateformes invisibles ou des portes inaccessibles qui se déverrouilleront progressivement au fil de vos améliorations. Finalement, le plus difficile dans ce Metroid Prime Remastered est d’apprivoiser la carte en trois dimensions et les déplacements de Samus dans ce vaste monde linéaire. En plus des armes et équipements, les quatre modes de visée (vision scanner, vision thermique, vision au rayon X et vision de combat) sont originaux pour la franchise et permettent aux développeurs de varier les situations et mise scène des combats. En effet au cours de votre exploration, certains objets ou passages cachés nécessiteront l’usage de ces visées pour continuer., de même que certains adversaires basculeront dans des formes alternatives nécessitant de changer de visée. Bref, vous l’avez compris Samus Aran dispose d’un arsenal riche et complexe qu’il vous faudra rapidement appréhender pour découvrir toutes les facettes de la planète Tallon IV et, surtout, partir à la chasse de Ridley, son ennemi de toujours.
En conclusion de ce modeste avis sur cette série légendaire et sur cet épisode historique, Metroid Prime Remastered s’affiche comme un excellent moyen pour les nouvelles générations de découvrir un très grand jeu vidéo qui a marqué son époque. Retro Studios est parvenu à retranscrire en trois dimensions une saga iconique de chez Nintendo. Que ce soit la technique, le gameplay, la bande originale, la variété des situations, l’intelligence du level design (respectueux de l’histoire de la licence), la variété du bestiaire, Metroid Prime Remastered sur Nintendo Switch coche toutes les cases. Oui, il est pertinent de remettre 30 ou 45 euros dans ce chef d’œuvre même 20 ans après sa sortie mais attention, malgré les louanges ininterrompues de ma part (et objectives), le titre phare de Retro Studios demeure un jeu difficile : trouver la totalité des artefacts Chozo sans solution est une gageure ; s’orienter sur les objectifs en cours peut parfois être complexe. Vous allez parfois ressentir les mêmes émotions que Samus Aran sur Tallon IV : la joie et les peines de la solitude. Bref, idéal pour les amateurs de la licence Metroid, parfait pour les historiens du jeu vidéo à la recherche des pépites d’autrefois mais déconseillé pour les joueurs les plus novices, Metroid Prime Remastered demeure un chef d’œuvre, un monument à la portée de tous que je ne conseillerais jamais assez.