Ōkami
8.2
Ōkami

Jeu de Hideki Kamiya, Clover Studio et Capcom (2006PlayStation 2)

Okami… Il s’agit là d’un jeu dont la réputation n’est plus à faire, et duquel nous autres amateurs de jeux-vidéo avons tous entendu parler, a fortiori entendu parler en bien. Et pour cause ! Le jeu nous immerge dans un monde et une ambiance qu’il n’est pas accoutumé de voir dans l’univers vidéoludique : un Japon ancien, très ancien, bien antérieur aux ères féodales trop souvent mises en scène de Muromachi et Sengoku, un Japon dans lequel la conquête de la foi en la divinité du Soleil a un rôle autrement plus important que les conquêtes militaires.
Historiquement, l’aventure prend place sous le règne d’Himiko, qui fut reine du Japon au début du 3ème siècle apr. J-C, et qui fut soit dit en passant le seul personnage japonais dont il est fait référence dans les Chroniques des Trois Royaumes. Bien sûr, Okami est un conte, et il ne se targue évidemment pas d’une quelconque cohérence avec l’Histoire nippone.


Ce monde dans lequel nous transporte Okami est un terreau fertile pour créer des moments marquant grace à la simple découverte de nouvelles zones. A l’aura mystique qui entoure le village de Kamiki et ses habitants au début se substituent rapidement l’ambiance épique des plaines de Shinshu et du littoral de Ryoshima. On apprécie également se perdre et dialoguer avec les citadins de la ville de Sei-an (pas trop longtemps car, quand même, c’est rapidement chiant). Plus encore, le dernier arc, enneigé s’il en est, coupe tant avec l’atmosphère verdoyante du reste du jeu qu’il en devient particulièrement mémorable.


A travers tous ces environnements, vous alpaguerez des dizaines et des dizaines de PNJ qui possèdent TOUS (vraiment, sans exception) une personnalité propre. Du danseur grognon un peu alcoolique M.Orange à la concupiscente prêtresse Rao, de l’espiègle princesse oiseau Chun au paresseux guerrier Susano (qui mériterait bien un texte à lui seul), du distrait pyrotechnicien Tama au fier chef du village Wep’Keer Samaikuru, tous les personnages sont capables de graver en votre esprit une impression durable.


Pourtant, bien qu’on apprécie écouter une si longue ribambelle de personnalités, on aimera moins répondre à leurs attentes car les quêtes qu’ils nous confient sont aussi répétitives qu’inutilement longues. Le genre de quête qui vous laisse un barreau au niveau des sinus dès lorsque vous comprenez que vous perdez de précieuses minutes de votre vie à accomplir un objectif qui ne sert qu’à compléter un 100% que vous n’atteindrez jamais.


Ce manque d’intérêt des quêtes annexes est illustré par l’incroyable quantité de collectibles (100 stray beads, au moins autant d’animaux à nourrir, les listes des bandits à tuer, les trésors et trèfles à déterrer…). Le ramassage de chaque collectible donne lieu à une mini cutscene, une mini animation, ou à un mini texte qui, multiplié par le nombre ramassage nous font passer énormément de temps devant notre écran à attendre que l’aventure continue.
Ainsi, si le jeu durera entre 30 et 40 heures pour une première partie, il aurait été bien plus appréciable que tous les collectibles sautent afin qu’elle ne dure qu’une vingtaine d’heures.
De même, alors que le jeu souffre déjà de sa longueur et de son manque de rythme, les développeurs ont décidé d’intégrer TROIS combats contre le même boss (Orochi pour ne pas le citer) alors même que cette confrontation est une purge aussi pénible que la gueule de bois du démon à huit têtes après nous avoir rencontré ! Une décision incompréhensible.
La récupération des collectibles est d’autant plus inutile qu’Amaterasu est de fait complètement craquée du début à la fin. Les combats manquant de technicité, le seul moyen trouvé pour les rendre plaisants a été de faire en sorte qu’ils ne représentent aucune difficulté au point que toutes les escarmouches sont finissables en martelant le bouton d’attaque, en bourrinant nos techniques pittoresques (au sens propre), et, éventuellement en dilapidant nos abondants parchemins d’exorcisme et autres os à moelle ultra puissants.


Mais ce sont là probablement les seuls défauts d’Okami, et ce serait un véritable gâchis de s’y arrêter alors que le plaisir que peut nous fournir cette aventure n’en est pas moins immense.
Comme dans tout bon jeu de la période 128 bits, des bonus sont débloqués une fois l’épopée achevée, à la différence que ces bonus là, on s’y attarde un peu plus que sur ceux des jeux concurrents. Outre une fresque grandiloquente peinte par Issun (dans le jeu), représentant l’ensemble des créatures que l’on a combattu dans un style de peinture japonais médiéval, il nous est également proposé de réécouter chaque track de l’ost. Et l’ost d’Okami, ce n’est pas quelque chose avec laquelle il est permis de rigoler. Bien qu’elle force parfois un peu pour nous procurer des musiques qui sonnent à la fois épiques et traditionnelles jap, cette bande son reste l’une des meilleures qui puissent être écoutées pour tout amoureux d’instruments anciens tels le shō (instrument typique de l’Etenraku, dont on entend un morceau dans la musique du château d’Himiko), le taiko (percussions), le shamisen (très utilisé dans les themes de combat d’Okami) ou le shakuhachi (flûte en bambou dont le son se “casse”, procurant à la mélodie beaucoup d’authenticité).


Issun, qui nous donne accès à cette synthèse du contenu artistique d’Okami, confirme sa place de grand personnage de l’histoire du Jeu-vidéo. Sa personnalité colérique et humoristique , le mystère qui plane sur lui une grande partie de l’aventure, et la manière dont il resplendit de mille feux lorsqu’il fait l’aplogie d’Amaterasu à travers tout le Japon dans l’une des scènes finales, tout ceci donne à ce personnage l’étoffe du héros dont un grand jeu a besoin pour subsister dans l’Histoire.


Je vous laisse sur ce petit top 10 des musiques que je considère comme mes préférées de l’ost, même si celui ci pourrait très bien changer d’ici demain, tant le nombre de bons themes est grand dans cette bande son :
10 - Exorcising Evil
9 - Kamui of the Northern Lands
8 - Ryoshima Coast
7 - Theme of the Celestials
6 - Kamiki Festival
5 - Kushi's ride
4 - Rising Sun
3 - Oki, Brave Warrior
2 - Reset ~ ("Thank You" Version)
1 - Wep'Keer

Oceanologue
8
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le 5 janv. 2019

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