Me voici enfin arrivé au coeur de la Zone : la centrale de Tchernobyl.
Que de chemin parcouru depuis ce jour, à la fois si proche et si éloigné, où je me suis réveillé, complètement amnésique, chez ce marchand, près du Cordon. Mon PDA n'indiquait qu'une seule mission : "Tuer Strelok". Soit.
À peine étais-je réveillé que Sidorovich m'envoyait en mission pour payer ma supposée dette. Cela n'était que le premier pas sur le long chemin menant au coeur de l'Enfer.
Néanmoins, nul besoin de s'approcher de la Centrale pour être en terrain hostile. Dès nos premiers pas, la Zone nous fait comprendre qu'ici, rien n'est acquis, et que c'est toujours elle qui aura le dernier mot, tant qu'on aura pas compris comment l'apprivoiser, comment vivre selon ses règles. L'environnement est tout entier décidé à nous mettre des bâtons dans les roues, que ce soit avec les anomalies, ou avec la radioactivité permanente. Les bandits et les militaires qui se partagent les différents points forts de la zone, ne facilitent en rien la vie pour nous autres, Stalkers.
Je ne peux cependant pas affirmer avoir été seul, durant mon voyage. J'ai très souvent croisé d'autres Stalkers tout aussi désemparés que moi devant les caprices de la Zone, rejetés par le monde extérieur. Peut-être que cet terre dévastée est le seul endroit où ils se sentent chez eux, avec des gens qui les comprennent, loin de ce monde paisible et sans danger. J'ai pu observer, lors de fugaces instants, de petites tranches de vie, des hommes jouant de la guitare, discutant autour d'un feu de camp, tant qu'ils avaient la paix. Ces mêmes hommes qui, l'instant suivant, se battaient jusqu'à la mort contre bandits et mutants pour un entrepôt désaffecté, ou une décharge, tout lopin de terre insignifiant qu'ils se sont appropriés et qu'ils appellent désormais "foyer".
Malgré tout, ces moments sont rares, et ils ne pèsent pas bien lourd dans la balance, comparé à ces jours passés seuls, à lutter contre des hordes d'ennemis organisés, intelligents et déterminés. J'ai très vite arrêté de compter le nombre de fois que j'ai frôlé la mort, et où je dois mon salut à l'utilisation d'un bandage ou d'un kit de soin salvateur. On ne se sent pas à l'aise dans ce milieu hostile, sans une trentaine de bandages et une dizaine de kits de premiers secours. J'ai arrêté de compter aussi le nombre de souterrains sombres que j'ai dû arpenter, à la recherche de tel ou tel document, harcelé de toutes parts par des mutants sachant se faire discrets et dont le moindre coup provoque de terribles saignements pouvant tuer le plus expérimenté des Stalkers en quelques secondes, les membres du culte du Monolithe, et cette folie qui m'assaille.
La Zone est par nature impitoyable, et la moindre erreur, quelle qu'elle soit, se paye très cher. Il est très facile de se mettre à dos une faction sur un simple malentendu, ou une balle perdue. La fois où j'ai tué un membre de la faction du Devoir de loin, le confondant avec un vulgaire bandit, restera un de mes plus grands regrets, tellement il m'aura été difficile par la suite de me frayer un chemin jusqu'à cet endroit où je me tiens actuellement.
Et me voilà, me tenant debout devant cet immense bâtiment, symbolisant à la fois le début et la fin de mon périple, fort de mon expérience acquise lors de toutes ces épreuves qui m'ont souvent poussé au bout de ce que me permettait ma santé mentale, mais toujours au bout de mes limites, m'obligeant perpétuellement à me surpasser pour survivre. On pourrait naïvement croire que le pire est derrière, et pourtant, j'ai l'intime conviction que la Vérité qui réside à l'intérieur rendra tout ce que j'ai vécu auparavant particulièrement insignifiant. Je ne peux plus faire marche arrière.
(Bon, en gros, Stalker : Shadow of Chernobyl, c'est la survie, c'est la vie, c'est la peur, c'est la terreur, c'est impitoyable, c'est gratifiant, c'est un univers comme on en verra probablement jamais plus, c'est une immersion à toute épreuve... En gros, un des meilleurs FPS jamais crée.)