Établis dans un grenier, perdus au fin fond de la France, voilà comment nous avons installé le climat de la peur, propice à découvrir Signalis, ma partenaire et moi.
Une fois cela fait, quel plaisir d'arpenter le monde de Signalis situé au juste milieu entre l'ultra référencé et l'original. Des références, le jeu en a et les travaille, que ce soit dans son gameplay ou son esthétique : Silent Hill, Resident Evil mais aussi Evangelion et Metal Gear Solid ou même des œuvres picturales et des phénomènes internet. Pourtant, le jeu parvient à déployer un monde nouveau, agrémenté d'un level design tortueux, enrichi par le mélange des langues allemande et japonaise. Les graphismes vont eux-mêmes dans le sens d'un curieux équilibre entre référence et originalité avec de la 3d à couper au couteau, à la manière d'un MGS sur PS1, et un pixel art somptueux. On prend ainsi plaisir à décrypter le scénario du jeu, son lore et ses références. Ce monde peuplé de waïfus cybernétiques géantes aux noms allemands amène même une réflexion composite sur de nombreux sujets comme l'identité, le désir ou l'autoritarisme. Malheureusement, le scénario tout comme les pistes philosophiques qu'il lance souffrent d'une grande complexité dans la narration : trop de personnages aux noms alambiqués et aux visages semblables, trop de concepts à assimiler, trop de remous et de nœuds dans la trame... Parmi les points à mitiger, le scénario est accompagné du gameplay. En effet, il est plaisant de résoudre les énigmes très Silent Hill du jeu qui use intelligemment du level design. Cependant, le minuscule inventaire de notre héroïne contraint les joueuses et joueurs à multiplier les allers-retours. Cette exploration qui fait le sel du jeu est, par ailleurs, complexifiée par un système de combat, particulièrement mal expliqué, aux bases bancales. C'est donc agacés par les défauts du jeu que nous l'avons fini.
Avec le recul, il serait facile de reprocher ses manquements à Signalis et de rester sur cette note malheureuse. Pourtant, les seules notes que je garde en tête, ce sont celles des signaux radio qui donnent jusqu'au nom de l'œuvre allemande. Ces 3 tons mélancoliques et inquiétants qui accueillent le joueur, ces jeux avec la fréquence radio, à balayer le spectre radio entier comme on sonderait une âme. Ce que je comprends avec Signalis c'est que des jeux très imparfaits peuvent laisser de beaux souvenirs.