Vous voila ici, à lire la critique d’un mec qui a mis « juste un 7 » au milieu de toute ces bonnes notes ? Pourquoi ? Est-il blasé ? Veut-il juste mettre une note plus basse que la moyenne pour se la jouer edgy kikoo dark sasuke de Senscritique ?
Je vous explique tout ça…
(Cette critique est garantie sans aucun jeu de mot sur Dahna.)
Née en 1995, Tales of est une saga de JRPG dont la longévité est impressionnante. Ce n’est pas la seule me direz vous, mais c’est d’autant plus admirable pour une série dont le succès n’a jamais été mirobolant. 25 millions d’exemplaires pour 15 épisodes principaux, des spin of à foisons, des animés, des mangas, des romans, le tout répartie sur plus de 25 ans. « Ce qui est bien mais pas top » comme dirait l’autre. C’est une série qui se caractérise par une sensibilité très shonen, les protagonistes ont longtemps été des enfants, son système de combat est ultra nerveux et c’est Motoï Sakuraba qui est en charge de la bande son. Voila pour les éléments quasi récurrents sur tous les épisodes.
Tales of Arise c’est la promesse d’un Tales Of moderne, d’une rupture avec une ancienne formule à bout de souffle et à la traine. C’est aussi la promesse d’un bon en avant technique avec ce changement de moteur tant attendu.
Alors que la série avait fini par avoir un rythme de production quasi industriel avec des épisodes tous les ans à certaines périodes (et à la qualité très variable) , Arise aura mis 5 ans avant d’arriver. Un temps de développement inédit pour un épisode de la saga.
Pour cause, l’accent a été mis sur l’aspect marketing, on sent que Bandai Namco place pas mal d’espoirs dans cet épisode du renouveau. Les influenceurs parlent d’un Tales of, ce qui est déjà incroyable pour cette série un peu niche. Les tests de la presse spécialisée ne tarie pas d’éloges sur lui. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette mécanique bien huilée porte ses fruits. Le jeu a déjà atteint le million d’exemplaire vendu le plaçant comme meilleur démarrage pour un Tales Of.
Dire que j’attendais ce Tales of Arise est un doux euphémisme. Des les premiers visuels des protagonistes et les premières démos techniques sous Unreal Engine 4, le charme a opéré. Il y avait un truc qui sortait un peu de la recette Tales of classique. En fait depuis le départ d’Hideo Baba après Tales of Zestiria, les épisodes ont adoptés une couleur plus sombre avec notamment l’excellent Tales of Berseria. (Excellent par son univers, ses personnages et son scénario mais qui incarnait totalement la structure très vieillissante de la série).
Mais alors Tales of Arise ça parle de quoi ?
El Famoso Heros Amnésique
Alphen notre héros est amnésique (Oui sérieusement…encore). Esclave de la planète Dahna qui est sous le joug de l’oppresseur Rena depuis 300 ans, il va rencontrer Shionne une Renienne en fuite. Alors qu’Alphen ne peut ressentir la douleur, Shionne l’inflige à quiconque la touche. Ensemble ils vont voyager afin de renverser les 5 seigneurs Renien, chacun avec son propre but.
On peut dire que l’aventure est découpée en 2 grandes parties. La première équivaut au 2 tiers du jeu et la seconde partie au dernier tiers. Durant la première partie pas mal de choses intéressantes seront soulevés et on aura toujours envie de voir comment le prochain seigneur contrôle et régit son royaume. Les personnages se posent beaucoup de questions sur ce qu’implique de gouverner, l’avant et l’après libération face à l’oppresseur, l’emprise mentale qu’implique un régime de soumission etc. Franchement ça fonctionne bien. Ce n’est pas un traité philosophique et c’est toujours imprégné d’un peu de japoniaiserie mais tout de même, ça fonctionne.
A l’échelle du groupe on retrouve les fameuses « scénettes » : Des dialogues optionnels qui montrent les instants de vie de notre équipe. Parfois légère parfois plus intimes, elles sont un moyen malin de donner de l’épaisseur aux personnages et comme toujours ça marche. Il est quasiment impossible de ne pas avoir un minimum d’affect pour nos 6 compagnons même si on aura chacun nos préférés (Kisara quand on a bon gout).
Dans la famille Tales Of je demande le pas moche.
S’il y a bien un point sur lequel la saga s’émancipe de son passé c’est par son bilan technique. Aujourd’hui enfin, un épisode de Tales Of peut bomber le torse devant la concurrence et s’affirmer visuellement sans avoir une génération de retard. Le rendu Cell Shading est un choix on ne peut plus judicieux afin de rendre honneur à la direction artistique tres japanim.
Si les premiers environnements peuvent sembler un poil simpliste, arrivé à un certain stade plusieurs décors sont sublimes. Ce n’est pas ce jeu qui battra le record du nombre de polygones affichés en même temps mais artistiquement on a quelques jolis panoramas qui marqueront les esprits. Dommage que chaque région donne une sensation « tassé » puisqu’elles se résument à quelques écrans seulement car on en aurait bien repris un peu de ces fulgurances artistiques.
Le 14 Juillet des tartes dans la tronche.
Les combats, points fort de la série, sont très réussis. On retrouve ce système très porté sur l’action ou chaque touche est assignée à un Arte (une technique) que l’on intercale entre 2 enchainements standards afin de faire grimper le compteur de combo. A force de porter des coups, la jauge de spécial des personnages se rempli et cette attaque spécial peut alors être déclenchée. La particularité est que chaque personnage a une attaque spécial qui s’adresse a une typologie d’ennemis précis. Si notre héros aura l’avantage de pouvoir mettre à terre presque tous les monstres du jeu grâce à la sienne, Shionne fera descendre les ennemis volants, Law brisera la carapace des ennemis blindés, Rinwell la mage stoppera les incantations ennemis en leur volant au passage le sort qu’ils s’apprêtaient à lancer, Kisara stoppera les ennemis en train de nous charger et Dohalim ralentira les ennemis rapides. Une fois la moitié de la barre de vie d’un ennemi entamée, si vous enchainez les combos il vous sera même possible de l’achever avec un finish des plus stylé mettant en scène 2 de vos personnages. A l’écran ça explose de partout, les effets volent dans tous les sens… ce qui peut parfois nuire à la lisibilité malheureusement. Dans l’ensemble ça fonctionne vraiment bien c’est très dynamique comme toujours.
Particularité, le jeu a un système de soin via des points dédiés : Les PS. Ces points de soins sont partagés par tous les membres et son total augmente légèrement par la prise de niveau mais surtout en tuant des boss optionnels qui octroient 10 points supplémentaires à ce total. Un moyen malin de pousser le joueur à se pencher sur ces combats ardus.
Coté stats, chaque personnage peut débloquer des compétences répartis dans des « titres ». Pour simplifier un « titre » est un ensemble de 5 compétences et chaque compétence se débloque via les PC obtenus en combats. Ce qui est bien fichu c’est que les titres se débloquent selon vos actions et pas seulement selon votre progression. Par exemple faire le mini jeu de pèche, acheter des équipements etc pourra débloquer un titre spécifique pour un personnage. Une fois encore c’est un excellent moyen d’encourager le joueur à toucher à tout. En termes de système c’est une réussite.
Enfin au niveau des « à coté » le jeu propose les sempiternelles quêtes fedex qui ont le bon gout d’être courtes, notamment grâce aux points de téléportation nombreux et bien placés. On a un (bon) mini jeu de pêche, de l’élevage de bétail (juste un menu rien de foufou), un colisée assez basique lui aussi, la recherche des 38 hiboux cachés dans le jeu… Bref quelques petits ajouts sympathiques qui peuvent briser la routine à l’occasion.
Vous reprendrez bien un peu de J-Pop sur votre Shonen ?
Alors qu’est ce qui ne va pas finalement ?
(Je prend une profonde inspiration)
J’évoquais plus haut que l’histoire pouvait être découpée en 2 grand axes : le premier qui équivaut aux deux premiers tiers de l’aventure et le second au dernier tier. Si la première partie est très agréable et variée en termes d’ambiance, la seconde est une vraie catastrophe. Alors que le scénario devrait prendre une toute autre envergure on se retrouve dans des tunnels narratifs soporifiques sous couverts de révélations qui font à peine levé un sourcil. Le jeu se plait à rabâcher ad nauseam les informations encore et encore en nous stoppant tous les 10 pas pour de nouvelles cutscenes. Le fameux ventre mou inhérent aux Tales Of il est la. Précisément au moment ou le jeu devrait atteindre son climax on descend aux enfers narratifs et le tout dans des décors bien moins inspirés que ceux du premier acte. Si encore tout ce cérémonial aboutissait à un scénario ciselé on pourrait se consoler de cet égarement mais il n’en est rien. On tombe dans les pires clichés du JRPG et les quelques nuances intéressantes que l’on pouvait déceler parfois dans la géopolitique du jeu disparaissent pour une soupe Shonen saupoudré de morceau J-Pop et de love story pour ado pré pubère.
Si déjà en termes d’écriture c’est le château de carte qui s’écroule que dire du reste ? Cette partie ultra rébarbative est entrecoupée de donjon pas du tout inspiré. Mention spéciale au tout dernier donjon d’une longueur usante due à ses innombrables combats contre des sacs à PV qui vous force à claquer tous vos objets afin de récupérer des points de soins, non pas à cause de sa difficulté mais bien de la longueur des combats. Le problème c’est que vous ne pouvez pas arriver avec des personnages trop forts que vous auriez boosté en amont. Ce qui m’amène au second gros point noir de ce Tales of Arise.
Le JRPG artificiel.
Si vous aimez les JRPG que vous pouvez « casser », avoir la possibilité de faire du levelling, ou faire des équipements rare à base de loot tout aussi rare vous allez être déçu.
Tales of Arise a été pensé de façon à ce que selon votre avancé dans le scénario, le level de vos personnages soit plafonnés. Comment ça ? Le jeu repose sur une logique mathématique très marquée qui marche par tranche de 7 levels. Lorsque vous arriverez devant le premier seigneur vous serez environ level 7. 2éme seigneur level 14. 3eme seigneur level 21 etc… Au delà de ces paliers, le jeu réduit drastiquement l’xp engrangé lors des combats à tel point que vouloir le dépasser demanderait des heures insensées à affronter les 3 mêmes ennemis.
Car oui tant que nous y sommes parlons du bestiaire. Tales of Arise peut aussi se targuer d’avoir le bestiaire le plus pauvre qu’il m’ait été donné de voir dans un RPG. J’espère que vous aimez les loups, les sangliers et les abeilles ? Car vous allez en décimer de toutes les couleurs. Dans les régions désertiques ils sont orange/rouge, dans les régions enneigées ils sont bleu etc… Si l’on met de coté les quelques ennemis uniques, il doit exister une 15éne d’archétypes de monstres tout au plus.
Pour revenir au système d’xp plafonné, la question que l’on pourrait se poser c’est : pourquoi avoir construit le jeu de cette manière ? Est-ce pour conserver une certaine difficulté tout du long et que chaque affrontement contre un seigneur soit une véritable bataille ? Taxez moi d’être un vieux pisse froid qui vois le mal partout mais quand on vous propose une tétrachiée de DLC pour acheter de l’xp et de l’or… J’ai du mal à y voir un souhait de conserver une expérience intacte plutôt que l’envie de ramasser encore un peu de pognon à coté. (Banco Bandaï).
Alors soyons clair, le jeu est tout à fait faisable sans en arriver la si on se penche sur l’annexe, qu’on fait tous les combats que l’on croise, qu’on affronte les zeugles uniques pour augmenter son total de PS (point de soin) et que l’on a déjà fait quelques JRPG. Mais sur la fin j’ai clairement senti que le jeu avait été fait de sorte à inciter les moins patient, les moins organisé ou les gens n’ayant juste pas envie de farmer le dernier donjon pour affronter le boss de fin à passer à la caisse. Car oui vous serez également plafonné jusqu’au boss de fin (vous serez obligatoirement au level 50-55 à ce moment). Le jeu ne s’ouvrira que dans le post game pour continuer de grinder au dela si l’envie vous en dit via un ultime donjon (qui a envie de ça une fois le jeu fini et le boss de fin terrassé ?).
Ce socle de verre en termes de levelling m’a donné la sensation d’un JRPG tres artificiel, un jeu dont nous aurons tous la même partie sans possibilités de personnaliser réellement notre expérience.
Un beau couloir reste un couloir.
Enfin, la saga est connu pour ses environnements « couloirs » complètement cloisonnés qui gâche la sensation d’exploration par son manque de possibilités. Dans Arise rien n’a vraiment changé, les couloirs ont juste été élargis mais les lieux à explorer se cantonne à des routes un peu plus large avec 2 embranchements au bout duquel l’on trouve un coffre. Ces coffres recèlent notamment des pièces d’armures. Car dans le jeu seul les armes sont à créer chez le forgeron. La encore c’est assez superficiel puisque tous les loots nécessaires afin de créer les armes s’obtiennent extrêmement facilement, la faute à ce bestiaire tres pauvre. Chaque zone comptera tout au plus 3 ou 4 monstres différents, difficile donc de louper un butin quelconque nécessaire pour forger une arme. Vous aurez donc toujours en grande quantité de tous les ingrédients nécessaires. La encore plutôt dommage quand on aime trouver ou forger quelques trésors un peu plus rare que ce que nous propose les marchands.
Des maps toujours cloisonnés donc mais qui sont servis par une DA réussis et peuvent donc donner une sensation de « mieux qu’avant » mais la encore c’est en réalité artificiel.
Dernier point sur la bande son. La communication a également mis l’accent sur l’aspect orchestral de celle-ci. Si cela donne bien de la puissance aux morceaux je regrette qu’ils soient cependant peu marquants mélodiquement parlant. Sakuraba livre une bande son assez scolaire, qui fait le job mais dont on ne retient pas grand-chose. Dommage. (Mais c’est subjectif).
CONCLUSION
Une première partie qui vaut 8, une deuxième qui vaut 6.
Un bon en avant technique mais un monde cloisonné.
Un système de combat jouissif mais une progression balisée.
Une équipe attachante pour un scénario convenu.
Décidemment ce Tales of Arise souffle le chaud comme l’épée ardente d’Alphen et le froid comme le caractère de son héroïne Shionne. Il y a pourtant un truc qui fonctionne dans cet épisode, il a de la personnalité et il est bien difficile de ne pas s’attacher à sa bande de personnages. Le jeu est beau et ergonomique. Il se traverse sans déplaisir dans sa majorité. Mais c’est aussi un RPG assez minimaliste finalement, peu touffu en termes de bestiaire, de personnalisation de jeu, d’à coté pertinents. La forme a été travaillée pour attirer plus de joueurs mais le fond semble artificiel. C’est un jeu mannequin qui parade mais qui se prend les pieds dans le tapis dans son dernier tiers et repart en boitant.
Est-ce un mauvais jeu pour autant ? Même si cette critique peut donner l’impression de s’appesantir sur ce qui ne va pas (expliquer ce qui ne va pas demande plus de lettre que de dire ce qui va) je vous répondrai : Absolument pas, je le recommanderai sans problème mais ayez en tête que ce n’est pas une révolution dans le monde du JRPG, juste une évolution dans la saga Tales Of.