J’avais testé le jeu chez un ami il y a quelques temps. Si j’avais pu je n’aurais jamais rendu la manette, j’aurais montré les dents à chaque tentative de me l’enlever, j’aurais vieilli sur place, ma barbe aurait envahi le salon et je serais mort de faim mais le visage illuminé d’un sourire ravi.
Car le concept du jeu est d’une fourberie poussée au vice, et pourtant si entrainante. Chaque partie commence de la même façon. Le chevalier, armé de son épée, rentre dans un château maléfique et mourra à cause d’ennemis ou de pièges. Et quand il faudra y revenir avec un nouveau héros, descendant du premier, la disposition des salles aura changé. Il est impossible d’apprendre les péripéties des niveaux par coeur.
Mais, entre temps, le joueur aura récupéré quelques piécettes qui lui serviront après chaque mort à investir. Celles-ci servent à modifier les caractéristiques des personnages et à acheter de l’équipement. Au fur et à mesure, le champs des possibles croît, avec de nouvelles classes, qui devront elles-même être améliorées.
Car à chaque mort, le joueur recommence en choisissant parmi trois nouveaux héros ou héroïnes, héritiers du précédent. Chaque classe possède des capacités propres, avec le bourrin ou le mage au commencement. Mais aussi chaque nouveau prétendant possède des caractéristiques propres, qui peuvent être des avantages ou des inconvénients. Être myope trouble votre vision, mais un autre vous indiquera les salles avantageuses. Un autre pourra marcher sur les pointes, mais un autre marche au plafond. Il faudra donc bien choisir, certaines combinaisons sont plus gagnantes que d’autres.
Mourir n’est donc pas vraiment grave. Puisque cela permet de récupérer un peu d’argent ou de nouveaux équipements. Mais surtout l’ennui est atténué par la diversité des personnages à jouer. Le jeu est composé de salles très différentes, qui peuvent être piégées mais aussi apporter de précieuses aides ou faire souffler le joueur. Chaque nouvelle partie donne ainsi l’illusion de renouveler la progression, pendant que le joueur s’améliore, apprenant bien vite à comment réagir face à de nouvelles situations.
Les parties se ressemblent sans être les mêmes. Et le sentiment de progression est très fort. Il ne vient pas seulement de l’amélioration des caractéristiques, mais aussi du joueur, qui apprend à reconnaître la configuration des salles ou les attaques ennemies. La difficulté est toujours progressive, et les pics rencontrés seront forcément dépassés en revenant à la charge. Les boss sont d’ailleurs exemplaires, les essais sont nombreux mais le jeu en vaut la chandelle.
Rogue Legaçy est ciselé avec un grand soin, sa maniabilité aussi. Malgré l’effort demandé, chaque coup d’épée, chaque saut sonne juste. Il ne s’agit pas seulement d’une certaine gratification face aux difficultés, mais bien d’une maniabilité étudiée pour accorder au joueur un certain plaisir dans ses actions. Cela se ressent particulièrement avec l’alternance des personnages, entre les handicaps et les points forts de chacun, chacun est différent à sa façon.
Rogue Legacy est donc une drogue, toute en charmants pixels et en petits agacements qui font partie du jeu. Chaque défaite est pénible, car on aurait aimé aller encore plus loin, mais c’est pour mieux revenir, avec de nouveaux apprentissages et une meilleure expérience. Les parties peuvent s’enchaîner, pour le simple plaisir de l’exploration ou de surmonter la difficulté. C’est un jeu d’une grande simplicité dans son principe, mais aussi d’une grande intelligence tant il arrive à s’en emparer.
Une suite est prévue, la curiosité est grande.