L'autre jour, je regardais le documentaire Playing Hard produit par Netflix consacré à la création du jeu For Honor. Au-delà du récit traditionnel de la création difficile d'un jeu à gros budget, un détail m'est resté en tête. L'initiateur du projet, VandenBerghe, un vétéran d'Ubisoft y expliquait pourquoi un monsieur respectable comme lui -barbes et cheveux gris et drus, façon viking- pouvait se passionner pour la création de jeux violents, tout en étant un pacifiste pratiquant dans sa vie quotidienne. Le bonhomme détaillait en gros que toute personne un tant soi peu intéressée par l'humain a de grandes chances de se passionner pour le conflit ou la violence, tant il s'agit d'éléments indispensables pour bien avancer dans sa vie personnelle et professionnelle.
Bref. Je n'ai pas joué à For Honor. Trop vite dépeuplé, trop tourné vers le 1v1 et par conséquent l'action individuelle, l'entrainement, toutes ces choses qui me gâchent peu à peu mes expériences de jeux multis.
Depuis hier, je joue à Mordhau cependant. Sorte de version très améliorée de Chivalry: medieval warfare, souvent présenté comme un "call of au moyen-âge", Mordhau me rappelle pourquoi j'ai passé 200h sur son petit frère, et pourquoi je risque de faire de même. Il fait grosso modo tout pareil mais en mieux.
Premier bon point pour lui: après des soirées entières à se mettre des épées bâtardes dans la gueule dans les serveurs dépeuplés de Chivalry, quel bonheur de voir autant de monde charger en cœur. Car oui, l'intérêt principal de Mordhau, c'est l'existence d'une touche uniquement dédiée au cri de guerre. Cela peut paraître con, mais l'ambiance sonore phénoménale du jeu y est pour beaucoup.
Ensuite, ce que j'apprécie dans Mordhau plus qu'ailleurs, c'est que contrairement à beaucoup de jeux du même genre avec des flingues, on se rend bien plus compte de la présence et des actions de ses coéquipiers. Cela tient essentiellement à l'utilisation du corps à corps dans 80% des manières d'étriper ses adversaires.
Cette omniprésence de l'autre peut sembler là encore anodine, mais je crois que cela fait toute la différence. Je m'explique. Dans un FPS (jeu avec une caméra à la première personne) classique, les joueurs doués sont bien vus, car la réalisation d'une action héroïque, ou extraordinaire, est la somme de nombreuses petites actions l'ayant précédée. Plus le jeu est difficile, plus il est compliqué d'arriver à faire ses premiers morts.
Avec Mordhau, comme avec Chivalry avant lui, le joueur qui accomplit une action héroïque le fait soit porté par les autres et leurs nombreuses petites contributions à cet acte extraordinaire, soit le joueur prend simplement part à une action héroïque collective. Et autant vous dire que si j'insiste à ce point c'est parce que j'adore cet aspect du jeu.
Quel bonheur de crier en cœur avec ses camarades lorsque l'on charge sur une colline détenue par l'ennemi et que l'on se sent avancer là où l'on n'a pas arrêté de crever depuis 10 minutes. Quelle joie de se sentir appartenir à cet organisme bigarré, constitué d'une somme de joueurs, le tout porté par le fracas phénoménal des armures et des chairs qui craquent.
Voila, la violence c'est passionnant, mais elle peut se traduire dans une oeuvre de bien des manières. Je n'aime généralement pas le jeu en ligne compétitif car il me semble toxique à sa base. Mais Mordhau est selon moi ce qu'il y a de plus sain dans la pratique du jeu vidéo en ligne. Essayez-le !