Persona 4 : The Golden est un remake amélioré de Shin Megami Tensei : Persona 4, sorti en 2009 chez nous, dans les derniers instants de la PlayStation 2. Langue Anglaise exclusivement à l'époque, langue Anglaise toujours. Après un remake de Persona 3 sur PSP, amputé de certaines parties du jeu (les phases 3D hors donjons), Atlus avait un temps pensé faire de même avec son Persona 4, avant de décider de plutôt le développer sur la Playstation Vita dont la puissance a permis de transposer l'intégralité du jeu PS2. En l'agrémentant de quelques nouveautés justifiant le remake, sur lesquelles nous reviendrons.
Et nous incarnons donc dans cet épisode un étudiant lycéen, citadin, mais parti vivre pour un an chez son oncle, à Inaba, un petit village calme de la campagne Japonaise. Calme jusqu'à ce que de mystérieux meurtres commencent à se succéder ...
Ceci concerne tout autant le jeu original que le remake, mais la direction artistique de Shigenori Soejima est toujours aussi excellente, et sublimée ici par l'écran de la Vita. Le village d'Inaba est très vivant, on s'y croirait lorsque l'on arpente les rues du petit village. La présence dans ce remake des scènes 3D lors de la partie "simulation de vie" y est pour beaucoup, leur absence dans Persona 3 Portable (PSP), remplacées par une sorte de point n click en vue de dessus m'avait empêché apprécier le jeu à sa juste valeur. Les différents protagonistes sont immédiatement attachants et semblent réels tant leur caractère est travaillé et non cliché, et les Persona (les invocations du jeu, nous y reviendrons) sont variées, parfois amusantes parfois imposantes et poussent à la collectionnite telles des Pokemon.
Atlus n'a pas chômé sur ce remake : le jeu est très propre, tourne impeccablement sur la petite portable de Sony, sans ralentissements ni loadings interminables. Un remake de qualité.
Après mise en place de l'univers, on découvrira assez vite que les victimes ont en fait été attirés dans le "TV World", monde parallèle auquel le héros peut accéder en passant à l'envi à travers l'écran de télévisions. Tentant, avec ses nouveaux amis, de démasquer le tueur, il s'emploiera à sauver les futures victimes, qu'il peut apercevoir sur la "Midnight Channel", c'est à dire regarder l'écran éteint lors d'une nuit pluvieuse, en se rendant dans ce TV World, composé des donjons que l'on devra nettoyer à l'aide de son équipe. Et sauver les disparus luttant contre leurs démons avant qu'il ne soit trop tard, en se débarassant sur le chemin des "Shadows", ces démons qui peuplent le TV World.
Persona 4 allie humour omniprésent et discours adulte. L'histoire ne se repose jamais, on découvre toujours quelque chose, elle vous prend pour ne plus vous relâcher du début à la fin, tout au long des évènements, de la vie quotidienne ou plus sérieux, qui rythmeront cette année de Lycée, un tour de force vu la durée de vie.
Comme tout jeu de la série Persona, Persona 4 : The Golden est un croisement de plusieurs types de jeu selon les phases : simulation de vie dans une partie, et RPG dans les donjons, avec combat tour par tour, invocations et toute la panoplie.
Il faudra vivre la vie d'étudiant de son personnage. A la fois retenir les leçons dispensées et restituer le tout lors des examens. Etudier chez soi. Avoir un job étudiant. Participer à un ou des clubs du lycée, le tout permettant de rencontrer des personnages et développer des liens avec eux, liens (appelés Social Links) qui renforceront les pouvoirs ou la qualité des Persona que l'on créera par la suite. Le système de jeu n'est pas qu'un entremêlement d'un nombre incalculable d'idées, mais mieux : tout est intelligemment et logiquement lié, et se paie le luxe, inexplicablement, de parfaitement fonctionner.
Jamais rébarbatif - c'est important - le jeu nous fait donc réellement vivre la vie du personnage. Et il faudra gérer efficacement son temps : irai-je travailler ce soir pour pouvoir me payer une armure et réussir à finir ce donjon, la date limite approchant, ou avancer directement le donjon ? Vais-je étudier pour l'examen dans 2 jours, ou cèderai-je à la demande de tel personnage de passer du temps avec lui ?
Toute la difficulté vient de ce nombre de tâches à effectuer, et du temps limité pour nettoyer les donjons : il faudra le terminer avant la prochaine nuit de pluie, sans quoi la victime sera définitivement perdue et ce sera Game Over. Il faudra donc être astucieux, faire des choix et bien gérer son temps virtuel, en se référant à une météo heureusement plus fiable que la notre.
Le temps des donjons arrivé, il faudra les nettoyer étage par étage jusqu'au boss, des pauses étant possible et nécessaires, lorsqu'à bout d'énergie. Il faudra alors rentrer se reposer en pensant très fort y revenir le lendemain. Mais le lendemain, il y a entraînement de Basket. Bon, après-demain alors ...
Les combats prennent une forme assez classique (tour par tour, attaque/magies des Persona/objets, ...) mais sont dynamiques, et agrémentés de nouveautés dans cette version "Golden" :
Exploiter les faiblesses des monstres permet de les mettre à terre, et donne un tour supplémentaire. Cela donne lieu a une Attaque Combinée gratuite et dévastatrice, donnant un côté pêchu aux combats. Mais cela déclenche également, deuxième nouveauté, un Shuffle Time en fin de combats : une ou plusieurs cartes à choisir parmi un choix aléatoire de nouvelles Persona, de reboost hp/mp, de nouveaux sorts, lvl up automatique, ...
Enfin, en cas de difficulté et si la console est connectée à Internet, on pourra appeler à l'aide et recevoir un coup de main d'un joueur de l'autre bout du monde. Ajoutons à ça un nouveau personnage (Marie), de nouveaux éléments de scénario et nouvelles cutscenes animées, et l'on a là des ajouts sympathiques qui montrent qu'Atlus ne s'est pas tourné les pouces.
Disponible à l'envi assez vite, la Velvet Room, ici sous la forme d'une limousine roulant sans cesse, permet de créer ses Persona en en fusionnant d'autres. Toutes les Persona sont issues de personnages des différentes mythologies. Et devant les milliers de combinaisons possibles et de résultats parfois aléatoires, on tombe assez vite dans la recherche d'optimisation, et la collectionnite.
Hormis les caractéristiques de combat, le héros dispose également de points de caractéristiques annexes (courage, understanding, knowledge, ...) ne servant pas à la phase RPG, mais au monde réel. Il faudra choisir d'y passer du temps pour les améliorer par différentes activités, et ceux-ci débloquent des choix de réponses dans les dialogues, ainsi que la découverte de nouveaux Social Links. Une profondeur sans fin.
Le doublage est de qualité et les voix des acteurs convaincantes. Les puristes regretteront l'absence des voix japonaises, sans doute pour des questions de place sur la cartouche, le nombre de lignes de dialogue étant faramineux. Absence de français également, rare défaut du jeu (et vraiment pour en trouver un), mais pas d'inquiétude, le niveau requis n'est vraiment pas élevé, que la barrière de la langue ne vous arrête pas car la compréhension se fait facilement.
La géniale bande son de Shōji Meguro est entraînante et particulièrement réussie, et malgré la répétition de certains themes selon les phases de jeu, ils réussissent à ne jamais agacer même après des dizaines d'heures, et on se surprend à les fredonner en avançant au cours des dizaines d'heures, que l'on passera en jeu. Car oui, Persona 4 : The Golden offre bien dans les 60-70 heures de jeu.
Persona 4 - The Golden tutoie la perfection, et ce même pour un non amateur de RPG japonais : tout est dynamique, l'histoire est fouillée, les personnages sont consistants, Persona 4 n'est pas un de ces J-RPG niais, gamins et génériques, c'est l'essence même du RPG, le meilleur des deux mondes (RPG occidental et JRPG). L'occasion de voir que dès 2008, Atlus était déjà loin devant un genre qui peine à grandir avec les nouvelles générations de consoles.
Une immersion sans faille, un pur produit de luxe qu'on peut remercier Atlus de nous offrir. Projetons nous quelques années en arrière : un jeu avec un tel contenu sur une console portable, c'est vertigineux. Des années d'étude comme celle-ci, on en redemande.