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The Cave mêle judicieusement puzzle et exploration en intégrant aux énigmes des phases de plates-formes rudimentaires. Il jouit aussi d'une structure plus simple que ses aînés. Le dernier-né de Ron Gilbert exige toujours de ramasser des objets et de leur trouver une utilité pour progresser dans les niveaux mais, en réduisant leur nombre, il force le joueur à se concentrer sur l'essentiel et à utiliser les capacités uniques des trois personnages qu'il a sélectionnés.
Prosaïques et souvent laborieux, les puzzles ne resteront hélas pas dans les annales. Si quelques belles trouvailles viennent - trop rarement - rompre la monotonie et pimenter la progression du joueur, The Cave souffre à cet égard d'un surprenant manque d'imagination.
Le jeu est heureusement sauvé des eaux par la qualité de son écriture. Incisive et pince-sans-rire, la grotte narre avec humour et désinvolture les péripéties absurdes des personnages. Et les quelques autochtones hilarants croisés lors de l'aventure achèvent de donner à The Cave une personnalité irrésistible.
Les saillies les plus subtiles seront toutefois réservées aux anglophones. Malgré l'effort louable des traducteurs, une grande partie de l'humour d'origine disparaît inévitablement dans les sous-titres.
Nul besoin cependant de maîtriser les finesses de la langue de Shakespeare pour apprécier la richesse des décors. Variés et détaillés, les nombreux tableaux fourmillent de secrets inutiles et de clins d'œil amusants.
Au final, on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine frustration devant The Cave. L'indéniable talent d'écriture et la créativité débridée de Ron Gilbert sont intacts mais le système de jeu, un peu fade, ne parvient pas à les exploiter à leur pleine valeur. Reste le plaisir sincère de renouer avec un genre injustement tombé dans l'oubli.