Le Mètre-Étalon de l'infiltration

Il n'est pas nécessaire de tourner autour du pot, aussi évitons la perte de caractères inutiles pour affirmer hautement que 𝑆𝑝𝑙𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 𝐶𝑒𝑙𝑙 : 𝐵𝑙𝑎𝑐𝑘𝑙𝑖𝑠𝑡 est un excellent jeu vidéo, et plus, une référence du genre ! Bien que je le découvre 10 ans après sa sortie, force est de constater qu'il reste un modèle, qu'il est même le canon du genre. Bien peu d'autres ont su le surpasser, prouvant que le vieux lion Sam Fischer reste le roi de la savane.

Le scénario de ce 𝑆𝑝𝑙𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 𝐶𝑒𝑙𝑙 s'inscrit dans la lignée des signatures Tom Clancy. Ce n'est pas de mon goût, et je ne comprends pas que quiconque puisse apprécier ce genre d’œuvres. J'aurai aimé que l'intrigue soit oubliable, ou un peu mise en retrait ; hélas ce n'est pas le cas, et nombre séquences gênantes mettent en scène le héro, en personnification de l'ogre tout puissant américain, écrasant ses ennemis, terroristes, forcément, aux motivations pourtant mille fois plus légitimes que celle de notre protagoniste. Des répliques lourdes de patriote beaufs m'ont plus d'une fois fait saigner les oreilles. Je pense à une diatribe convaincante du grand méchant, demandant à ce que les États-Unis rapatrient leur troupe hors du sien, réplique à laquelle le héro répondra par un virile et hautain "ta gueule !", glorifié par un angle de caméra avantageux.

Tout ces poncifs usés jusqu'à la corde par Tom Clancy fatiguent. Cette manière d'exposer son sujet, de le traiter ... Seigneur qu'avons nous fait pour mériter ça ? Définitivement à oublier.

Heureusement cette intrigue manichéenne et propagandesque n'est pas le cœur du jeu. Malgré cet énorme handicap, ce dernier parvient tout de même à briller par ce qu'il est avant tout : un authentique jeu vidéo.

Le gameplay de 𝑆𝑝𝑙𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 𝐶𝑒𝑙𝑙 : 𝐵𝑙𝑎𝑐𝑘𝑙𝑖𝑠𝑡 est tout bonnement excellent. C'est un modèle qui doit faire école. La relative lenteur et la tendance à la simulation des premiers opus est dynamisé par des mouvements et une économie de l'action générale plus active et dynamique.

C'est un véritable plaisir de contrôler notre personnage, dont l'agilité et la grande palette de mouvement permet d'aborder chaque situation sous plusieurs angles.

Cette pluralité d'abordage est sublimé par un succulent level design, dont on se délecte des délicatesses à chaque niveau, qu'on parcourt ainsi de mille et une façons.

Vers la fin du jeu, quelques courts passages en vue subjectives font leur apparition. On regrette l'existence de ces séquences fades et molles, inutiles même, qui paraissent d'autant plus faibles qu'elles s'intercalent entre les niveaux de l'excellent mode principal de jeu.

Les missions secondaires sont toutes de petits challenges, qui poussent le joueur à jouer de telle ou telle manière, ce qui fait découvrir, expérimenter et apprécier toujours plus de possibilités de jeu.

Ce dernier 𝑆𝑝𝑙𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 𝐶𝑒𝑙𝑙 est une référence du genre infiltration ; il est sans doute la meilleure entre de toute la série.

Je crois qu'un remake est en cours de préparation ; espérons qu'Ubisoft, hélas habitué depuis quelques années à livrer des jeux standardisés à outrance et sans saveur, parvienne à retrouver assez de fougue pour faire honneur au célèbre agent aux lunettes vertes.