J’ai commencé à m’intéresser aux Backrooms en octobre dernier lors de ma découverte de MyHouse.wad et du visionnage en parallèle de la vidéo d’Alt 236. Ce qui m’attire particulièrement dans les espaces liminaires c’est le sentiment de solitude et de nostalgie qui s’en dégage. Se perdre dans ces dédales vides et infinies est pour moi une invitation à l'introspection, un contexte idéal pour tenter d'ouvrir les portes les plus profondément scellées de mes souvenirs ou simplement laisser mon esprit divaguer à sa guise.
Pools, parmi la myriade de jeux inspirés des Backrooms qui sortent chaque année, à retenu mon attention parce qu'il n’est pas un simple prétexte pour un énième monstre stalker et des jumpscares. Il est l’essence même du concept : de l’exploration pure et simple. Sans aucune interaction, aucune narration, aucune action à réaliser autre que marcher. Il repose presque entièrement sur la puissance de son atmosphère, qu’il installe a l’aide de graphismes réalistes, quelques effets visuels pour simuler le viseur d’une caméra et surtout une ambiance sonore incroyable. Sérieusement, les sons et les bruitages de ce jeu sont excellents. L’écho des bruits de pas qui se réverbère sur les murs de carreaux nues, le clapotis de l’eau dans les bassins, le grésillement électrique des éclairages… Tout est là pour procurer une expérience hautement immersive.
Si les Backrooms peuvent parfois être un refuge pour l'esprit, on ne peut pas nier leur capacité à provoquer un sentiment de menace et d'inquiétante étrangeté. Qu'il s’agisse d’une paranoïa aiguë, l’impression d’être observé ou suivi à la trace, comme une souris dans labyrinthe. D’une perte des repères, la sensation d'être perdu hors du temps. Ou tout simplement de la réalisation que quelque chose ne tourne pas rond, comme dans une sorte de rêve fiévreux, une boucle insidieuse dont il est impossible de s’extirper. Pools va jouer de ces éléments grâce à des détails subtils et facilement manquables : une paire de mains dans l’angle d’un couloir lointain, des bruits menaçants sortant d’un trou noir et abyssal. Toute l’astuce est de laisser l’imagination du joueur faire le boulot.
Comme je le disais plus haut, Pools ne contient aucun monstre, aucune menace tangible. Les seuls game-over possibles sont des chutes dans des puits sans fond, auquel cas le jeu rembobine automatiquement pour nous replacer quelques instants en arrière. Trouver son chemin dans ce dédale de salles, de bassins, de couloirs, de toboggans - et autres surprises que je ne dévoilerais pas - est le seul vrai défi du jeu. Sur ce point, le level-design est à la hauteur. Si l’on essaye dans les premiers niveaux de procéder à une exploration méthodique de chaque recoin, il devient rapidement difficile de garder cette rigueur a mesure que les niveaux se complexifient et le nombre d’embranchements ne fait qu’augmenter. Et c’est d’autant plus gratifiant qu'à un moment on a l’impression de perdre pied, de s’enfoncer a l’aveugle sans ne plus prêter attention à la direction dans laquelle on avance. Et malgré tout, la grande réussite du jeu c’est d’avoir des environnements suffisamment intriqués et interconnectés et pour que la progression se fasse naturellement et qu’on ne soit pas obligé de sans cesse rebrousser chemin comme dans un labyrinthe de haies.
Parmi les six niveaux disponibles, si il a bien sûr un effet de répétition voulu autour de la thématique des piscines, chacun réussit à se démarquer suffisamment pour ne pas générer de lassitude. Le style et les textures changent progressivement et l’ajout d'éléments uniques viennent pimenter l’exploration. Je suis assez étonné de voir comment Pools réussi à se renouveler avec peu, comment il crée le mystère à partir de presque rien, comment il brise soudainement la récurrence de ses décors pour accentuer l'effet de surprise.
Si vous souhaitez vous aussi parcourir le parc aquatique de l'étrange, soyez sûr de savoir dans quoi vous allez vous aventurer. Sachez que vous en aurez pour au moins deux à quatre heures de déambulation. Je ne peux pas vous dire ce que vous y trouverez et encore moins ce que cela vous évoquera. Seul vous aurez la réponse.