J’ai découvert la série Persona en 2020 avec Persona 5 Royal, premier épisode traduit en français – et encore heureux, vu la masse de dialogue qu’il contient. Je me souviens avoir été bluffé par l’intelligence du jeu, l’étonnante maturité de son propos, son système de combat à la fois simple et stratégique (qui m’a un peu rappelé les combats Pokémon, sur le principe). Mais je me souviens aussi et surtout avoir été quelque peu déconcerté par son rythme très, très particulier – avec ses très longues phases de dialogue, et ses activités sociales « annexes » forcées qui prennent à elles seules les deux tiers du jeu, le tout sur une aventure qui s’étend sur 70 heures en ligne droite au grand minimum ! Au point de me dire que je n’aurai probablement jamais ni l’envie ni le courage de jouer à un autre jeu de la série un jour. Et puis non, finalement, j’ai tout d’un coup eu envie de me lancer dans l’épisode précédent, Persona 4, dans sa version Golden sortie sur Switch et traduite en français – la jouabilité portable, beaucoup plus adaptée au genre, a été un argument de poids pour me convaincre de lui laisser sa chance.
Etant désormais familier du concept général, j’ai pu cette-fois ci prendre le jeu en main très rapidement et me plonger avec plus de facilité dans le déroulement du jeu. Le concept est assez addictif – personnellement, j’ai vécu l’expérience comme une sorte d’Animal Crossing scripté et super accéléré, mais aussi comme une sorte de manga interactif – et j’ai vraiment pris un certain plaisir à presser dans mes relations sociales avec les personnages secondaires, à progresser dans le calendrier, à suivre les évènements, à faire des activités, etc... J’ai d’ailleurs personnellement un peu préféré le scénario et les personnages de Persona 4 à ceux de Persona 5, mais là, c’est une question de gout.
Malheureusement, Persona 5 a fait tellement mieux sur absolument tout le reste que c’est vraiment très difficile d’évaluer et d’apprécier à sa juste valeur ce Persona 4. Sur la réalisation graphique, bien évidemment – il s’agit d’un jeu PS2 à la base, c‘est donc normal qu’il soit visuellement beaucoup plus terne que son successeur. Mais aussi, sur la diversité des activités proposées, sur le contenu global, la profondeur du gameplay, l’ergonomie des combats, le rythme, les musiques, la mise en scène, etc, etc, etc... On sent qu’ici, le concept commence à prendre ses marques mais qu’encore bien des choses méritaient d’être améliorées. Le plus compliqué, pour moi, a surtout été ces donjons bien trop quelconques et basiques, avec ces étages générés aléatoirement. J’ai également trouvé la difficulté mal réglée – il est tout à fait possible, en mode normal, de se faire « one-shot » par un ennemi lambda au beau milieu d’un étage après une dizaine de combats ennuyeux sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. Heureusement, la difficulté est totalement paramétrable, et, de mon côté, j’ai carrément fini par opter vers la fin pour le mode « très facile » tellement j’en avais marre de me retaper intégralement des combats de boss de 10 minutes ou des étages entiers.
Je conseillerai plutôt aux nouveaux venus de se tourner en priorité vers l’épisode 5 (disponible maintenant en mode portable sur Switch !) directement, et, ensuite, éventuellement, essayer l’épisode 4 si vraiment vous avez été complètement séduits par le concept et que vous en voulez plus, en restant plutôt indulgent envers ses nombreuses limites qui sautent aux yeux.