Pas mal mais
Trop long, trop de combat, les creatures qui étaient pathétiques et semblaient en souffrance dans l’og sont ici des machins pénibles qu’il faut tout le temps tabasser et ralentissent l’exploration;...
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le 8 oct. 2024
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Difficile d'exprimer mon amour pour le jeu original (2001) si ce n'est qu'il est dans mon cœur à jamais pour plusieurs raisons.
Mais je ne vous cache pas qu'un remake de ce titre, au vu des récentes tentatives de l'industrie (qui m'ont toutes sauf plu) et des derniers jeux de la série qui étaient entre l'oubliable et l'horreur. Il était difficile de s'enthousiasmer pour ce projet terriblement casse-gueule.
Vous ajoutez à cela un studio dont l'expertise ludique est variable et vous avez toutes les craintes justifiées à l'annonce.
Ne tournons pas autour du pot. Silent Hill 2 (2024) est un jeu correct.
Il y a eu d'énormes efforts et beaucoup de travail pour respecter l'œuvre de 2001. Le travail sur les décors est juste exceptionnel et cohérent avec l'époque où se déroule le jeu.
Il y a énormément de détails à travers la ville et les lieux qu'on parcourt qui nous permettent de se rendre compte qu'il y a 23 ans de différence entre ces deux versions.
L'éclairage est globalement sublime, les modélisation et l'aspect technique est très bon, peut-être que le jeu d'ombre est moins marquant que dans l'original, mais les reflets de lumière, qu'ils soient teintés ou non, donnent énormément de cachet et de cohérence à notre parcours.
De tous les lieux qu'on parcourt, la ville de Silent Hill elle-même, les deux appartements et l'hôtel sont mes endroits favoris. Visuellement, je les trouve tout simplement fabuleux et ils possèdent un grand respect pour l'œuvre d'origine sur le plan artistique. On pourra regretter l'absence de grain d'image du jeu d'origine, remplacé par un "filtre 90's" peu convaincant et à la visibilité discutable.
L'ajout de détails m'a énormément impressionné et cela renforce le côté vivant et touristique de la ville. Au point que dans certains lieux, cela donne un côté "trop vivant" alors que nous sommes censés être dans des lieux abandonnés. (James n'ayant jamais visité l'hôpital auparavant, le surplus de détails historiques sur ce lieu m'a un peu déconnecté du jeu d'origine.)
Le parcours du jeu n'a pas changé, il y a juste deux ou trois endroits rajoutés par rapport à l'original qui ne durent pas très longtemps et permettent de varier les lieux que l'on visite.
La progression, elle, a été entièrement revue, pour le meilleur mais aussi, hélas, pour le pire.
Si un effort a été fait pour respecter les énigmes d'origine tout en les étoffant de sous-énigmes/clé pour récupérer la pièce maîtresse, il y a aussi le fait que nous sommes en 2024.
Et sortir aujourd'hui un jeu de moins de 10 heures est pour beaucoup inacceptable. Il y a donc des lieux qui se faisaient en une demi-heure dans l'original qui, ici, durent désormais deux heures, rendant le rythme beaucoup trop espacé, tandis que la narration en pâtit énormément… Cela se voit quand on compare à l'original, car Bloober Team déplace certains événements un peu avant (ou après) et tente d'inclure des moments "action" ou des rallonges de lieux qui n'ont clairement pas d'intérêt, aussi bien ludiquement que scénaristiquement.
Malgré tout, la progression ne se fait pas sans grande difficulté d'un point de vue repérage. (Peut-être la lampe torche qui éclaire un peu faiblement au loin).
L'utilisation de la carte et les légendes incorporées sont intactes. Mieux, certains ajouts sur la carte aident beaucoup plus à se repérer ou à noter des détails qui pourraient nous échapper. Vu que cette version étoffe complètement la progression, c'est un point fort appréciable qui nous évite des allers-retours inutiles ou le fait d'avoir oublié un objet clé. Et bien que le jeu inclue d'autres nouvelles mécaniques de progression (destruction de murs, pousser un chariot, faufiler sa main dans un trou, sauter dans un trou), on sent parfois qu'il y a eu des abus de ces mécaniques pour rallonger le titre.
Mais entre ces moments de progression et de changement de lieu se trouvent les combats. Et honnêtement, c'est le second gros défaut du jeu.
Un jeu à caméra "à l'ancienne" est très peu vendeur, et si ce remake doit avoir "une chance", Konami a sans doute imposé un côté un peu plus action au soft, à tel point que la diffusion d'un combat trailer a fait hurler plus d'un fan.
En parallèle, les développeurs de Bloober ont voulu rassurer en disant que cela était une décision de Konami pour cette bande-annonce et que le jeu final n'aurait pas autant de combats... Verdict ? Eh bien, en alignant mon parcours sur 17h de jeu et le fait que les ennemis ont été multipliés par quatre, le trailer de Konami n'était pas très loin de la vérité dans le fond. C'est simple, entre le fait qu'à chaque petite pièce se trouve un ennemi et dans les espaces les plus ouvert entre trois voire quatre en même temps, on sera tenté de prendre la fuite.
Mais dans des espaces les plus étriqués, les combats sont inévitables. Les ennemis sont beaucoup plus agressifs que dans l'original et se prendre un coup de mannequin qu'on n'aurait pas vu est très fréquent. Pour contrer cette agressivité, le gameplay est étoffé d'une esquive assez gratuite et sans usure d'une quelconque stamina (stamina qui existait dans l'original), en plus de donner par moments des frames d'invincibilité.
Ajoutez à cela des armes certes inchangées, mais qui nécessiteront plus souvent leur utilisation. Des ennemis voire des boss (qui certains sont par moment ridicule dont un gratuit et hors-sujet) qui semblent être de gros éponges à balles, même en Facile. Cela rend le parcours plus frustrant, voire irritant à certains moments (comme le mannequin araignée très agile dont la visée est pénible).
Le choix d'avoir une touche pour le corps-à-corps et une autre pour la visée est assez appréciable sans passer par les menus. Mais on a vu plus équilibré dans l'ergonomie des touches (tout comme le fait que la carte soit sur une touche directionnelle plutôt que sur Triangle, mais là c'est un vieux joueur de la saga qui rouspète).
Cependant, cela reste paramétrable, pas parfaitement, mais suffisamment pour réduire les contraintes.
La caméra à épaule, quasiment dans la norme de l'industrie, offrant une caméra libre lors de la visée ou de l'exploration, donne peu d'originalité sur ce point. Cela contente la majorité des joueurs voulant s'essayer à une variante d'horreur à la Resident Evil, peut-être moins les fans hardcore de Silent Hill, car cela donne parfois un sentiment étrange entre ce que nous connaissons du jeu d'origine et ce système de shoot / esquive moderne voulant rappeler les Silent Hill d'autrefois, haïs, tel que Homecoming. Trop de répétitivité dans les combats fait qu'on sent déjà la limite à peine à la moitié du jeu. Et le changement d'armes ou les nouveaux mouvements des ennemis ne changent pas grand-chose sur la longueur.
Le surplus de combats gâche certains moments de sérénité du jeu d'origine, comme l'hôtel relativement calme dans l'original ou la ville de Silent Hill après avoir retrouvé Maria. Alors qu'à l'inverse, ce remake propose de rare moment de grâce. (comme la seconde partie de la ville en pleine nuit, sous la brume après l'hôpital).
Un dosage pas forcément parfait entre la pression d'un environnement et le fait d'être constamment en alerte, rendant le parcours par moments irritant.
Dans les grandes lignes, le scénario est respecté à la lettre, parfois au dialogue près, à l'exception de quelques personnages. Notamment Eddie, beaucoup plus alarmant visuellement, et dont on est beaucoup plus méfiant dès la première rencontre, tant il semble déjà fou. Le reste du casting est globalement correct dans son rôle, peut-être des sous-entendus un poil trop appuyés sur le passé de certains personnages lors des dialogues, mais rien de honteux.
C'est plutôt la direction de leur interprétation qui peut poser question. Elle n'est pas catastrophique, loin de là, et par moments, elle arrive même à être parfaite, voire mieux que l'original, et ces passages-là sont rarement les passages-clés du jeu. À l'inverse, les passages-clés du jeu subissent des déceptions, mais pour ma part, déception non pas à cause des acteurs choisis (James est globalement convaincant) ou de leur interprétation, qui est pleine de bonne volonté, mais à cause de la manière dont cela est réalisé.
Le passage par exemple de Maria au Labyrinthe, ô combien je pense compliqué de faire la dualité Mary/Maria. Mais cette scène où Maria se transforme subtilement en Mary n'y est plus (tic de langage, ton de la voix, expression du visage). Mais à la fin du jeu, Maria sous la forme de Mary arrive parfaitement à jouer… Maria.
De même, au dernier couloir avant le boss de fin, Mary est tout simplement touchante et convaincante, alors que le monologue final de la lettre n'est plus bouleversante du tout... loupant la dernière phrase de la lettre...
Tout comme la colère et la peur de Maria à l'hôpital ne sont pas parfaites. Pourtant, l'actrice veut y mettre de sa volonté pour être sensuelle, attachante et attirante. Mais la réalisation ne suit pas, que ce soit en termes de direction, d'éclairage au contraste fort, voire de musique à un moment précis, cela sonne faux (notamment la dernière scène d'Angela, où dans sa dernière phrase nous entendons une musique qui appuie ce moment précis, si peu subtilement…).
Les passages avec Pyramid Head sont pour le reste plutôt soignés et mettent mieux en valeur la créature. Même si un ou deux passages auraient pu être mieux, voire plus sales, il n'y a eu aucun blasphème, étant donné que son créateur d'origine était là pour surveiller.
Un petit point sur la partie sonore : Akira Yamaoka est certes de retour sur le plan musical, mais je doute qu'il ait été responsable de la partie sonore comme ce fut le cas il y a 23 ans. La partie audio du jeu est très bonne, ça fourmille de détails, de bruits étranges, voire de soupirs soudains qui se passent derrière notre dos. Chaque pas sur une surface est différent et chaque intérieur possède un traitement audio unique. Toutes les interactions possèdent là aussi un son différent, les monstres ont des cris différents les uns des autres et les bruits les plus insalubres arrivent à provoquer du malaise. Quasiment tout les eastereg du jeu d'origine sont aussi conservé. Sur ce plan-là, très peu de reproches.
En revanche, sur le plan musical, c'est un peu la déception. Bien sûr, certains morceaux inchangés de Yamaoka sont repris, mais par moments, je trouve qu'ils sont mixés de manière regrettable (comme par exemple dans la première tempête dans la ville, où il y a une sorte de medley sans aucun sens, musique qui provenait de l'appartement dans l'original) et certains loops sonores peuvent parfois être ratés.
Les reprises ou réarrangements de certaines musiques sont, pour moi, soit assez discrets au point que cela ne me dérange pas, soit en deçà de l'original. The Day of the Night est grossière (c'est pourtant le premier son qui me vient à l'esprit quand on me parle de Silent Hill 2), la nouvelle version de Null Moon est sympathique, mais Heaven's Night est moins intimiste. C'est discutable. Les nouvelles compositions, à part deux ou trois sonorités, sont très oubliables par moments, y compris les sons censés être plus "bruts" lors de l'exploration. On retiendra surtout ce qu'on a entendu en 2001.
Si Silent Hill 2 (2024) n'est pas la catastrophe annoncée, on peut déjà saluer la volonté et l'honnêteté de Bloober Team de vouloir respecter tant bien que mal le jeu d'origine (et la barre était très haute). En revanche, le projet souffre de gros défauts majeurs selon moi.
La durée de vie trop longue pour le genre (entre 15h et 18h pour le premier run) qui étire inutilement beaucoup de passages en exploration. Et l'abondance d'ennemis, couplée à un gameplay assez répétitif en mécanique et en combat, fait que la progression est tout sauf rythmée convenablement. Ce qui pose question sur l'intérêt de se re-motiver à relancer le jeu pour obtenir les huit autres fins (deux fins inédites apparemment).
Enfin, si graphiquement le jeu est par moments très joli et que la partie artistique est vraiment respectée, la direction des cinématiques est assez variable, bonne par moments, mais en deçà pour les plus importantes. Il en reste un jeu horrifique assez correct, éprouvant, mais intéressant pour les nouveaux joueurs, bien que probablement moins hypnotisant pour les vétérans de la version de 2001.
D'une certaine manière, il est beaucoup plus fidèle et éprouvant que les remakes de Resident Evil 2 et 3, mais moins intéressant sur le plan de l'action.
Un bon jeu correct qui ne ternis pas la version de 2001, mais voyant que les développeurs avaient capacité de pouvoir faire mieux sur certains plan, c'est aussi un peu regrettable que ludiquement il est plus dysfonctionnel que l'original.
Mais la série revient de (très) loin et un jeu Silent Hill correct, ce n'est pas arrivé depuis Shattered Memories (2009).
A voir ce que propose à l'avenir la série.
Créée
le 13 oct. 2024
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