26 ans, c’est le nombre d’années qu’il aura fallu attendre pour avoir notre premier épisode open-world de la licence iconique Pokémon. Plus de vingt ans d’aventure pour que notre rêve de gosse soit enfin réalisé. C’est avec une impatience démesurée que j’attendais ces versions Écarlate / Violet pour enfin découvrir la région de Paldea et ses nombreux secrets… enfin, « nombreux », ça reste à voir.
Basée sur l’Espagne, cette nouvelle région n’a rien à envier aux autres générations de la série. Couleurs chatoyantes, grandes prairies, montagnes et mers… et au cœur de cet endroit, un cratère inconnu qui renferme le noyau du scénario de ces deux nouveaux épisodes. Un scénario surprenant qui va plus loin que les jeux post-3DS et qui renferme enfin des personnages charismatiques et attachants. Nous n’avions plus l’habitude et c’est un plaisir indéniable que de se sentir investi de nouveau dans l’histoire d’une nouvelle génération Pokémon; chose qui s’était hélas perdue depuis les versions Noir 2 / Blanc 2 sur Nintendo DS.
Première surprise, le jeu vous donne accès au fameux Pokémon légendaire de votre version dès le début du jeu. Celui-ci servira de véhicule permettant de voyager à travers les différentes zones de Paldea, et ses capacités se débloqueront au fur et à mesure de votre progression dans le scénario. C’était déjà le cas dans les jeux précédents mais on applaudit la fin des CS qui obligeaient les joueurs à apprendre des capacités définitives aux Pokémon de son équipe. Votre légendaire attitré sera versatile et vous permettra de découvrir tous les lieux cachés de Paldea afin de dénicher les Pokémon les plus rares.
Le jeu dévoile rapidement trois axes de scénarios différents qui pourront être entrepris dans l’ordre que vous souhaitez et de manière simultanée si c’est ce que vous voulez. Aucun doute ici, Game Freak laisse le joueur au cœur de sa propre aventure et l’invite à la façonner de la manière qu’il souhaite, à l’image d’un The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Le jeu débute finalement lorsque ces scénarios sont débloqués et vous êtes désormais maître de vos choix. La comparaison avec Zelda s’arrête là car Paldea n’est pas bien grande et peu d’endroits méritent vraiment le détour. Cela reste une région plutôt vide dont le seul intérêt réside dans la complétion du Pokédex et le shiny hunting. Les quêtes optionnelles des premières générations font désormais partie du passé.
Si l’aventure principale promet quelques surprises et un grand final d’anthologie, il faudra néanmoins lutter contre les problèmes techniques incessants du jeu. On a beau vouloir passer outre, les nombreux bugs d’affichage et ralentissements nous ramènent toujours à la réalité et sur le fait que Game Freak n’arrive pas à créer des jeux Pokémon en 3D sans bugs. Ce n’est pas la direction artistique qui viendra contrebalancer son problème, le jeu est tout simplement moche avec des textures d’un autre temps et des environnements ratés. Le comportement des Pokémon dans l’overworld est rarement réussi et ceux-ci restent bien trop souvent bloqués dans des endroits étranges ou contre des murs. Le clipping n’arrange rien et foncer à pleine allure dans un Pokémon qui vient juste d’apparaître en face de soi deviendra quelque chose de normal durant votre aventure.
Cette catastrophe technique prend hélas le pas sur le jeu qui est définitivement une amélioration de toutes les générations précédentes. La boucle de gameplay trouvée par Game Freak fonctionne à merveille et on se prend à rêver de ce que donnerait le jeu s’il avait été développé avec plus de temps et par un autre studio. Le nouveau gimmick de la teracristallisation n’est pas très interessant sur le papier mais ajoute un degré de complexité pour le PvP qui atteint des sommets de complexité. Avoir une équipe stratégique en ligne est désormais accessible à tous les joueurs motivés et participer aux raids vous donnera les ressources nécessaires à l’entraînement stratégique de vos Pokémon… pour peu que vous ayez la motivation de les faire compte tenu des bugs à foison.
Dans Pokémon Écarlate / Violet, tout a été simplifié pour rendre le contenu endgame (PvP, complétion du Pokédex et/ou shiny hunting) facile d’accès. En conséquence, l’aventure devient très vite trop facile et seul le combat final pourra éventuellement poser quelques problèmes aux néophytes. Pour les habitués, cette génération sera une balade de santé et il faudra s’en tenir au contenu endgame.
On sortira de Pokémon Écarlate / Violet avec un goût amer. On avait ici un jeu d’un potentiel incroyable qui a malheureusement été gâché par tous les problèmes techniques et graphiques. Le grand public ne prêtera pas attention au contenu annexe et rangera le jeu après avoir terminé le scénario principal, dont l’expérience sera sûrement mitigée. Pour le fan avéré qui compte s’aventurer dans les raids et chasser des chromatiques, le constat sera compliqué sur le long terme. Le fan restera sans doute pour le PvP et la chasse aux shiny, puis dépensera sans doute beaucoup d’argent pour les futurs DLCs alors qu’aucun correctif ne sera jamais apporté. Finalement, la Pokémon Company aura son argent et les fans continueront de se plaindre du manque de qualité des jeux actuels de cette licence. Ce cycle se répétera, une fois par an. Pokémon sera gagnant, mais nous non.
L’éternelle nostalgie des fans de longue date restera la plus grande force de cette série qui tiendra debout tant que les fans seront servis de leur jeu annuel. Finalement, cette nostalgie ne serait-elle pas le trésor enfoui de Paldea ?