2 Flics à Mikami

Apres un premier épisode à l'univers très singulier s'apparentant à un excellent grand huit de l'horreur, c'est 3 ans plus tard que nous retrouvons Sebastian Castellanos. Alors que le premier épisode avait été concocté par Shinji Mikami, papa de Resident Evil premier du nom entre autre, ce second opus est lui chapeauté par John Johanas. Ce dernier s'est surtout illustré sur les contenus additionnels de The Evil Within : The Assignement et The Consequence, 2 contenus d'excellentes factures d'ailleurs. Que vaut ce second opus ?

RESUME BREF DU 1 AVEC SPOIL :

JACK DANIELS CASTELLANOS

Sebastian est trop Dark. Genre flic de thriller américain vous voyez ? Le genre ou chaque plan doit contenir une bouteille de whisky quelque part pour souligner que le protagoniste en est réduit à ça pour pouvoir supporter sa difficile vie. C'est donc en respectant les codes que l'on retrouve notre bon vieux policier au bar. Clac, clac, clac... Des bruits de pas... Plan cinématographique sur les talons... Une femme s'assoit face à Sebastian, et c'est Julie Kidman, collègue de mésaventure du premier opus. Elle ne tardera pas à lui donner une révélation fracassante pour repartir à l'aventure : Votre fille n'est pas morte et elle est enfermé dans une autre version du STEM (machine à connecter les consciences ayant entraîné les événements du 1).

MADRE DE DIOS ! #BobLennon

Il n'en faut pas plus à notre alcoolique non-anonyme pour repartir dans la machine à horreur. Je ne m'étendrai pas plus sur le scénario qui, en plus d'être un prétexte pour rempiler, ne brille vraiment pas pour son originalité, ni ses dialogues, ni ses personnages. Ça c'est fait.
Le jeu est passé des mains expertes de Mikami à celle de Johannas (soit disant sous la supervision de Mikami... La communication... Tout un art pour ne pas faire fuir les puristes). Et clairement ça se sent. La terreur à la japonaise a été remplacée par celle à l'Américaine. Explications :

Dans le premier opus, Sebastian était un personnage peu bavard, et bien que cela lui conférait un air anesthésié en dépit des événements atroce qui se déroulaient devant ses yeux, je regrette sincèrement qu'ici on ait tenté de développer sa personnalité. On se retrouve avec un personnage qui sort des vannes (mauvaises) dans des situations auxquels cela ne se prête pas. Le coté John McClane ça marchait à la perfection avec Bruce Willis dans Die Hard. Ça marche même super bien avec Nathan Drake dans Uncharted. Mais la.... On est quasiment gêné pour le pauvre Sebastian. Un exemple pour vous montrer le comble de la nanardise ?
"Tu as oublié le cran de sûreté sur ton flingue Billy ahaha" ?
Et oui... ils ont osé... Mais ce n'est qu'un exemple, il y a aussi des gunfights au ralentis matrixien débiles et j'en passe.
La ou le premier été déstabilisant avec ses changements de décors inattendus jouant avec notre sens de l'orientation, ses illusions, et son coté claustrophobe, le second devient "seulement" un bon jeu de tir à la 3éme personne sauce horreur sans folie, aucune.

UNE MIKAMIQUE BIEN HUILEE

Mais tout n'est pas si noir dans TEW2, ne fuyez pas. Au contraire il y a aussi de bonnes surprises et un véritable travail à certains niveaux. Et la ou c'est le plus flagrant, c'est au niveau du Gameplay. Beaucoup moins rigide que le premier ne l'était, ici le héros répond bien aux commandes et l'impression de flottement que l'on pouvait ressentir alors, s'en est allée. On conserve l'esprit mais on le dépoussière. Et vous pourrez toujours compter sur un arsenal conséquent pour envoyer Ad Patres toute les créatures qui vous barreront la route. Les habitués retrouveront donc la célèbre arbalète et ses carreaux craftable via des ressources que vous trouverez ci et la et hop ! On se prend pour Darryl de The Walking Dead. Quoi vous n'êtes pas fan de Darryl ? Pas grave les classiques sont aussi de la partie, pistolet, fusil à pompes, fusil à lunettes....

Autre bonne nouvelle : l'ouverture du jeu. Vous pourrez vous balader durant certains chapitres dans de vastes zones à visiter et fouiller intégralement. Ces chapitres sont de loin les plus intéressants que vous aurez à parcourir et cela pourra vous prendre énormément de temps si vous souhaitez vraiment tout voir. Il y aura même des événements totalement optionnels qui se déclencheront et en surprendront plus d'un.

Manette en main, le jeu est quand même un cran au dessus et il en découle forcément un plaisir de jeu plus grand.

Pour les non initiés, le jeu propose une amélioration du personnage via "le gel vert" que l'on ramasse sur les cadavres purulents laissés dans notre sillage. On peut ainsi augmenter l'endurance, la barre de vie, ou encore obtenir des capacités furtives pour des mises à morts au couteau et dans le silence... A vous de choisir votre approche !
Il est aussi possible d'améliorer les armes avec des pièces détachées trouvées au gré de vos voyages d'ou l'intérêt de jouer les curieux dans les vastes zones proposées par le jeu.
Vous pourrez compter sur une durée de vie assez conséquente d'une quinzaine/vingtaine d'heure pour voir le bout de l'aventure.

THE AMERICAN WAY OF HORROR TPS

Finalement tout dépendra de ce que vous souhaitez y trouver. Vous avez aimé l'ambiance du 1, sa difficulté bien élevée, son scénario ? Si c'est ces éléments qui vous restent en tête du premier épisode alors le 2 risque de vous décevoir. Il est bien plus convenu, cousu de fil blanc avec de grosses ficelles à l'américaine aussi baveuse que les créatures qui habitent son univers. Si vous recherchez un jeu de tir à la 3éme personne qui ne réinvente pas la roue mais qui se laisse jouer alors il pourra vous plaire tant il coche toutes les cases de la checklist du genre avec un certain talent. Il a su évoluer dans le bon sens en tant que pure objet de jeu vidéo mais il a laissé sur la route la folie qui l'animait et qui en faisait un "jeu d'auteur". La forme contre le fond. J'ai à titre personnel ressenti cette suite comme un jeu de commande, une suite peu inspirée artistiquement.

The Evil Within 2 c'est un peu le cliché de la Bimbo décérébrée, elle attire le regard mais reste creuse à l'intérieur. Et le problème, c'est que ma maman m'a appris que la beauté été le miroir des sots