Les super-pouvoirs, dans les jeux vidéo, c'est quand même vachement pratique. Grâce à eux, on peut se déplacer plus vite et se battre avec de jolis effets ! C'est pourquoi énormément de titres reposent sur des mécaniques liés à des super-pouvoirs divers.
En général, le héros en possède un ou deux. Cole McGrath (InFamous) maîtrise l'électricité et Max (Life is Strange) peut remonter le temps.
Mais en 2009, Activision, qui éditait déjà Spider-Man depuis des années et s'y connaissait donc pas mal en super-pouvoir, avait compris que la puissance du personnage était un sacré argument de vente. C'est pourquoi ils ont décidé d'éditer un jeu dans lequel le héros ne possède pas seulement un ou deux pouvoirs, mais un, deux, trois.... BEAUCOUP de pouvoirs.
Ce jeu c'est Prototype, il avait fait un peu de bruit à l'époque et à même eu droit à un second épisode, mais il n'empêche que la licence est très rapidement tombée dans l'oubli.
En ce qui concerne le premier opus, j'en ai toujours conservé l'image d'un jeu ni bon, ni mauvais, mais surtout sans saveur, la faute à de trop nombreux super-pouvoirs. Eh oui, c'est sympa d'être puissant, mais quand on est surpuissant, on s'ennuie un peu...
J'ai donc décidé de recommencer le titre il y a peu afin d’être certain de la justesse de mon souvenir. Vous l’aurez compris, je vous propose aujourd’hui de revenir sur Prototype pour déterminer si, comme le dit le proverbe, le trop est l'ennemi du bien.
Dans Prototype, on incarne Alex Mercer, un homme amnésique qui se réveille à la morgue après avoir succombé au mystérieux virus qui fait rage à New York depuis quelques jours. Vous imaginez bien que se réveiller après être mort ça fait un sacré choc, mais en plus de cela, le protagoniste découvre qu’il peut maintenant se metamorphoser à volonté et même se faire pousser des armes sur les bras. Notre héros compte bien se servir de ses nouvelles capacités pour découvrir qui il est.
On va commencer avec l’un des deux plus gros défauts du titre selon moi : Prototype est totalement oubliable. Le scénario est aussi inintéressant que les pires saisons de The Walking Dead et Gentek ressemble ostensiblement à la version eco+ de Umbrella, tout comme les mutants font office de Lickers bas de gamme. Cela donne fortement l’impression de se lancer dans un titre complètement fade, ce qui ne s’arrange pas quand on se retrouve confronté à un nombre incalculable de clichés inhérents aux années 2000.
Entre le héros amnésique et trop dark avec sa capuche, la grande mode qui consistait à mettre des zombies partout, sans compter l'open-world et évidemment le fait de pouvoir tout escalader (mode qui persiste encore aujourd'hui.)
Si l'on ajoute à cela la laideur des graphismes et la colorimétrie terne au possible, le jeu n'est pas très engageant au premier abord.
Heureusement, certaines mécaniques contre-balancent un peu ce triste bilan. Se déplacer à toute vitesse et planer au-dessus des immeubles, par exemple, s'avère plutôt agréable. A la manière d'un Assassin's Creed tout à été automatisé pour empêcher le personnage de s'arrêter au moindre petit obstacle ce qui permet d’avancer rapidement et sans frustration.
Mais la capacité la mieux exploitée est sans aucun doute l’assimilation. Alex Mercer peut éliminer brutalement n’importe qui et l’assimiler. En d’autre termes, il absorbe et peut ensuite prendre l’apparence de sa victime (ce qui permet au joueur d’incarner n’importe quel PNJ, coucou Watch Dogs: Légion). Petit à petit, on finit par débloquer la possibilité de dénoncer quelqu’un, c’est à dire accuser un ennemi pour que les autres croient qu’il s’agit d’Alex métamorphosé. Dans ces moments là, alors qu’on instaure un sentiment de paranoïa ambiante, on a la douce impression d’être dans la peau de la créature de ce chef d’oeuvre du cinéma d’horreur qu’est The Thing, film qui a sans doute été l’une des inspirations principales quand il fut question d’illustrer les transitions du protagoniste d’un état à l’autre.
En plus de celà, et là ça devient intéressant, en assimiliant sa victime, le protagoniste récupère ses souvenirs et ses compétences. Il est important de mentionner qu’au-delà des pouvoirs, le jeu nous laisse ramasser des armes à feux et piloter des véhicules militaires. Seulement, notre pauvre Alex n’a pas l’expertise nécessaire pour contrôler de tels engins au début de l’aventure et l’acquiert donc en brisant des nuques de militaires.
Comme je viens de le mentionner, cela lui permet également d’avoir accès à des bribes de leurs souvenirs. Souvenirs qui permettent de retrouver d’autres personnes liées à ce complot autour de Gentek qu’il est possible d’assimiler et ainsi de suite. De fait, on assiste donc à une mécanique reprise et améliorée par l’Ombre du Mordor quelques années plus tard. Tous les ennemis sont reliés les uns aux autres. En éliminer un aura parfois des conséquences sur la difficulté à trouver ou tuer les autres, ce qui donne un côté organique et réaliste, dirons-nous, à l’univers. Dans Prototype, on assiste à un “prototype” (hehe) de cette mécanique qui n’est pas poussée aussi loin (les ennemis sont certes reliés entre eux mais ça s’arrête là), mais l’idée est bel et bien présente !
Grâce à un tel pouvoir, Alex peut bien évidemment s’infiltrer dans les bases militaires et détourner des véhicules, mais il peut aussi modifier son corps pour créer des armes organiques et se battre sans l’aide d’équipement. Là où le bât blesse, c’est que les combats sont extrêmement désagréables. On retrouve un système permettant de verrouiller l’ennemi sur lequel on veut se concentrer dans un groupe, mais rien n’y fait, c’est tout bonnement raté. Les animations de coup sont lentes, on ne ressent absolument pas l’impact de nos coups (dans un jeu qui nous promet d’incarner un être surpuissant je le rappelle) et le bouton pour esquiver mène à deux éventualités : Parfois, on se prend le coup quand même parce que le héros n’a pas dashé assez loin. Les autres fois, on réussit bel et bien à esquiver… Mais la caméra elle aussi NOUS a esquivé ! Finalement on se retrouve dérouté quelques instants après avoir perdu nos repères, ce qui laisse le temps aux ennemis les plus coriaces de nous attaquer. En bref, les combats sont une véritable tannée, et dans un jeu qui en comporte beaucoup ça fait très mal.
Surtout que les véhicules sont très simples à prendre en main et très agréables à manier en plus ! Si les développeurs avaient passé plus de temps à peaufiner le combat au corps à corps, je suis persuadé Prototype en serait ressorti grandement amélioré et aurait pu devenir un très bon jeu.
Avant de passer à la conclusion, j’aimerais mentionner une qualité indéniable, surtout par rapport aux open-worlds actuels, que possède Prototype. Avec les avancées technologiques, énormément de jeux se sont engouffrés dans la mode des maps gigantesques, souvent truffées de points d’intérêts totalement inutiles. En revanche, Prototype a au moins pour lui, sa carte de New York assez grande pour ne pas se sentir étriqué lors de nos déplacements mais tout de même relativement resserrée. Par ailleurs, quelques défis assez variés mettront vos pouvoirs à l’épreuve en échange de points à dépenser dans le fameux arbre de compétence. Encore une fois, ici la poignée de défis proposés sont disséminés ça et là sur la carte, là où d’autres titres auraient tenté de gonfler artificiellement la durée de vie en inondant le terrain des 4 mêmes types de quêtes secondaires.
Maintenant que je m’y suis replongé, je dois avouer que Prototype est meilleur que dans mes souvenirs. Durant toutes ces années, le souvenir que j’en avais me laissait penser que l’abondance de super-pouvoirs rendaient le titre ennuyeux mais en fait, c’était surtout le manque de dynamisme et la pénibilité de ses combats… Si ces derniers avaient été plus nerveux et si le titre avait bénéficié d’un meilleur scénario, ou même d’un scénario tout court, je pense que Prototype aurait bien plus marqué les esprits. Il aurait peut-être même eu plus de popularité que InFamous, jeu avec lequel il était en concurrence à cause de leur postulat de base similaire ainsi que leur date de sortie rapprochée.
Dans les faits, InFamous a bénéficié de deux épisodes supplémentaires et une extension (D’ailleurs, InFamous 2 est l’un de mes jeux favoris de la PS3. J’en parlerais peut-être plus tard) tandis que Prototype a eu droit à une suite avant de tomber dans l’oubli.
Je n’ai jamais eu l’occasion d’essayer ce fameux Prototype 2, mais en me renseignant pour cette présentation, j’ai la nette impression qu’au-delà d’être plus agréable à l’oeil cette suite semble également meilleure côté gameplay. Je me la procurerai très certainement un jour pour me forger un véritable avis.
En tout cas, Prototype premier du nom, c’était moyen. Et en 2022, quand on se retrouve face à tous les clichés des années 2000, ça a carrément mal vieilli.